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quelles des rechutes fréquentes prouvent qu'ils sont fort attachés, nul sentiment de foi, nul indice d'amour de Dieu : pour lors n'est-il pas évident qu'un confesseur prudent et éclairé doit prendre du temps, pour s'assurer par de sages délais d'un changement sincère et d'une conver sion véritable.

C'est dans ces occasions que les maîtres et les parens, s'ils sont véritablement chrétiens, doivent laisser aux Confesseurs une pleine et entière liberté, et ne point gêner la conscience de leurs enfans par des interrogations, des plaintes, des reproches, qui peuvent avoir des très-funestes suites, et qui souvent donnent lieu à l'hypocri sie et à des sacrilèges. Ils peuvent et ils doivent les exhorter avec douceur et sagesse à se disposer dignement à une action si sainte, mais se reposer du reste sur la lumière et la prudence du Confesseur, qui connoît l'intérieur de l'enfant, et n'en peut rendre compte à personne.

J'en dis autant des autres communions pendant le cours de l'année. On doit inspirer aux jeunes gens un grand désir de communier souvent; leur faire entendre que le corps de JesusChrist devroit être notre pain quotidien, que les premiers chrétiens approchoient très-fréquem ment de l'Eucharistie, et y puisoient cette force et ce courage qui leur étoient alors si nécessaires, et qui ne le sont pas moins pour nous; et que la grande, ou plutôt l'unique douleur d'un chrétien doit être de se voir privé de la communion par sa faute; Unus sit nobis dolor hac esca privari. S. Chrys. }

Il fant en même temps leur bien marquer les

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dispositions nécessaires pour approcher dignement de l'Eucharistie, et surtout leur bien faire sentir quel horrible crime c'est que de recevoir dans une conscience souillée par quelque pêché mortel l'Auteur même de la sainteté, de trahir encore Jésus-Christ par un baiser comme le perfide Judas, de le crucifier de nouveau en soi, de fouler aux pieds le fils de Dieu, de tenir pour une chose vile et profane le sang de l'alliance par lequel il nous a sanctifiés, et de faire outrage à l'esprit de la grâce. Il n'y a rien qu'on ne doive employer pour inspirer aux jeunes gens toute l'horreur possible pour une communion indigne; et je trouve qu'ils sont bien heureux, quand ils remportent du collège un sincère et solide respect pour les Sacremens.

Le grand danger des communautés et des collèges, c'est la crainte des jugemens humains quand on ne communie point avec les autres dans certains jours de fêtes. Un écolier, prêt de sortir du collège, me vint voir la veille de Pâques au matin, et dans la conversation il me dit, sans que je lui eusse fait aucune question sur ce sujet, qu'il auroit le bonheur de communier le lendemain. Je l'en félicitai, et lui marquai ma joie, ajoutant que j'étois persuadé que nul motif humain ne l'y portoit. Il me fit sentir qu'il n'en étoit pas tout-à-fait exempt. Sur cette première ouverture, je louai extrêmemeut sa sincérité, et la confiance qu'il marquoit à un maître à qui il n'étoit point obligé de se découvrir, ce qui ne ponvoit venir que d'un fond de religion dont je faisois grand cas. L'amitié que je lui témoignois ayant

ment que la seule crainte des discours et des jugemens humains le déterminoit à la communion du lendemain, ne pouvant soutenir de s'en voir privé un jour de Pâques, pendant que plusieurs de ses compagnons, moins âgés et moins avancés que lui, en approcheroient. Je lui promis de lui épargner cette confusion. Il me remercia les larmes aux yeux, et me dit que je lui épargnerois un sacrilège. Je ne manquai pas en effet dans l'instruction de l'après midi, de prier les maîtres et les écoliers de vouloir bien ne pas communier tous ensemble à la grande messe, mais de se partager, comme il leur plairoit, aux basses messes qui se diroient dans les chapelles, où personne n'observoit ce qui s'y passoit. Et cette pratique devint pour moi une règle dans la suite. 5. Des pratiques de dévotion.

