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Mais faites-vous ce que vous voulés? Le pouvés-vous faire?

Pourquoy-non? Aprés que le Preteur m'a frapé, pour m'affranchir, & qu'il m'a declaré libre: Pourquoy ne pourrois je pas faire tout ce qu'il me plaift, pourveu que je ne face rien contre les Loix,

Vous continués à vous tromper vous-mesme. I eft temps de vous defabufer; mais je vous prie de m'écouter avec patience, & de ne me faire paroiftre aucunes marques de colere, pendant que ie tascheray à ofter de vôtre efprit toutes ces vieilles erreurs. Dites moy donc, appartient-il au Preteur de donner de la fageffe à ceux qui n'en ont point, de preferire exactement ce que l'on doit faire dans les differentes rencontres de la vie, & d'enseigner le bon ufage du temps, qui paffe avec tant de rapidité. Ce n'eft pas fon devoir, non plus que celuy d'un foldat, de toucher des Inftruments de Mufique.

La raifon ne vous dit-elle pas à vous mefme qu'il n'eft pas permis d'entreprendre des chofes, où l'on ne peut pas reüfit. C'est une Loy publique, eftablie par le confentement de tous les hommes, & que la nature leur a apprife de ne fe mefler point de faire une chofe, qui eft au-de-là de leur pouvoir. S vous preparés de l'hellebore; faus en fçavoir le poids, ou la mcfure, toute la medecine s'é

levera contre vous. Si un Laboureur entre

prenoit de conduire un vaiffeau, les Dieux de la mer condamneroient fa temerité.

Mais fi vous allés droit dans le chemin de la vertu, fi vous fçavés difcerner la verité d'avec les apparences, comme on connoift l'or pur d'avec celuy, où il y a a du meflange d'airain: fi vous marqués de croye ce qui eft jufte, & de charbon ce qui eft déraisonnable: fi vous reglés vos defirs, eftant content de voftre fortune: fi vous eftes bon ami, fi vous avés de la conduite dans votre bien, ouvrant vos greniers lorsque le Public en a befoin, ou les fermant dans le temps d'une gran de abondance, fi vous méprifés le defir d'augmenter vos richeffes, ne vous laiffant pas furprendre aux fineffes des enfans, qui attachent dans les rues des pieces d'argent, pour se moquer des avares qui fe baiffent pour les prendre, fi vous n'avés pas une envie infatiable de gaigner, fi vous avés, dis je, toutes ces vertus, quand vous pourrés dire veritablement: je les ay, je vous avoue que vous pourrés vous vanter de jouyr d'une veritable liberté, que tous les Preteurs ne peuvent vous contefter, & dont Jupiter luy-mefme eft le Protecteur.

Mais fi tout cela n'eft point vray; fi vous eftes dans les mefmes defordres que nous, fi vous avés feulement une maniere plus honnefte, ayant toutes les fineffes, & toutes les

Nefcius examen? vetat hoc natura medendi.

Navem fi pofeat fibi peronatus arator

Luciferi rudis, exclamet Melicerta periffe

Frontem de rebus. Tibi rečto vivere talo
Ars dedit; & veri fpeciem dignofcere calles,
Ne qua fubarato mendosum tinniat auro?
Quaque fequenda forent, quaque evitanda vi-
cißim,

Illa prius creta, mox hac carbone notafti?

Etmodicus voti, preffo lare, dulcis amicis?

Iam nunc aftringas, jam nunc granaria laxes :
Inque luto fixum poßis transcendere nummum:
Nec glutto forbere falivam Mercurialem ?

Hac mea funt,teneo, cum vere dixeris; efto
Liberque ac fapiens, Pratoribus ac love dextro.
Sin tu cum fueris noftræ paulo ante farina,
¶ Pelliculam veterem retines, & fronte politus

Aftutam vapido fervas fub pectore vulpem: Qua dederam fupra repeto, funemque reduco. Nil tibi conceßit ratio : digitum exere, peccas.

Et quid tam parvum eft? fed nullo thure litabis, Hareat in ftultis brevis ut Semuncia recti.

Hac miferere nefas: nec cum fis cætera foffor,

Treis tantum ad numeros Satyri moveare Bathylli.

Liberego! unde datum hoc fumis tot fubdite rebus?

An dominum ignoras, nifi quem vindicta rela

xat?

1 puer & ftrigiles Crifpini ad balnea defer;

Si increpuit, ceffas nugator? fervitium acre

Te nihil impellit? nec quicquam extrinfecus in

trat

Quod nervos agitet? fed fi intus, & jecore agro Nafcantur domini, qui tu impunitior exis,

rufes

rufes d'un renard dans le cœur, ie reprens, tout ce que ie vous avois donné, & ie ne dis plus que vous eftes libre,

Il n'y a que la fageffe qui nous donne la liberté. Sans elle, nous ne pouvons pas feulement remuer les doigts, fans pecher. Ya til neanmoins quelque chofe, qui paroiffe plus indifferent? Mais quelque encens que vous offriés aux Dieux, vous n'obtiendrés iamais que le moindre degré de vertu se rencontre dans ceux, qui ne penfent pas à acquerir la fageffe. 11 eft impoffible que la raifon & la folie, la vertu & le vice fe meslent ensemble. Ne croyés pas qu'un Payfan, dont toute la vie fe paffe à fouyr la terre, puiffe faire deux, ou trois pas de dance, comme Bathylle.

Icfuis libre, dite-vous. Ie vous admire de ne voir pas à combien de chofes vous eftes fujet. Vous croyez donc, qu'il n'y a point de maîtres, que l'on doive craindre, excepté ceux, dont la Verge du Preteur nous délivre, qui commandent avec feverité, aufquels il faut porter aux bains de Crifpin des fervietes pour ler froter, qui font toûjours en colere. Ie vous accorde que vous ne vous mettés point en peine du mauvais traitement, que les Ef claves reçoivent quelque fois; Mais fi vous avés au dedans de vous-mefmes des maistres imperieux, croyés-vous eftre plus libre, que

Tome II.

V

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