1716. on fe propofa de remédier au mal que caufoient les Billets de Monnoie. POUR cet effet, il fut ordonné qu'il feroit reçû dans les Hôtels des Monnoies cinq fixiemes en efpeces ou matieres, & un fixieme en Billets de Monnoie, pour être le tout paié comptant en nouvelles efpeces. QUATRE railons principales déterminerent à faire la Refonte generale. LA premiere étoit la facilité de pourvoir, en efpeces nouvelles au paiement comptant de celles qui y feroient portées, les matières venues de la Mer du Sud aiant fourni aux Hôtels des Monnoies les fonds neceffaires. LA feconde, le retour qui fe feroit des efpeces de France qui avoient été portées dans les Pais étrangers. La troifiéme, le benefice qui s'y trouveroit pour le Roi, Er la quatriéme, l'application de ce benefice à l'extinction des Billets de Monnoie. CES differentes difpofitions eurent un fuccès heureux. Elles procurérent des fonds pour le paiement des Armées, mées elles engagérent les Porteurs des Billets de Monnoie à mettre tout en ufage pour fe procurer deux fois autant d'efpeces & de matiéres qu'ils avoient de Billets de Monnoie: enfin la refonte produifit l'extinction de quatre millions de Billets de Monnoie & d'autres Papiers, & rétablit la circulation des espéces. ON pourvût en même tems à faire convertir en nouvelles efpéces dans la Monnoie de Strasbourg, les anciennes efpéces qui avoient été fabriquées en exécution de l'Edit du mois d'octobre 1704, pour avoir cours feulement dans les Provinces d'Alface & de la Saar. On fit auffi quelques Traitez pour le rachat de la Capitation, & quelques autres affaires extraordinaires jufqu'à la concurrence de trente millions. LA plus importante affaire, & celle qui donna plus de peine, fut celle de pourvoir à l'exceffive cherté des Grains, pour en fournir la quantité néceffaire pour la fubfiftance des Armées. ON fit fur toutes les Provinces une Impofition de 557900. facs de Grains, H 2 qui 1716. 1716. qui furent voiturez avec grande peine & beaucoup de rifques dans les depôts neceffaires pour les Armées: le prix en fut depuis trente jufqu'à quarante livres le fac, qui ont été rembourfez en plufieurs années fur les Impofitions des Provinces qui les avoient fournis, & la dépenfe des vivres de cette année a paffé quarante cinq millions. IL falloit auffi donner attention à la Ville de Paris & aux Provinces qui fe reffentoient de la difette des Grains. On fit pour cet effet des marchez avec plufieurs particuliers pour en faire venir des Païs étran gers: il y en eut un pour faire venir de Barbarie & des Inles d'Archipel, dans les Ports de Toulon, Marseille & Cette, cent vingt mille quintaux de Bled froment, pour être enfuite conduits à Paris: on en fit un autre, pour tirer des Bleds du Nord par Dantzig. IL y eut auffi divers Traitez pour faire venir des Bleds des Païs étrangers. On peut dire avec confiance, que ces attentions non feulement empêchérent l'exceffive augmentation du du prix des Grains, mais même qu'el- 1716. les produifirent une diminution du prix auquel les Grains avoient été portez auffi-tôt qu'on fçût que ces Traitez avoient été faits. LE malheureux état où étoit le Roiaume pendant l'année 1709. ne doit pas facilement s'effacer de la mémoire des hommes. Il falloit bien d'autres attentions pour encoura-. ger les Sujets, & pour pourvoir à la fubfiftance de Paris. Le Roi fufpendit les exemtions des Tailles, accordées aux Officiers créez depuis le premier Janvier 1689, dont la Finance étoit au deffous de dix mille livres. S. M. par Arrêt du mois d'Octobre 1709, accorda à fes Peuples fur le Brevet de la Taille de 1710, une di-: minution de 6000000, & peu de tems après, en fixant les Impofitions de chaque Generalité, Elle accorda encore une autre diminution de près de 2000000. LE Roi diminua pareillement les droits d'entrée fur les Boeufs & Moutons, & fur le Vin. Les Ordonnances expediées pour les Depen H 3 fes |