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& il eut le déplaifir d'en voir fortir 1716. les richeffes immenfes qu'il y avoit amaffces. Le Sieur le Normand eut le même fort, & fut renfermé dans la même prifon, où on ne tarda pas à leur donner beaucoup d'autres Compagnons. Plus de cent perfonnes eurent ordre de fe tenir dans leurs mai-fons, jufqu'à ce qu'elles euffent fubi les interrogatoires neceffaires. Monfieur le Blanc fut examiné deux fois fur l'ufage qu'il avoit fait des Papiers. Enfin on rechercha tant de perfonnes de différens ordres, qu'on crut alors que le tiers du Roiaume pour le moins étoit intéreffé dans cette re-. cherche, qui produifit plusieurs centaines de millions.

Public.

Il n'en falloit pas davantage pour Plaintes du indisposer le Peuple contre un Tribunal auffi rigoureux. Comme on ne ceffoit de faire des recherches, & qu'on faififfoit ou qu'on citoit chaque jour de nouveaux Accufez, on ne favoit jufqu'où les perquifitions s'étendroient. Ceux mêmes qui avoient applaudi à l'érection d'une Chambre de Juftice, commençoient à craindre d'y être appellez à leur tour, & leur innocence ne les raffuEs roit

1716. roit pas. On ne fongeoit plus que la plupart des Prévenus étoient des Concuffionnaires, qui fous prétexte d'enrichir le Roi, avoient appauvri le Roiaume, pour n'enrichir que leurs familles, & qui s'étoient engraiffez des malheurs de la France. On fongeoit feulement qu'ils étoient malheureux, & on commençoit à les plaindre, parce qu'on craignoit de partager leurs malheurs.

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Il n'en auroit pas été de même, fi la recherche des Gens d'Affaires avoit fait autant de bien au Roiaume, qu'elle y excita de mouvemens, & qu'elle caufa de crainte à une infinité de Particuliers. Le Peuple toûjours ennemi de ce qu'on appelle en France Maltôtiers, fouhaite ardemment leur ruine, & il eft ravi qu'on facrifie à fa haine des gens qu'il regarde comme la feule caufe de fes miferes. Ainfi il auroit beni le Régent d'avoir puni ces hommes qui avoient facrifié leur conscience & leur patrie à leur avarice & à leur luxe. Mais il ne tira aucun profit de l'abbaiffement des Financiers, & c'est ce qui donna lieu à fes plaintes. A quoi nous fert le châtiement de ces miférables, difoient bien

des

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des gens? Nous les avons enrichis, 1716. ils étoient contens. Maintenant, on va leur donner des fucceffeurs affamez de notre fubftance, il faudra les enrichir de même, & pour toute confolation, peut-être les verrons nous traiter un jour comme on traite ceux-ci.

des Billets. Roiaux.

Quoiqu'il en foit, une preuve que Réduction ce moien ne fuffifoit pas pour remédier aux maux publics, c'eft que S. A. R. fut obligée de réduire les Billets Roiaux, qui avoient été fixez à deux cens cinquante millions. Ce Prince fit rendre à ce fujet une Déclaration, qui comprenoit trente quatre Articles, par lefquels ces Billets: étoient divifez en plufieurs Claffes.. On fait que lesdits Billets avoient pris plus ou moins, felon les motifs pour lefquels ils avoient été donnez ou acquis, les fonds fur lefquels on les avoit affignez, & le nombre des mains par où ils avoient paffé. C'eft pourquoi les uns ne fouffrirent que la réduction d'un cinquième, les autres d'un quart, les autres d'un tiers, & les derniers furent réduits à la feule valeur d'un cinquieme.

Il arriva alors un incident qui dé- Affaire des

E &

tour

Ducs con

tse le Parlement.

1716. tourna un peu l'attention des Particuliers de deffus les affaires publiques. Voici ce que c'eft. Les Ducs s'étant plaints à S. A. R. de ce que le lendemain de la mort du Roi, le Parlement avoit réfolu fans les appeller, que fi quelque Duc ou Pair du Roiaume refufoit de fe tenir découvert, en opinant, fa voix ne feroit pas comptée. Le vingt fept de Fevrier fuivant le Premier Préfident avoit eu ordre de porter ces plaintes aux Chambres affemblées, lefquelles l'avoient chargé de répondre de bouche, qu'on avoit été obligé de faire ce réglement, pour empêcher que les premieres Séances deftinées aux interêts de l'Etat & de S. A. R. ne fuffent troublées par des disputes particulieres.

On juge bien que cette réponse ne fatisfit pas l'orgueil des Ducs, accoutumez à regarder avec un injufte mépris un Corps, dont les Membres n'ont pas comme eux les honneurs de la Cour & les dignitez de l'Armée. Auffi un jour que S. A. R. entroit chez le Roi, onze Ducs & Pairs fe présentérent à ce Prince. L'Archevêque de Rheims qui étoit

1716.

à leur tête, comme premier Pair de France, porta la parole, & conclut par fupplier le Régent de décider cette affaire. Le Duc d'Orléans auroit bien voulu differer ce jugement, & être moins preffé. Mais ils demandèrent avec tant d'inftance, à être jugez, de quelque maniére que ce fut, qu'il fallut affembler d'abord le Confeil de Régence. Ils en obtinrent un Arrêt qui ftatuoit, en premier lieu que quand il feroit question d'affaires de Droit public, le Parlement feroit obligé d'appeller les Pairs, & d'inférer cet Article dans fes Arrêts, la Cour fuffisamment garnie de Pairs. En fecond lieu, que. quand il s'agiroit d'affaires concernant les Ducs, il ne pourroit ordonner fans les appeller. En troifieme lieu, que ceci auroit un effet retroactif contre la délibération du vingt sept Septembre dernier, par laquelle le Parlement avoit flatué, avant que Monfieur le Régent vint fe faire reconnoître, que fi Meffieurs les Pairs n'otoient leurs chapeaux quand on demanderoit leur avis, le Premier Préfident les pafferoit, ou ne compteroit point leurs voix.

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C'é

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