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1 Ce Prince, déjà assez porté de lui-même à la guerre, y étoit encore poussé fortement par les sollicitations violentes des Etoliens, 2 et par les conseils d'Annibal, qui s'étoit retiré chez lui, depuis que les Romains, avertis de ses intrigues secrètes et de ses intelligences avec le Roi de Syrie, avoient, contre le sentiment de Scipion, demandé aux Carthaginois de leur livrer cet ennemi implacable de Rome, qui ne pouvoit souffrir la paix, et qui causeroit infailliblement la ruine de sa patrie. 3 Enfin Antiochus se déclara ouvertement, fit entrer ses troupes dans la Grèce, et prit plusieurs villes.

4 Alors les Romains, qui s'attendoient depuis long-temps à cet événement, lui déclarèrent la guerre dans les formes, après avoir consulté les dieux sur le succès de cette entreprise, et avoir imploré leur secours par des prières publiques et des sacrifices.

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L'avis d'Annibal, dans un conseil général qui se tint sur les résolutions qu'il falloit prendre, avoit été qu'Antiochus fît partir sur-lechamp sa flotte pour débarquer des troupes en Italie, et il s'offroit de la commander, pendant que le Roi demeureroit en Grèce avec son armée, faisant toujours mine, et se tenant effectement toujours prêt à y passer, lorsqu' en seroit temps. Cet avis fut négligé, aussi bien que tous ceux qu'il donna encore depuis ; et soit défiance, soit jalousie, et crainte qu'un étranger n'eût toute la gloire de cette entreprise, il ne fit aucun usage d'Annibal, qui auroit dû lui tenir lieu d'une armée entière.

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Outre cela, ce Prince, enflé mal à propos du premier succès de ses armes, et oubliant tout d'un coup les deux grands projets qu'il avoit formés, de faire la guerre aux Romains, et de délivrer la Grèce, se laissa emporter à une passion qu'il conçut pour une fille de Chalcis, passa le quartier d'hiver dans cette ville à cé lébrer ses nôces au milieu des festins et des réjouissances, et énerva par ce séjour les forces et le courage de ses troupes.

La campagne suivante s'en ressentit. Ces troupes, amollies, par les plaisirs et la bonne chè.. re, ne purent tenir devant celles des Romains et furent battues en plusieurs occasions. Le Roi lui-même, fuyant de ville en ville et de contrée en contrée, et toujours vivement poursuivi, fut enfin obligé de repasser en Asie. Sa flotte sur mer n'eut pas un meilleur succès.

2 L'année suivante, on nomma pour Consuls L. Cornelius Scipion, et C. Lelius. Scipion l'Africain s'offrit de servir sous son frère en qualité de Lieutenant, au cas qu'on voulût lui donner pour département la Grèce, sans tirer les provinces au sort, comme c'étoit la coutume. Cette proposition causa une grande joie au Peuple, persuadé qu'il étoit que Scipion vainqueur seroit d'une plus grande ressource pour le Consul et l'armée Romaine, qu'Annibal vaincu pour Antiochus. Sa demande lui fut done accordée presque d'un consentement universel, et cinq mille vieux soldats, qui avoient servi sous lui, le suivirent en qualité de voluntaires.

L'effet répondit à l'espérance. Le consul se

prépara à porter la guerre en Asie. Il falloit auparavant s'assurer des dispositions de Philippe, par les pays duquel l'armée devoit passer. On le trouva très-bien intentionné. Il fournit aux troupes tous les rafraîchissemens nécessaires. Il se piqua surtout de traiter les Généraux et les Officiers avec une magnificence royale. Il les accompagna, non-seulement dans la Macédoine, mais dans la Thrace, et jusqu'à l'Hellespont.

2 Antiochus fit beaucoup d'efforts pour en gager dans son parti Prusias, roi de Bithynie, en lui faisant craindre pour lui même les suites des conquêtes de Scipion, 3 et lui représentant que le dessein des Romains étoit de détruire tous les royaumes de la terre, pour y établir leur seul empire. Les lettres des Scipions qui lui furent rendues dans ce même temps, et l'arrivée de l'Ambassadeur Romain, qui survint à propos lorsqu'il délibéroit, firent plus d'impression sur son esprit, que les raisons et les promesses d'Antiochus. Il sentit combien il étoit et plus sûr et plus utile pour lui d'entrer en alliance avec les Romains, et il la conclut sur-lechamp.

