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Je commencerai par le récit des principaux faits arrivés dans l'espace du temps dont il s'agit, pour en donner quelque idée légère à ceux des lecteurs à qui cette histoire sera moins connue.

Commencemens de la seconde guerre Punique, et heureux succès d'Annibal.

1 Le commencement de la seconde guerre Punique, à ne considérer que la date des temps, fut la prise de Sagonte par Annibal, et l'irruption qu'il fit sur les terres des peuples situés au delà de l'Ebre, et alliés du peuple Romain: mais la véritable cause de cette guerre fut le dépit des Carthaginois de s'être vu enlever la Sicile et la Sardaigne par des traités auxquels la scule nécessité des temps et le mauvais état de leurs affaires les avoient fait consentir. La mort prématurée d'Amilcar l'empêcha d'exécuter le dessein qu'il· avoit formé depuis long-temps de se venger de ces injures. Son fils Annibal, à qui, lorsqu'il n'avoit encore que neuf ans, il avoit fait jurer sur les autels qu'il se déclareroit l'ennemi du peuple Romain dès qu'il seroit en âge de le faire, entra dans toutes ses vues, et fut l'heritier de sa haine contre les Romains, aussi bien que de son courage. Il prépara tout de loin pour ce grand dessein: et quand il se crut en état de l'éxécuter il le fit éclore par le siége de Sagonte. Soit paresse et lenteur, soit prudence et sagesse, les Romains consumèrent le temps en différentes am

1 Liv. l. 21. 11, 1-2@

bassades, et laissèrent à Annibal celui de prendre la ville.

1 Pour lui, il sut bien mettre le temps à profit. Après avoir donné ordre à tout, et laissé son frère Asdrubal en Espagne pour défendre le pays; il partit pour l'Italie avec une armée de quatre vingt dix mille hommes de pied, et dix ou douze mille de cavalerie. Les plus grands obstacles ne furent point capables de l'effrayer, ni de l'arrêter. Les Pyrénées, le Rhône, une longue marche au travers des Gaules, le passage des Alpes rempli de tant de difficultés, tout céda à son ardeur et à sa constance infatigable. Vainqueur des Alpes, et en quelque sorte de la nature même ; il entra donc en Italie, qu'il avoit résolu de rendre le théâtre de la guerre. Ses troupes étoient extrêmement diminuées pour le nombre, ne montant plus qu'à vingt-mille hommes de pied et six mille chevaux, mais elles étoient pleines de courage et de confiance.

Une rapidité si inconcevable étonna et déconcerta les Romains. Ils avoient compté de faire la guerre au dehors, et qu'un de leurs Consuls tiendroit tête à Annibal en Espagne, pendant que l'autre iroit droiten Afrique pour attaquer Carthage. Il fallut changer de mesures, et songer à défendre leur propre pays. Publius Scipion Consul, qui croyoit Annibal encore dans les Pyrénées, lorsqu'il avoit déjà passé le Rhône, n'ayant l'atteindre, fut obligé de revenir sur ses pas pour l'attendre et l'attaquer à la descente des Alpes; et cependant il envoya son frère Cneius Scipion en Espagne contre Asdrubal.

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1 Ibid. n. 21.-30.

I La première bataille se donna près de la petite rivière du Tésin. Il est beau de lire les harangues des deux Chefs à leur armée, que TiteLive a copiées d'après Polybe, mais en maître habile: c'est-à-dire, en y ajoutant des traits qui égalent la copie à l'original. Les Carthaginois remportèrent la victoire. Le Consul Romain futblessé dans le combat ; et son fils, âgé pour lors à peine de 17 ans, lui sauva la vie. C'est le même qui vaincra dans la suite Annibal, et sera surnommé l'Africain.

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3 Sur la première nouvelle de cette défaite, Sempronius l'autre consul, qui étoit en Sicile, accourut promptement par ordre du Sénat au secours de son Collègue, qui n'étoit pas encore bien remis de sa blessure. Ce futpour lui une raison de hâter le combat contre le sentiment de Scipion, parce qu'il espéroit en avoir seul toute la gloire. Annibal, bien informé de tout ce qui se passoit dans le camp des Romains, et ayant exprès laissé emporter un léger avantage à Sempronius pour amorcer sa témérité, lui donna lieu d'engager la bataille près la rivière de Trébie. Il avoit placé son frère Magon en embuscade dans un lieu fort favorable, et avoit fait prendre à son armée toutes les précautions nécessaires contre la faim et contre le froid, qui étoit alors extrême. On n'avoit songé à rien de tout cela chez les Romains. Leurs troupes furent donc bientôt renversées, et

■ Ibid. n. 39-48.

