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rencontrant l'esclave de l'un de ses débiteurs, insiste auprès de lui pour avoir son payement. L'esclave répond que son maître est pour le moment hors d'état de se libérer. << Patientez encore, ajoute-t-il, à moins que vous ne préfériez que votre débiteur ne quitte la place et ne s'exile à cause de vous: >>

Ferre hoc potes, aut mavis ut aliquo abeat foras,

Urbem exsul linquat factus sic causa tui?

Tout ceci, on le comprend, était de la banqueroute au premier chef.

Ce qui se passait sous ce rapport du temps de Plaute ne cessa pas, comme on peut aisément le conjecturer, de se produire dans les siècles suivants. Il paraît même qu'à l'époque où vivait Juvénal la banqueroute était la chose du monde la plus ordinaire. Relevons quelques traits de ce satirique contre les débiteurs frauduleux.

Selon lui, leur manière de faire était celle-ci : ils commençaient par contracter plus de dettes qu'ils n'en pouvaient acquitter. - Puis ils employaient en folles dépenses, sous les yeux même de leurs créanciers, l'argent qu'ils s'étaient ainsi procuré. Plus ils étaient obérés, plus leur ruine était imminente, mieux ils dînaient. Aussi était-ce à l'entrée du marché, dont ils étaient les chalands les plus assidus, que leurs créanciers trompés allaient les attendre. Ils ne pouvaient les joindre que là; c'était là seulement qu'ils étaient sûrs de les rencontrer :

.

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Hic aliquid plus

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« Le pis aller pour eux, continue Juvénal, s'ils avaient

affaire à un créancier peu débonnaire, était de s'éloigner du Forum, cedere Foro, et d'aller résider quelque autre part. Ils ne s'en embarrassaient pas plus que de passer d'un faubourg de Rome dans un autre : >>>

Cedere namque Foro jam non tibi deterius quam
Esquilias a serventi migrare Saburra.

(Ibid.) (1).

L'audace et l'impunité de pareilles banqueroutes soulevaient toute l'indignation du satirique; et l'on peut juger par la manière dont il s'en explique que si ce genre de délit contre la propriété ne figurait pas dans le code pénal du législateur, il n'hésitait pas, lui, à le placer dans le sien; ce que faisait également Publius Syrus, dont une sentence, parfaitement applicable au même cas, porte qu'accepter ce qu'on ne pourra rendre, c'est véritablement le voler:

Rapere est accipere quod non possis reddere.

IV. Incendie volontaire ou par imprudence.

Les poésies latines nous font connaître que les incendies étaient dans l'ancienne Rome un danger permanent. Elles les rangeaient au nombre des dommages qu'on avait le plus à redouter à la ville. Horace recommandait tout particulièrement à ses concitoyens de se garer des incendies autant que des voleurs et des infidélités des esclaves :

Formidare malos fures, incendia. . ..

Detrimenta, fugas servorum, incendia.

Martial écrivait aussi qu'entre autres malheurs auxquels étaient fréquemment exposés les citadins se plaçaient les ravages du feu,

Furta, fugæ, mortes servorum, incendia, luctus

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(1) Suivant Apulée, l'industrie de ces débiteurs de mauvaise foi s'était perfectionnée. Afin de se rendre insolvables et d'échapper ainsi à l'action de leurs créanciers, ils faisaient passer leurs biens sous le nom de leur femme: "< Pleraque rei familiaris, » dit cet auteur dans son Apologie, « in nomen uxoris callidissima fraude confert. » Ce moyen de fraude, si commun de nos jours, n'est pas nouveau non plus, comme on voit.

et par cette raison Catulle et Juvénal enviaient le sort de ceux qui, vivant à la campagne et dans des lieux isolés, avaient beaucoup moins à craindre les accidents de ce genre:

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Nam quid tam miserum, tam solum vidimus, ut non
Deterius credas horrere incendia, lapsus

Tectorum assiduos.

(Ibid.)

