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cle. La lune emploie douze heures vingt-quatre minutes à passer de la partie supérieure de notre méridien à la partie inférieure, et vingt-quatre heures quarante huit minutes à revenir à la partie supérieure de notre méridien. Il y a pareillement douze heures vingt-quatre minutes entre la marée qui arrive le matin sur nos côtes, et celley arrive le soir; et vingt-quatre heures quàr huit minutes entre la marée qui arrive sur no vages un matin, et celle qui y arrive le lendemain au matin. On a encore observé d'autres proportions de ce genre qui étonnent quand on les considère de près.

Il n'y a rien certainement dans la nature de plus merveilleux que ce mouvement général et régulier de toutes les eaux du monde, plus sensible dans l'océan, mais qui n'est pas absolument inconnu à la méditerranée, surtout dans ses golfes. Est-il possible de ne pas reconnoître le doigt de Dieu dans les bornes qu'il a marquées à la mer, et dans cet ordre qu'il semble avoir écrit sur le sable: «< il t'est permis de venir jusqu'ici, << mais il t'est défendu de passer outre »? Usque huc venies, et non procedes amplius, et hic confringes tumentes fluctus tuos. [ Job. XXXVIII. II. ]

Peut-on raisonnablement laisser ignorer aux jeunes gens de telles merveilles, et ne point les instruire des autres matières qui se traitenten Physique, et qui occupent pour l'ordinaire une bonne partie de la seconde année de la Philosophie? Quand on en a négligé l'étude dans ces temps il est rare qu'on y revienne dans la suite. Au lieu de les négliger alors, il faudroit y préparer de loin les jeunes gens en les leur montrant presque

dès l'enfance, mais de la manière qui convient à cet âge. C'est de quoi il me reste à parler dans l'article suivant.

PHYSIQUE DES ENFANS.

J'appelle ainsi une étude de la nature qui ne demande presque que des yeux, et qui, par cette raison, est à la portée de toutes sortes de personnes, et même des enfans. Elle consiste à se rendre attentif aux objets que la nature nous présente, à les considérer avec soin, à en admirer les différentes beautés, mais sans en approfondir les causes secrètes, ce qui est du ressort de la Physique des savans.

Je dis que les enfans même en sont capables. Car ils ont des yeux, et ils ne manquent pas de curiosité. Ils veulent savoir, ils interrogent. Il ne faut que réveiller et entretenir en eux le désir d'apprendre, et de connoître, qui est naturel à tous les hommes. Cette étude d'ailleurs, si l'on doit l'appeler ainsi, loin d'être pénible et ennuyeuse, n'offre que du plaisir et de l'agrément : elle peut tenir lieu de récréation, et ne doit ordinairement se faire qu'en jouant. Il est inconcevable combien les enfans pourroient apprendre de choses, si l'on savoit profiter de toutes les occasions qu'eux-mêmes nous en fournissent.

Un jardin, une campagne, un palais, tout cela est un livre ouvert pour eux: mais il faut qu'ils aient appris et qu'on les ait accoutumés à y lire. Rien n'est plus commun parmi nous que l'usage du pain et du linge rien n'est plus rare que de trouver des enfans qui sacheut comment l'un et l'autre se prépare; par combien de façons et de

que de devenir du pain et du linge. Il en faut dire autant des étoffes de laine, qui ne ressemblent guères à la toison des brebis dont on les forme; non plus que le papier à ces chiffons de linge qu'on ramasse dans les rues. Pourquoi ne pas instruire les enfans de ces ouvrages merveilleux de la nature et de l'art, dont ils font usage tous les jours sans y faire réflexion?

