voient être regies par trente Fermiers 1717. Generaux, au lieu de quarante qu'ils étoient auparavant. LE trente Avril, le Parlement ren dit un arrêt, qui défendoit à toutes fortes de perfonnes de jouer ni de donner à jouer aux Jeux de hazard, soit dans les Maifons, ou dans les Boutitiques, pas même durant les Foires. LE cinq Mai, la Cour des Monnoies enregistra un Edit prorogeant jufqu'au premier Juillet fuivant la diminution des Ecus à réformer, & celle des matieres d'or & d'argent, ordonnée par un Edit du mois de Mai de l'année precedente. LE douze fuivant, le Parlement enregiftra des Lettres Patentes du Roi, portant reglement pour le Commerce des Colonies Françoifes de l'Amerique. A peu près dans ce tems-là, le Prince de Conti étoit convenu avec le Prince de Dombes de quitter la Cour, pour aller faire la Campagne contre les Turcs en Hongrie, fous le Prince Eugene. Mais le premier aiant été admis au Confeil de Régence, & declaré Gouverneur du Haut & Bas Poitou par la démif0 3 fion 1717. fion volontaire du Marquis de la Vieuville, le Prince de Dombes partit fans lui, & fit la campagne fous le nom de Marquis de Trevoux. Le Comte de Charolois fe déroba auffi de la Cour peu de jours après, & pour le meme deffein Arrivée & féjour du LE fept Mai fut remarquable par Czar à Fa- l'arrivée à Paris du Czar Pierre le Grand. Ce Prince fe rendit d'abord au Louvre, d'où il fut conduit à l'Hôtel de Lefdiguieres, qu'on avoit meublé magnifiquement. Il devoit y être fervi à quatorze couverts par les Of ficiers du Roi, & la dépenfe de fa Table montoit à quatre mille livres par jour. Un détachement de cinquante Gardes Françoifes & Suiffes gardoit la porte, & un Exempt à la tête de huit Gardes du Corps avoit ordre de l'accompagner quand il fortiroit. LE lendemain de fon arrivée, il reçut la vifite de S. A. R. & deux jours après, celle du Roi même, ac compagné du Maréchal de Villeroi & de fes principaux Officiers, & fuivi de cinquante Gardes du Corps, leurs Trompettes & Timbales à la tête. Le Czar étant venu prendre, S. M le Duc d'Orléans. 319 à la décente du Caroffe, il la mena dans fon appartement, & la reconduifit au même endroit où il l'avoit reque. LE jour fuivant, il alla lui-même au Palais des Tuilleries, dans les Caroffes que le Roi lui avoit envoiez. Les Gardes Françoifes & Suiffes l'attendoient, les Tambours battans aux champs, & les Gardes de la porte étoient à leur pofte ordinaire. Le Roi s'avança au devant du Czar jufqu'au Caroffe, & lui rendit les mêmes honneurs, qu'il en avoit reçus la veille. LE même jour, le Prevôt des Marchands & les Echevins en habits de céremonie allèrent faluer le Czar, & lui portèrent les préfens ordinaires de la Ville, conduits par le Marquis de Dreux Grand Maitre des Ceremonies. CES ceremonies n'avoient pas em pêché le Czar de vifiter divers endroits de Paris. Les vifites qu'il rendit dans la fuite à S. A. R. & aux autres Princes, n'empêcherent pas non plus qu'il ne paffât chaque jour un tems confidérable à examiner tout ce qui meritoit fa curiofité, & qui pouvoit lui Ο 4 1717 dc.. 1717. 11 va voir les Curio Paris. devenir utile. Academies, Manufactures, Laboratoires de Savans, Exerci ces militaires, Ceremonies Ecclefiaftiques, Palais, Jardins, il vouloit tout voir, & on fe fit un plaifir de lui mon trer tout. IL alla plufieurs fois à l'Obfervafitez de toire, & s'y fit admirer par fes connoiffances de Monfieur Caffini même. On le conduifit à la Monnoie des Medailles, où le Directeur, fit frapper en fa préfence une medaille d'or, qu'il lui présenta en même tems. Elle reprefentoit ce Prince, avec cette Legende, Petrus Alexiewiets Czar Mag. Ruff. Imp. Sur le revers paroiffoit une Renommée, avec ces mots, vires acquirit eundo, & on lifoit dans l'Exergue, Lutet. Paris. M. D. CC. XVII. On diftribua de pareilles medailles d'argent à fa fuite. De là on le conduifit dans le Cabinet des Medailles, & enfuite dans l'Orfevrerie du Roi, où on lui fit voir une infinité de magnifiques ouvrages, qu'il confidera avec une admiration qui marquoit la fineffe de fon gour. Il eut auffi la curiofité de voir travailler le fameux Monfieur de Woolhoufe à abbattre une cataracte qu'un Invalide avoit fur l'œil, & le fuccès de cette difficile a- 1717. pération lui fit tant de plaifir qu'il promit un Eleve à cet habile homme ainfi que le Grand Duc de Toscane & le Roi de Sicile avoient fait auparavant. Il ne fut pas moins fatisfait des machines & des experiences que l'Academie des Sciences lui fit voir. I voulut bien y prendre féance, & il permit à la Compagnie de s'affeoir pour confiderer l'ordre de l'Academie & le rang des Academiciens. Il fit le même honneur à l'Academie des Belles Lettres, & il y admira les Médailles des Rois de France & l'Hif toire de Louis XIV. MAIS ce n'étoit pas encore affez pour ce Prince que ce qu'il voioit dans les Academies & au Louvre. Les' Particuliers n'avoient rien de beau qui échappât à fon envie de s'inftruire. Il alloit lui même chez eux, & examinoit tout avec une attention & un difcernement, qui le faifoit admirer de ceux-mêmes dont il admiroit l'ha bileté. D'autres fois, il mandoit quelques Savans chez lui, & il leur communiquoit fes lumieres, en même tems qu'il profitoit des leurs. C'est infi qu'il en agit entre autres avec 2 2 4 Mon |