res fe vendre à un prix, qui étonna bien du monde. Je ne dis rien de la premiere, qui étoit celle de Secretai re des Guerres, dont Monfieur d'Armenonville paia le titre fans fonction cinq cens mille livres à Monfieur le Chancelier Voilin. Je parle de la feconde, favoir celle de Secretaire de Ordre du Saint Efprit. Monfieur de Montargis, Garde du Thréfor Roial, donna pour un Brevet de retenue fur cette derniere au Préfident de Maisons la fomme de quatre cent cinquante mille livres, fans compter cinquante mille écus au Duc de la Feuillade, & il crut n'avoir pas acheté trop à ce prix le privilege de porter le Cordon bleu. C'eft ainfi que la vanité des Sujets eft un fonds inépuifable pour les Princes qui veulent en profiter.

1716.

Conftitu

DE's le commencement de l'an- silence im. née il étoit arrivé une autre chofe pofé fur la qui avoit fait encore plus de bruit tion. dans les converfations particulieres, & qui en récompense avoit appaisé pour un tems celui que les Difputes fur la Conftitution Unigenitus faifoient dans la Sorbonne. C'etoit le billet par lequel S. A. R. ordonnoit à Monfieur Ra

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1716. Ravechet, Syndic de cette Maifon, d'imposer filence aux Docteurs fur cette affaire. Cet ordre les fit taire. Mais d'un autre côté, les Prélats non acceptans en furent allarmez, & ils craignirent que le Duc Régent ne voulut les inquiéter au fujet de la Conftitution. Ce Prince pour les raí furer, envoia le Maréchal d'Uxelles & le Procureur Général à quelquesuns d'entre eux, qui étoient aflemblez chez l'Evêque de Tours, & les fit prier de lui donner des Mémoires touchant leurs difficultez fur la Bulle, qu'il promettoit de faire rendre au Pape. Leur réponfe fut, que leurs déductions & remarques fur cette ma¬ tiere étoient bien avancées, & qu'ils auroient l'honneur de les remettre en tre les mains de S. A. R. à la fin de Mars fuivant.

Plaintes du Comte de

Stairs aut fujet du

Préten dant..

UNE affaire étoit à peine, finie qu'il en furvenoit une autre, non moins embarrassante. Plufieurs Offi ciers Anglois & Irlandois avoient paß fé par la France, pour joindre le Chevalier de Saint George, qui étoit arrivé en Ecoffe. On avoit embarqué à Saint Malo des armes & des munisions de guerre pour le fervice du

Pré

Prétendant. On favoit que des Trou. 1716. pes Françoifes étoient paffées, avec lui. de l'autre côté de la mer. Enfin, il étoit vifible que le Duc Régent connivoit à l'entreprife, puifqu'il feignoit toûjours d'ignorer des mouvemens, dont il n'y avoit perfonne en Europe qui ne fut bien informé, & dont le Comte de Stairs lui avoit fait des plaintes fréquentes. Cette conduite obligea ce Miniftre de lui prétenter le Mémoire fuivant.

du Comte

LE fouffigné Comte de Stairs, Memoire Miniftre du Roi de la Grande Bre- de Stairs. " tagne auprès de fa Majefté Très

Chrêtienne, représente à Son Alteffe ,, Roiale Monfeigneur le Duc d'Or, "leans, Régent en France, Que ,, quoi que S. A. Roiale ait fouvent affuré ledit Comte qu'elle obferve roit fidélement & ponctuellement le Traité de Paix avec la Grande Bretagne fait à Utrecht, qu'Elle ,, ne permettroit pas qu'il fortit d'au,, cun Port de France, des Armes, Munitions de Guerre, Officiers ou "Soldats, pour le fervice du Pré" tendant, & que Son Alteffe Roiale même avoit donné pour cet effet D 4

desi

1716.,,. des ordres très exprès dans tous les Havres du Roiaume, il eft pourtant vrai que l'on transporte tous les jours hors des Ports de France des chofes pareilles, fans que les Officiers qui y commandent s'y ,, opposent le moins du monde.

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"

LE ci-devant Duc d'Ormond & le Prétendant ont été diverfes fois à Saint Malo à bord des Vaiffeaux ,, que l'on favoit y avoir chargé des Armes & des Munitions de Guerre ,, pour le service du Prétendant, & ,, cela avec fi peu de circonfpection, ,, qu'ils ont eu auprès d'eux une Compagnie de Cavaliers & leurs Officiers, du Régiment de Nu» gent, tous ceux-ci aiant leurs habits ordinaires de Régiment, mes & montures, fans que les Of ficiers commandans à Saint Malo ,, pour le Roi Très-Chrêtien y aient mis aucun empêchement.

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"

"

ar

LE Prétendant ne trouvant ,, point à propos de fe hazarder pour ,, lors, se défifta de ce voiage, & tira vers la Normandie, pour aller ,, s'embarquer à Dunkerque, & le ci-devant Duc d'Ormond ne trouvant point à propos de mettre pied છે

"

"

à terre en Angleterre, revint à 1716.

Morlais.

PENDANT fon abfence, Son Alteffe Roiale fit l'honneur au Comte de Stairs de lui dire qu'il ,, puniroit comme Deserteurs les fufdits Cavaliers du Régiment de ,, Nugent, s'ils revenoient en Fran& Monfieur le Maréchal d'Huxelles affura le fufdit Comte ,, que certainement il les feroit pen

ce,

dre.

ILs font revenus & fe font ran,, gez à leur Régiment. Monfieur Befach & fa Compagnie font encore effectivement à Morlais, comme auffi les armes & munitions de », guerre, que le ci-devant Duc d'Ormond avoit avec lui pour cette ,, Expédition, où aiant été tranfportées du Vaiffeau dans lequel elles étoient premiérement dans un au,, tre, l'Officier commandant audit lieu étoit fi éloigné de confifquer ces armes & ces munitions, qu'il a même refufé de faire vifiter ce Vaiffeau, quoi qu'il en fut prié par Monfieur Campbel Capitaine d'un Navire Anglois qui eft prefentement dans le Havre de Morlais.

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