4 Plusieurs échecs qu'Antiochus avoit reçus et par terre et par mer, le firent le firent songer sérieusement à la paix. 5 La grandeur d'âme de Scipion l'Africain, la modération avec laquelle il

1 lbid. n. 7. Ibid. n. 25.

3 Venire eos ad omnia regna tollenda, ut nullum usquam orbis terrarum nisi Romanum imperium esset. Liv.lib. 37. n. 25.

4 Ibid. n. 34-36.

5 In Seipione Africano maximam spem habebat: præterquam quòd et magnitudo animi, et satietas gloria, placabilem eum maximè faciebat: notumque erat gentibus qui victor ille in Hispania, qui deinde in Africa fuisse, etiam quòd, etc. n. 34.

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avoit usé de ses victoires en Espagne et en Afrique, et le haut point de gloire où il étoit parvenu, et dont il devoit être rassasié, lui faisoit espérer de trouver par son canal plus de facilité dans sa négociation; outre qu'il avoit entre les mains le fils de ce Général, qui apparemment avoit été fait prisonnier dans quelque combat et il offroit de le rendre à son père, sans rançon, si la paix se concluoit. Les Romains accoutu més à ne jamais rien rabattre des conditions. qu'ils avoient une fois proposées, s'en tinrent à celles qui avoient été offertes au Roi dès le commencement de la guerre. Ainsi la négociation fut sans effet. Scipion, pour répondre à l'honnêteté d'Antiochus, lui fit dire, que comme père et particulier, il ne manqueroit aucune occasion de lui marquer sa reconnoissance; mais qu'il ne devoit rien attendre de lui comme homme public et commandant. Qu'au reste, le seul conseil qu'il pouvoit lui donner comme ami, étoit de renoncer à la guerre, et de ne refuser aucune des conditions de paix qu'on lui offroit.

1 Les Romains firent une marche de plusieurs jours, pour chercher et atteindre l'ennemi. Le Roi étoit campé à Thyatire. Il apprit que Scipion l'Africain étoit demeuré malade à Elée : il lui renvoya son fils. 2 La joie de revoir un fils tendrement aimé, ne fit pas moins d'impression sur le corps que sur l'esprit de ce père. Après l'avoir tenu long-temps embrassé, et satisfait sa tendresse: «Allez, dit-il aux députés, assurer

■ Ibid. n. 37.

2 Non solum animo patrio gratum munus, sed corpori quoque sa

« le Roi de ma reconnoissance, et dites-lui que « pour le présent, je ne puis lui en donner d'au« tre marque, que de lui conseiller d'attendre pour donner le combat, que je sois retourné

<< au camp ».

I

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1 Cependant le Consul avançoit toujours. Enfin il arriva près de l'armée d'Antiochus. Celuici la tint plusieurs jours dans son camp, sans vouloir hasarder la bataille. L'hiver étoit proche, et le Consul craignoit que la victoire ne lui échappât des mains. Voyant donc ses troupes pleines d'ardeur, il les mena contre l'ennemi. Le combat fut long et opiniâtre mais enfin la victoire tourna entièrement du côté des Romains. Le Roi perdit en cette journée cinquante mille hommes de pied, et quatre mille de cavalerie, sans compter les prisonniers. Il se retira en désordre avec le peu de troupes qui lui restoit, d'abord à Sardes, puis à Apamée. Cette victoire fut suivie de la reddition des plus fortes villes de l'Asie.

2 Il arriva bientôt après des Députés de la part d'Antiochus, qui avoient ordre d'accepter telles conditions de paix qu'il plairoit aux Romains de lui imposer. Ce furent les mêmes qui avoient été proposées dès le commencement: que le Roi céderoit tout ce qu'il possédoit en Europe, et toutes les villes qu'il avoit en Asie en de-çà du mont Taurus, qui serviroit désormais de borne à son royaume qu'il payeroit au Peuple Romain pour les frais de la guerre quinze mille talens Euboïques, et quatre mille au Roi Eumène : mais qu'avant tout il livreroit Ibid. n. 38-46.: Ibid. n. 45.

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