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1716.

C'étoit là un triomphe complét pour le parti des Ducs & Pairs. Mais il fut auffi court qu'il étoit éclatant. Le vingt-fept Mars, dès qu'ils eurent fait fignifier l'Arrêt de la Régence au Procureur Général & au Greffier en chef du Parlement, le premier de ces Magiftrats en conféra avec Meffieurs les Gens du Roi, & alla trouver le Duc Régent. Il y cut plufieurs allées & venues. On pouffoit cette affaire avec tant de chaleur, que les Deputez du Parlement fortirent la derniere fois du Palais Roial, à deux heures après minuit.

LE lendemain, les Chambres s'affemblèrent de grand matin, & leur avis fut de commencer par demander juftice à S. A. R. En même tems, on charge les Gens du Roi de fe rendre chez ce Prince, pour fe plaindre de l'attentat inouï, qui avoit été commis contre la dignité & l'honneur du Parlement, & pour lui dire que devant fe raffembler à deux heures de relevée, on fouhaitoit avoir avant ce tems-là des affurances d'une réparation proportionnée à l'injure qu'on avoit reçue.

LA vivacité de ces Remontrances,

&

& la force des raifons par lefquelles on les avoit appuiées la veille, frappèrent S. A. R. Il déchira en préfence des Députez l'Arrêt du Confeil de Régence, avec l'original, & la copie de l'Huiffier à la chaîne, & il vouloit même en mettre les morceaux au feu. Mais les Gens du Roi le priè rent de les réferver pour les montrer à Meffieurs du Parlement. Le Parlement fut fatisfait de cette répara tion, & nomma les Préfidens à Mortier, fix Confeillers de la Grande Chambre, & un de chaque Chambre des Enquêtes & des Requêtes, pour remercier S. A. R. de la prompte juftice qu'elle avoit rendue. Ces Députez s'acquitterent de leur commiffion le Lundi fuivant. Le Prince leur répondit qu'il favoit combien il étoit aimé du Parlement; qu'il en avoit reçû des marques éclatantes : que rien ne feroit capable de rompre l'union qui étoit entre lui & ce Corps, & qu'ils agiroienc toûjours de con

cert.

AINSI finit cette affaire, qui fut bientôt fuivie de plufieurs autres, dont je rendrai compte en peu de mots. Quoiqu'on eut répandu beau

coup

1716.

1716. coup d'efpeces dans Paris, elles commençoient pourtant à y devenir rares, parce que certaines perfonnes en faifoient paffer une grande quantité dans les Païs Etrangers. Le Duc Régent mit d'abord des gens en campagne pour arrêter ce Commerce, & on faifit plufieurs Charrettes chargées d'or & d'argent, qui furent confifquées. Elles appartenoient la plûpart à des Billonneurs.

Préparatifs

TOUT fe trouvoit alors réglé à la deguerre. Caiffe des Emprunts, & les Liquidations qui furent faites tant des promeffes que des autres Billets, montoient à deux cent foixante & dix millions, qu'on réfolut de ne rembourfer de long-tems, mais d'en paier les intérêts fans faute de fix en fix mois. S. A. R. fit expédier enfuite des Commiffions pour compléter les Corps de Cavalerie & d'Infanterie, & pour former de nouveaux Régimens de Dragons. On fixa au vingt de Mars la Revue des Troupes qui étoient dans la Province de Strasbourg. Plufieurs Officiers qui étoient fur le point de paffer au service des Princes Etrangers, eurent ordre de revenir, & on leur accorda la haute paie. Les

Gar

Gardes du Corps furent remontez de 1716..
neuf. On continua les levées de
Troupes en Alface. D'un autre côté,
on tint de grands Confeils de Marine,
où les principaux Officiers de Mer
affiftèrent, & Monfieur de Montigni
eut le commandement de l'Escadre de
Toulon, qui devoit agir contre les
Saltins. En même tems, on équippoit
à Breft quelques Vaiffeaux, deftinez
à tranfpórter les jeunes gens & les ou-
vriers, qu'on levoit à Paris pour le
Miffiffipi. On ne pouvoit compren-
dre contre qui ces forces étoient def-
tinées, ni quel nouvel ennemi s'é-
toit élevé tout à coup, pour obliger
S. A. R. à augmenter fes Troupes,
peu de jours après y avoir fait des re-
formes auffi confidérables.

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SUR ces entrefaites, le Préten⚫ dant repaffa en France, après fon expédition malheureufe d'Ecoffe. La deffus le Comte de Stairs préfenta le Memoire fuivant à S. A. R..

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du Comte

LE Comte de Stairs, Mini- Mémoire ftre du Roi de la Grande Breta- de Stairs.. "gne auprès Sa Majefté Très-Chré,, tienne, par ordre exprès du Roi fon Maître, notifie à S. A. R. ,, Monfieur le Duc d'Orleans, Re›› gent

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716. "gent en France, la fuite du Pré,, tendant, & la difperfion des Rebelles en Ecoffe, dont S. M. eft perfuadée que S. A. R. fera bien ai,, fe, à caufe de leur proche paren,, té,& de Pétroite amitié que S. M.. foigneufement cultivée avec S..

"A. R.

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LE Traité d'Utrecht eft fi re,, cent, que le Roi s'étoit perfuadé ,, que S. A. R. le Régent auroit pris , les mesures convenables pour em" pêcher le Prétendant de remettre le "pied en France. Mais, puifque ledit Prétendant a trouvé moien d'y ,, entrer, S. M. s'affure que S. A. R. l'obligera, auffi-tôt qu'elle en ,, aura connoiffance, de fortir du » Roiaume.

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LE Roi de la Grande Bretagne ordonne au Comte de Stairs de faire les plus fortes & les plus vives inftances auprès de S. A. R. pour ne ,, pas permettre que les Perfonnes qui font condamnées par les Loix de leur Païs, & déclarées Rebelles & Traîtres contre leur Roi & leur Patrie, reftent dans le Roiaume de. France, & d'infifter très-fortement » que les Auteurs & les Chefs de la

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dite

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