Ces incendies n'étaient pas toujours le résultat de la malveillance. Souvent, comme l'atteste le Digeste, ils arrivaient par la faute de ceux qui en étaient les victimes. «Plerumque << incendia culpa fiunt inhabitantium. » Mais beaucoup aussi avaient pour cause le fait volontaire d'une main criminelle. Le législateur s'en était sans doute convaincu ; car à une certaine époque il jugea nécessaire de porter contre les incendiaires les peines les plus sévères. On trouve au Digeste un texte d'après lequel celui qui méchamment mettait le feu à l'habitation d'autrui devait lui-même périr par le feu.

De son côté, la poésie latine ne négligeait pas de dépeindre cet attentat et d'en signaler les procédés et les résultats désastreux.

Dans le passage suivant d'Ovide, on voit l'incendiaire préparant son œuvre de destruction :

Urere tecta

Comparat; audaces instruit igne manus.

(Trist., II.)

L'un de ses moyens d'exécution était, d'après Juvénal, de mettre le feu aux battants des portes

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et de les enduire de soufre, afin de propager plus rapide

ment ce commencement d'incendie, d'où résultait bientôt l'embrasement général de l'édifice :

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L'incendie volontaire de maisons habitées est clairement défini dans les textes qui précèdent. Martial le caractérise également dans ce vers :

Prosternet patrios impia flamma lares.

(V, 42.)

Ce n'était pas seulement aux propriétés privées que s'en prenaient les incendiaires. Quelquefois aussi les édifices publics et même les temples étaient l'objet de leurs attentats. Ceci se peut induire d'un fragment de Tibulle où il est fait allusion à un crime de cette sorte, dont l'exemple avait vraisemblablement été donné de son temps:

Nec nos sacrilegos templis admovimus ignes.

(III, 15.)

Nous voyons dans Virgile que les forêts n'étaient pas non plus épargnées; que parfois les bergers les livraient aux flammes et se plaisaient à contempler les vastes et rapides développements de l'incendie qu'ils avaient allumé par esprit de méchanceté ou de destruction :

. . Optato ventis æstate coortis

Dispersa immisit silvis incendia pastor.
Correptis subito mediis, extenditur una
Horrida prolatos acies vulcania campos.
Ille sedens victor flammas despectat ovantes.

(Æneid. X.)

Ce dernier vers rappelle celui que Sénèque le tragique met dans la bouche d'un autre incendiaire, qui, voyant brûler l'édifice auquel il avait mis le feu par vengeance, s'écrie avec une joie féroce :

Meus est ignis; facibus ardetis meis.

(Troas.)

Un fait assez curieux, que nous révèlent encore sur ce sujet les poésies latines, c'est que certains propriétaires brûlaient eux-mêmes ou du moins étaient soupçonnés d'avoir brûlé leur propre immeuble, dans la vue d'obtenir de la charité publique un dédommagement, qui souvent réparait avec usure la perte apparente qu'ils avaient subie. Juvénal en cite un cas dans sa troisième satire. La maison d'un particulier de Rome est incendiée. La ville entière s'appitoie sur son sort, et chacun s'empresse de lui faire soit en nature, soit en argent, des dons qui excèdent de beaucoup le dommage causé par le sinistre; si bien qu'on finit par se dire, non sans de justes motifs, qu'il devait être lui-même l'auteur d'un incendie qui lui valait cette aubaine :

Et merito jam

Suspectus tanquam ipse suas incenderit ædes.

Martial exprimait le même soupçon contre un autre particulier, qui de même avait gagné gros à la destruction de sa propriété par le feu :

Empta domus fuerat tibi, Tongiliane, ducenis;

Abstulit hanc nimium casus in Urbe frequens.
Collatum est decies. Rogo, non potes ipse videri
Incendisse tuam, Tongiliane, domum ?

(III, 52.)

« Votre maison vous avait coûté deux cents sesterces, » dit le poëte dans cette épigramme; « un accident, malheureusement trop fréquent à Rome, l'a détruite. On vous a remboursé par souscription le décuple de sa valeur. Je vous le demande, n'est-on pas autorisé à croire que c'est vous même qui l'avez brûlée ? »

Voilà pour l'incendie volontaire. On peut dire, je crois, que dans ces aperçus poétiques il se présente à peu près sous toutes ses faces, au point de vue de la criminalité légale.

Quant à l'incendie par imprudence, il en est question dans ce passage des Georgiques où Virgile reproche aux pas

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