On lit avec un grand plaisir dans le livre de la Vieillesse l'élégante description que Cicéron y fait de la manière dont vient le blé. On admire comment la semence, échauffée et attendrie par la chaleur et par l'humidité de la terre qui la tient resserrée dans son sein, en fait d'abord sortir une pointe verdoyante, qui nourrie et soutenue par ses racines s'éleve peu à peu, et pousse un tuyau fortifié par des noeuds: comment l'épi, enfermé dans une espèce d'étui, y croît insensiblment, et en sort enfin avec une structure admirable, ni de pointes hérissées, qui lui servent comme de défense contre les insultes des petits oiseaux. Mais voir cette merveille même de ses propres yeux, en suivre attentivement les différens progrés, et la conduire jusqu'à sa perfection, c'est bien un autre spectacle.

mu

Un autre maître attentif trouve par-là le moyen d'enrichir l'esprit de son élève d'un grand nombre de connoissances utiles et agréables; et y mê

Me quidem non fructus modò, sed etiam ipsius terræ vis ac nara delectat. Qua cùm gremio mollito ac subacto semen sparsum excepit... tepefactum, vapore et compressu suo diffundit, et elicit herbescentem ex eo viriditatem:quæ nixa fibris stirpium sensim adoles-" cit, culmoque erecta geniculato, vaginis jam quasi pubescens includitur; è quibus cùm emerserit,fundit frugem spici ordine structam " et contra avium minorum morsus munitur vallo aristarum. De Senec.n. 51.

lant à propos de courtes réflexions, il songe en même temps à lui former le cœur, et à le conduire par la nature à la religion. Je vais en apporter quelques exemples, qui feront mieux sentir que tout ce que je pourrois dire, combien cette sorte d'exercice peut être utile. Ils ne sont pas de moi: on s'en appercevra bien. Je les tirerai la plupart d'un excellent manuscrit sur la Genèse qui est entre les mains de plusieurs personnes. Ces exemples serviront à montrer comment on doit étudier la nature dans tout ce qui se présente à nos yeux, et par elle remonter jusqu'au Créateur. Je me bornerai à ce qui regarde les plantes et les

animaux.

§. I. PLANTES. FLEURS. FRUITS. ARBRES.

2 Le premier prédicateur qui a annoncé la gloire du Dieu souverain, est le firmament, où brillent avec tant d'éclat le soleil, la lune, et les étoiles; et il ne faut, pour rendre tous les hommes inexcusables, que ce livre écrit en caractères de lumière. Mais la sagesse divine n'est pas moins admirable dans ses plus petits ouvrages, où elle a voulu, pour ainsi dire, se rendre plus accessible, et où elle semble nous inviter, à la considérer de plus près sans craindre d'en être éblouis.

Il y a

Plantes.

y a dans la plus méprisable en apparence de quoi étonner les plus sublimes esprits, qui n'en sauroient voir néanmoins que les organes les plus grossiers, et à qui tout le secret de la vie, de la nourriture, de la multiplication demeure inconnu. Aucune feuille n'y est négligée: l'ordre et la syOuvrage de M. Duguet, publié sous ce titre : Explication de l'Ouvrage des six jours.

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métrie y sont sensibles en tout, et cela avec une si prodigieuse fécondité de découpures, d'ornemens, de beautés, qu'aucune ne ressemble parfaitement à l'autre.

microscopes,

Que ne découvre-t-on point, parle secours des dans les plus petites graines! Mais combien Dieu y a-t-il mis de vertu et d'efficace par une seule parole, par laquelle il semble avoir donné aux plantes une espèce d'immortalité? Germinet terra herbam virentem, et facientem semen suum. [Genes. I. II. ]

Ya-t-il rien de plus digne de notre admiration que le choix que Dieu a fait de la couleur générale qui embellit toutes les plantes? S'il eût teint en blanc ou en rouge toutes les campagnes, qui auroit pu en soutenir ou l'éclat, ou la dureté ? S'il les eût obcurcies par des couleurs plus sombres, qui auroit pu faire ses délices d'une vue si triste et si lugubre ? Une agréable verdure tient le milieu entre ces deux extrémités, et elle a un tel rapport avec la structure de l'œil, qu'elle le délasse, au lieu de le tendre ; et qu'elle le soutient et le nourrit, au lieu de l'épuiser. Mais ce qu'on croyoit d'abord n'être qu'une couleur est une diversité de teintures qui étonne. C'est du verd partout, mais ce n'est nulle part le même. Aucune plante n'est colorée comme un autre et cette surprenante variété, qu'aucun art ne peut imiter, se diversifie encore dans chaque plante, qui est dans son origine, dans son progrès, et dans sa maturité, d'une espèce de vert différent.

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On en peut dire autant de la figure, de l'odeur, du goût, des usages des plantes, ou pour la nour

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