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pas ce

que c'est

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parle fort au long felon les maximes des Stoïciens.

C

'Eft la coûtume des Poëtes de deman

der à Apollon tout ce qu'il y a de voix & de force fur le Parnaffe, quand ils preparent le recit pompeux d'une Tragedie, ou la defcription d'une bataille.

Mais pourquoy fairiés-vous la mefme chofe. Les matieres, que vous traités, demandent-elles que vous ouvriés la bouche fi grande? Que ceux, qui entreprennent quelque chofe de grand, qui veulent reprefenter fes fureurs de la vengeance, & les funeftes repas de Thyefte, & de Procné, aillent fur le Parnaffe chercher tout ce grand amas de paroles enflées, qui fe diffipent en l'air, comme la fumée.

Quel fujer avés-vous d'enfer voftre manie re d'écrire, & d'eftre comme un de ces foufAeurs qui fe mettent hors d'haleine dans une forge, pour › pour ne faire fortir que du vent?

Vous n'eftes point de ces Poëtes, qui ont toûjours je ne fçay quelles fotifes à marmoter, qui difent des extravagances avec gravité, & qui révant jufques dans les Places publiques, ne prennent pas garde que tout le monde fe moque d'eux.

Pour prononcer vos Vers il n'eft point ne

habeas, dum vir, cujus lene, ac crga bonos propenfum ingenium nosti, illudit indocx plebi, quæ ne capit quidem, qui fint verè liberi. Porro Stoicorum more de libertate differit.

VAtibus hic mos eft, centum fibi poscere vo

ces,

Centum ora, & linguas optare in carmina cen

tum:

Fabula feu moefto ponatur hianda Tragado,

Vulnera feu Parthi ducentis ab inguine fer

rum.

Quorfum hac aut quantas robusti carminis offas

Ingeris, ut par fit centeno gutture niti?

Grande locuturi nebulas Helicone legunto,
Si quibus aut Prognes, aut fi quibus olla Thie
Sta

Fervebit, fæpe infulfo cœnanda Gliconi.

Tu neque anhelanti, coquitur dum massa ca

mino,

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Nefcio quid tecum grave cornicaris inepte,

Nec fcloppo tumidas intendis rumpere buccas.

Verba toga fequeris,jun&tura callidus acri,

Ore teres modico, pallentes radere mores
Doctus & ingenuo culpam defigere ludo.

Hinc trabe que dicas: menfafque relinque My

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Non equidem hoc ftudeo bullatis ut mihi nugis
Pagina turgefcat, dare pondus idonea fumo.
Secreti loquimur. tibi nunc hortante Camana

Excutienda damus pracordia: quantaque noftra

Pars tua fit Cornute anima, tibi dulcis amice,

Oftendiffe juvat. pulsa, dignofcere cautus».
Quid folidum crepet, & picta tectoria lingua
His ego centenas aufim depofcere voces,

Ut quantum mihite finuofo in pectore fixi

ceffaire

ceffaire d'enfler voftre bouche, & de les faire fonner avec tant de bruit. Ils approchent du difcours, dont on fe fert communément. Il n'eft point neceffaire d'élever le ton de la voix en les recitant.

Tout voftre foin eft de lier les differents fujets, en reprefentant les meurs des hommes, & en reprenant agreablement leurs deffauts. C'eft de-là que vous prenés tout ce qui doit entrer dans votre Poësie. N'allés donc point chercher à Mycenes ce qui fe paffe. Laiffés aux autres Poëtes le funefte repas que l'on y a fait. Contentés-vous de fçavoir ce qui arrive tous les jours à Rome.

Si vous ne connoiffés un peu, il vous fera ayfé de juger, que je n'affecte pas de remplir mes livres de cette pompeufe enfleure, & que je ne fuis gueres propre à donner du poids à des chofes, qui ne le meritent pas, & qui font plus legeres que la fumée.

Je n'écris maintenant, que pour vous, mon cher Cornutus. Ma Mufe m'infpire de vous découvrir tout mon cœur. J'ay du plaifir à vous faire connoiftre que ie fuis bien plus à Vous, qu'à moy mefme. Eprouvés en la verité. Voyés, fi ce que ie vous dis, n'est pas plus dans le fond de mon ame, qu'il n'eft fur ma langue. C'eft icy que ie voudrois avoir cent voix, pour vous exprimer quelle place vous avés dans mon cœur, & toute la

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dreffe fincere que i'ay pour vous, qu'il m'eft impoffible de vous reprefenter auffi grande, que ie la connois.

Dés le temps que ie quittay la Pourpre, & que i'offris aux Dieux domestiques l'Agraffe d'or que j'avois portée dans mon enfance, lors que je commencé à ne craindre plus la feverité de mes Maiftres, & que la robe blanche me permit de paroiftre librement avec ceux de mon âge, dans ce premier temps, où il eft aifé de le tromper, où il fe presente tant de chemins, dont le choix embarasse, où l'on ne fçait quelle conduite on doit prendre; où la raifon n'eft pas encore affés éclairée : C'eft à vous à qui je m'adreffay Vous eûtes la bonté de me recevoir, & de me donner les excellentes Leçons de Socrate. La Philofophie dont vous me cachiés la feverité, me faifoit connoiftre agreablement mes deffauts. Mon efprit ployoit fous la force de la raison : Je prenois de la peine à me vaincre, & vous me formiés les mœurs comme un ouvriera coûtume de travailler à une Image de cire, qui reçoit tous les traits qu'il luy plaist.

Car il me fouvient que je paffois les jourmées entieres avec vous, & que je ne me reciLois que fort tard, aprés que nous avions continué nos entretiens jufqu'aprés le fcuper. Nous arreftions ensemble les heures de notre travail & de noftre repos, & les honne

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