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gir de la forte. Pour moi, fans arrê ter d'avantage fon attention fur un objet qui la merite auffi peu que ce qui me regarde, je vais rendre compte de ce qui regarde les Memoi

res mêmes.

LES Minoritez ont presque toûjours été des tems de conteftations entre la Regence & les Parlemens, de furcharge des Peuples, de diffipation des Finances, d'entretien de Milices fuperflues, de Troubles domestiques, de Guerres étrangeres, de ruine pour, l'Agriculture & pour le Commerce. Alors les Particuliers cherchent à s'élever par les moiens qui les ruineroient fous le regne d'un Souverain Majeur, c'est à dire en fe faifant craindre du Miniftie, & en marchandant avec lui pour les fervices qu'ils lui doivent. Les Corps s'animent les uns les autres. a redemander les droits & les privileges qu'on leur avoit enlevez, & profitent fouvent de la confufion pour s'en faire attribuer de nouveaux. Les Grands cabalent, les Petits s'intriguent avec eux, chacun ne parle que du bien public, & perfonne n'a en vue quel fes intérêts particuliers. Le Par lement même avec des intentions droi

tes

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tes & pures eft fouvent le prétexte des
divifions qu'il voudroit appailer. En-
fin le Regent eft obligé, ou d'acheter
d'une partie de fon autorité la confer-
vation du refte, ou de recourir à dés
moiens violens, que la néceffité auro-
rife, & qui n'en paroiffent pas moins
odieux. D'un autre côté, avec une
nouvelle Regence, on voit commen-
cer une administration nouvelle. Au-
tres Miniftres, plans différens, vuês-
oppofées à celles du Regne precedent,
'autres liaisons au dehors. Ceux qui
one occupé les premiers rangs chaffez
& oubliez. Ceux auxquels on ne fon-
geoit pas alors, tirez de l'obfcurité,
& élevez fur les ruines de leurs Pré-
deceffeurs. On peut dire en un mot
que l'inconftance des chofes humaines
ne paroît nulle part autant que dans
une Régence

ADE là vient qu'on lit toûjours a-
vec plaifir les hiftoires de ces tems a
gitez & tumultueux. C'est ce qui
me fait efpérer un accueil favorable
pour les Memoires que je publie. Du
moins on y verra une fcene auffi variée
que dans aucun autre livre qui roule
fur un femblable sujet, da

.

LES premiers feize mois de la Ré 1715. * 3 gence

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1716, gence offrent l'image d'un Gouvernement fage, équitable & pacifique. Le droit d'Examen & de Remontrances fut rendu au Parlement. On parla de le rétablir dans fa premiere fplendeur, en réduisant la quantité prodigieufe de fes Membres à un nombre, qui fut fuffifant pour examiner les affaires de fon reffort, & pour les expédier promptement. Lui même ne fe manqua pas. 11 fut reprimer les entreprises orgueilleufes de ceux qui le méprifoient mal à propos, & qui prétendoient le forcer à lui rendre des honneurs auxquels ils n'avoient pas droit. Le Duc Regent établit divers Confeils pour les matieres différentes du Gouvernement. Il fupprima je ne fais combien d'impôts fuperflus & de charges onéreufes au Peuple. Il donna fes foins à établir un Revenu de la Couronne, que les Peuples puffent paier volontiers, & qui entrât en fon entier dans Thréfor Roial. Je parle de la Taille proportionnelle. Les Troupes furent réduites à un nombre proportionné aux befoins. Loin de former de ces projets de Guerres, dont les Ré

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gen

gences des Minoritez précedentes a voient fait un principe capital de Politique, pour occuper les Sujets inquiets, S. A. R. conclut une Alliance avec la Grande Bretagne & les Provinces-Unies, & ainfi furent diffipez les foupçons, que les Anglois avoient conçus peut-être avec juftice contre la France au fujet du Prétendant. Le repeuplement des Provinces, la culture des Terres, & le rétabliЛlement du Commerce furent encore une de fes principales attentions. Plufieurs Financiers profitant de la néceffité où Louis XIV. avoit été de recourir à leur pernicieufe adreffe, s'étoient engraiffez des miferes du Peuple, & avoient ruiné la Nation fans enrichir le Souverain. Une Chambre de Justice vangea ceux que ces Malheureux avoient oppri mez, reftitua au Roi les fruits immenfes de leurs crimes, & acquitta en partie les dettes prodigieufes que le feu Roi avoit laiffées.

IL eft vrai que les difputes excitées par la fameufe Conft.tution Unigenitus ne furent pas terminées avec autant de bonheur. Un Pape aheurté à défendre fon ouvrage, une So

ciété

1717.

ciété puiffante & habile, des Prélats
remplis des principes de cette Socié-
té, des interêts temporels du côté
des Eccléfiaftiques, la complaifance
à laquelle on s'eft accoutumé depuis
long-tems envers le Saint Siége, inil-
le chofes enfin contribuerent à rendre
inutile tout ce qu'on fit pour terminer
cette querelle. Cependant on ne laif-
fa pas de voir des changemens confi-
dérables & avantageux par rapport
à
cette affaire. Ceux qui fous le pré-
texte vrai ou faux de Janfenifme a-
voient été difgraciez, exilez, ou mis
dans les Prifons, furent rappellez &
rétablis. On ne leur fit plus un cri
me de leur zele pour les Libertez
Gallicanes & pour la faine Morale.
Les Jefuites furent humiliez & ré-
duits dans les bornes où ils auroient
dû fe reduire d'eux mêmes. Divers
Prélats leur défendirent de prêcher
& de confeffer. Plufieurs Commu-
nautez prirent ce tems pour repéter
les ufurpations que ces Peres avoient
faites für elles.

CES commencemens donnoient 1718. lieu d'efperer une paix tranquille & durable, foit dans l'Etat, foit dans l'Eglife, & il ne tint pas à S. A. R.

que

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