• Neque illum ætatis infirmitas interpellare valuit, quo minus duplici gloria conspicuam coronam, imperatore simul et patre ex ipsa morte rapto, mereretur. Val. Maxim. lib. 5. cap. 2.

3 Liv. lib. 21. n. 51-56.

mises en fuite: et Magon étant sorti de son embussade en fit un grand carnage.

I

1 Annibal, pour profiter du temps et de ses premières victoires, alloit toujours en avant, et s'approchoit de plus en plus du centre de l'Italie, 2 pour arriver plus promptement près de l'ennemi, il lui fallut passer un marais où son armée essuya des fatigues incroyables, et où lui-même perdit un ceil. Flaminius, l'un des deux Consuls qu'on avoit nommés depuis peu, étoit parti de Rome sans prendre les auspices ordinaires. 3 C'étoit un homme vain, téméraire, entreprenant,. plein de lui-même, et dont la fierté naturelle s'étoit beaucoup accrue par les heureux succès de son premier consulat, et par la faveur déclaré du Peuple. On jugeoit aisément que ne consultant ni les hommes ni les dieux, il se laisseroit aller à son génie impétueux et bouillant ; et Annibal, pour seconder encore son penchant, nemanqua de piquer et d'iriter sa témérité par les dégats et les ravages qu'il fit faire à sa vue dans toutes les campagnes. Il n'en fallut pas davantage pour déterminer le Consul au combat, malgre les remontrances de tous les Officiers, quile prioient d'attendre son Collègue. Le succès fut tel qu'ils l'avoient prévu. Quinze mille Romains demeurèrent sur la place avec leur Chef, et rendirent célèbre à jamais par leur sanglante défaite le lac de Trasymène.

Ibid. n. 57-59, et 63.

2 Lib. 22. N. 1-6.

3 Consul ferox ab consulatu priore, et non modò legum ac Patrum majestatis, sed ne deorum quidem satis metuens. Hanc insitam ingenio ejus temeritatem fortuna prospero civilibus bellicisque rebus successu aluerat. Itaque satis apparebat, nec deos nec homines consulentem, ferociter omnia ac præproperè acturum: quoque pronior esset in vitia sua, agitare cum atque irritare Panus parat. Liv.

22. 11. 3..

FABIUS DICTATEUR.

Cette triste nouvelle, quand on l'eut appriseà Rome, yjeta une grande alarme. On s'attendoit à tout moment d'y voir arriver Annibal. Fabius Maximus fut nommé Dictateur 2 Après avoir satisfait aux devoirs de la religion, et donné les ordres nécessaires pour la sûreté de la ville, il se rendit à l'armée, bien résolu de ne point hasarder de combat sans y être forcé: on sans être bien assuré du succès. Il conduisoit ses troupes par des hauteurs, sans perdre de vue Annibal, ne s'approchant jamais assez de l'ennemi pour en venir aux mains; mais ne s'en éloignant pas non plus tellement qu'il pût lui échapper. Il tenoit exactement ses soldats dans son camp, ne les laissant jamais sortir que pour les fourrages, où il ne les envoyoit qu'avec de fortes escortes. 3 Il n'engageoit que de légères escarmouches, et avec tant de précaution, que ses troupes y avoient toujours l'avantage. Par ce moyen il rendoit insensiblement au soldat la confiance que la perte de trois batailles lui avoit eôté, et le mettoit en état de compter comme autrefois sur son courage et sur son bonheur. L'ennemis'aperçut bientôt que les Romains, instruits par leurs défaites, avoient enfin trouvé un Chef capable de tenir tête à Annibal; et celui-ci comprit dès-lors qu'il n'auroit point à craindre de la part du Dictateur des attaques vives et hardies, mais une conduite prudente et mesurée:

1 Ibid. n. 7-30. Prodictator.

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3 Neque universo periculo summa rerum committebatur: et parva momenta levium certaminum ex tuto cœptorum finitimo receptu, assuefaciebant territur pristinis cladibus militem, minùs jam tandem aut virtutis aut fortunae pœnitere suce. Liv. lib. 22..

11. 12..

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