Il y a certaines pratiques de dévotion courtes et faciles, qui ne sont point à charge aux jeunes gens, mais qui les avertissent de plusieurs devoirs qu'on néglige pour l'ordinaire, et qui les accoutument à faire entrer la piété dans la plupart de leurs actions.

La dévotion à Jesus-Christ doit l'emporter infiniment sur toutes les autres ; et l'on ne peut inculquer aux jeunes gens trop fortement ni trop fréquemment ces paroles de l'Evangile : La vie éternelle consiste à vous connoître, vous qui étes le seul Dieu véritable, et J. C. que vous avez envoyé. [Joan. xvII.3.]Elles nous apprennent que la vraie piété est fondée sur la connoissance de Dieu, et sur celle de J. C. c'est-à-dire, de ses mystères, de ses maximes, et de ses exemples. Ce que les Evangélistes rapportent de sa divine enfance doit

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leur être parfaitement connu et familier, surtout ce qu'il fit à l'âge de douze ans dans le Temple 1: circonstance précieuse, que Jesus Christ a voulu qui fût conservée dans l'Evangile, 2 atin que les jeunes gens y trouvassent un parfait modèle de toutes les vertus qui conviennent à leur âge. 3 Il faut souvent le leur représenter plein de tendresse pour les enfans, leur imposant les mains, et bénissant avec bonté, leur donnant un libre accès auprès de lui, déclarant que le Royaume des Cieux leur appartient, et voulant bien regarder comme fait pour lui tout ce qu'on fera pour eux.

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Il faut aussi recommander beaucoup aux enfans la dévotion à la sainte vierge, les exhorter à la prendre pour leur mère et leur protectrice dans tous leurs besoins, à solenniser avec une piété particulière toutes ses fêtes, et de la prier Instamment d'obtenir pour eux deux grandes vertus, qui ont fait son caractère propre, et qui sont si nécessaires aux jeunes gens, la pureté et l'humilité.

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On doit aussi leur recommander la dévotion aux saints Anges, et particulièrement à leur Ange Gardien, qui leur est donné pour veiller continuellement sur eux et sur tous leurs besoins tant corporels que spirituels; et au Saint dont ils portent le nom, et qu'ils doivent regarder comme leur patron particulier. De petites Litanies où l'on fait entrer tous ces noms, n'allongent pas de beaucoup la prière. Quand an célèbre dans le cours de la semaine la fête de quelque Saint plus considérable, on n'en insère le

nom dans la Litanie du soir précédent; et il est à souhaiter que le Principal, dans l'instruction du Dimanche, annoncent ces fêtes, et en dise

un mot.

Dès que les enfans se réveillent, il est bon qu'ils s'accoutument à faire le signe de la croix et comme si Dieu dans ce moment leur disoit: 1 Man fils, donnez-moi votre cœur, qu'ils lui répondent: Je m'offre à vous, ô mon Dieu, de toute l'étendue de mon coeur: corde animo volenti. [2. Maccab. 1. 3.]

magno, e

Chaque étude doit commencer par une courte prière. Quand les enfans parlent en public, et font quelque exercice, le signe de la croix doit en être le signal et le commencement. J'en dis autant pour les maîtres. On sait que les premiers chrétiens employoient ce signe salutaire en toute occasion.

Les prières avant et après le repas sont régulièrement observées dans tous les collèges. Quoi de plus juste et de plus raisonnable en effet, que de rendre cet hommage public à la bonté et à la libéralité de Dieu, de qui l'on tient tout, et que l'on doit par conséquent remercier de tout. Maintenant, à la honte de notre siècle, cette sainte coutume, consacrée par l'usage de tous les temps, même chez les païens, s'abolit de plus en plus chaque jour parmi nous, surtout chez les riches et chez les grands, où il n'en reste presque aucune trace et où il semble qu'on rougiroit de paroître chrétiens. Il faut prémunir les enfans contre cet abus, en les accoutumant, même an déjeûner et au goûter, à faire le signe de la croix

'Præbe, fili mi, cor tuum mihi. Prov. xx111. 26

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