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Et comme ce justiciable semble vouloir usurper son rôle, en interrogeant lui-même son adversaire, il a soin de lui rappeler qu'à lui seul, arbitre choisi, appartient le droit de faire l'enquête :

Tacesis, tu; meum est quærere.

Cinquième arbitrage dans Mostellaria.

Deux personnages de cette pièce ont maille à partir entre eux. Survient un tiers; l'un des colitigants le prend pour arbitre. « Voilà, dit-il à la partie adverse, celui qui va prononcer entre nous. Voyons; plaidez votre cause : »

Nunc utrinque disceptator eccum adest: age, disputa;

Le tiers s'informe du sujet de la contestation : « Je l'accuse, dit le plaignant, d'avoir corrompu mon fils : >>

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<< Laissez-moi juger votre affaire, dit le tiers. Levez-vous; moi, je m'assiérai. » — « Fort bien, répond le plaignant; chargez-vous du jugement de ce procès : »

Sine me dum istuc judicare: surge; ego assedero.

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Les parties s'expliquent ensuite devant lui; et, de même que l'arbitre de l'Amphitruo, il est obligé de couper court à leurs récriminations réciproques, afin de pouvoir parler à son tour et remplir son office :

Tace parumper; sine me vicissim loqui; ausculta.

Dans Curculio, encore un arbitrage. L'espèce est celle-ci ; Un leno s'est engagé sous serment à restituer le prix d'une esclave qu'il a vendue, dans le cas où il viendrait à être reconnu que cette fille était née libre. Ce cas se réalise; mais le leno dénie son engagement. De là contestation entre l'acheteur et lui. Un tiers se propose pour amiable compositeur. « Écoutez-moi, dit-il; je ferai mon possible pour vous concilier; je rendrai même, s'il le faut, une sentence, mais à

(1) On verra, dans une autre partie de cet ouvrage, que c'était en de pareils termes que devaient se formuler les plaintes portées en justice.

condition que vous vous conformerez à ce que j'aurai décidé. Nous vous le promettons, répondent les colitigants : >>

Animum advortite, si potis sum hoc inter vos componere.

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Remarquons, avant d'aller plus loin, qu'ici la clause compromissoire est expressément stipulée, et que les deux parties s'engagent à exécuter la sentence de l'arbitre, quelle qu'elle soit.

Le débat s'établit alors entre elles. Le demandeur allègue les promesses à lui faites sous serment par le leno. Celui-ci persiste dans ses dénégations, et met son adversaire en demeure de fournir ses preuves. Ce dernier les articule. «Assez, dit le juge, après les avoir entendus. «Je tiens pour vraie votre affirmation, ajoute-t-il en s'adressant au demandeur; et toi, leno, écoute ma sentence. La fille étant de condition libre, je te condamne à rendre l'argent; tel est mon jugement: >> Satis, credo tibi;

Nunc adeo ut tu scire possis, leno, meam sententiam,
Libera hæc est.

Tu, huic argentum redde. Hoc judicium meum est.

Peu satisfait de cette décision, le leno maudit son juge et lui reproche de l'avoir traîtreusement jugé :

Hercle, istam rem judicasti perfidiose.

En effet, il ne l'avait accepté pour arbitre que sous la condition qu'il ne lui ferait rien perdre par sa sentence,

Dum quidem, hercle, ita judices, ne quisquam a me auferat argentum;

et il regrettait amèrement de s'être laissé prendre au compromis par lequel il s'était engagé à exécuter ce qu'aurait décidé le juge.

Cette réserve qu'avait faite sans succès le leno était vraisemblablement dans la pensée de beaucoup de ceux qui s'én remettaient ainsi à l'arbitrage du judex compromissarius; car Plaute la reproduit encore dans un passage de Mostellaria, où un esclave, conseillant à son maître de soumettre à un arbitre une difficulté litigieuse dans laquelle il est lui

même personnellement engagé, lui recommande de faire en sorte d'en choisir un qui l'en croye sur parole:

Cape, obsecro te, hercle, cum eo una judicem;

Sed eum videto ut capias qui credat mihi.

Térence aussi fait quelquefois intervenir le compromis dans ses pièces de théâtre.

Un personnage des Adelphes, pour en finir sur une contestation qui s'élève entre son interlocuteur et lui, propose de la faire juger par le premier arbitre venu, se portant fort de prouver devant ce juge les torts de son adversaire :

Postremo desine, aut cedo quemvis arbitrum :

Te plura in hac re peccare ostendam.

(I, 1.)

Une pareille proposition, avec engagement d'en passer par tout ce que décidera l'arbitre, est ainsi faite dans Phormio:

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Ailleurs, l'un des personnages du même comique annonce qu'il a été pris pour arbitre par ses voisins sur une question de bornage, mais qu'empêché pour le moment, il va leur faire savoir que la cause est remise à un autre jour que celui qu'il leur avait indiqué :

Vicini nostri hic ambigunt de finibus;

Me cepere arbitrum. Ibo, ac dicam, ut dixeram
Operam daturum me, hodie non posse his dare.
(Heauton., III, 1.)

Tous ces détails donnent à penser qu'à l'époque où vivaient les deux poëtes qui nous les fournissent, la juridiction arbitrale prenait une assez large part des fonctions de la justice distributive. Ses décisions n'avaient pas, il est vrai, l'autorité de celles des juges ordinaires; elles pouvaient être éludées et demeurer sans effet, quand les contestants n'avaient pas stipulé dans le compromis une peine contre celui qui refuserait de s'y soumettre. Mais toujours est-il que

souvent les plaideurs, afin de s'épargner les longueurs et les frais d'un procès en règle, y recouraient, d'un commun accord, de préférence à celle du préteur et des juges désignés par lui.

Il me paraît cependant que déjà du temps de Térence ces tribunaux conciliateurs n'avaient plus guère pour clientèle que les gens sages, toujours en minorité.

Dans les comédies de Plaute, les compromis aboutissent d'ordinaire à une amiable composition. On y voit même s'opérer des transactions, sans intervention d'un arbitre. Dans les Bacchides, par exemple, un personnage, afin de s'épargner un procès qui le menace, charge un tiers de transiger avec le réclamant à quelque prix que ce soit :

Paciscere ergo, obsecro te, quod tibi lubet,

et la transaction est aussitôt acceptée que proposée :

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Dans les comédies de Térence, au contraire, outre qu'il y est beaucoup moins parlé d'arbitrages que dans celles de Plaute, cet esprit de conciliation réciproque ne se montre que rarement, et les tentatives d'arrangement qui s'y produisent échouent toujours, soit par l'insuffisance des offres, soit par l'obstination de l'une des parties. Un personnage de Phormio, remplissant le rôle d'esclave, s'interpose dans l'intérêt de son maître, pour arranger une affaire litigieuse. « Combien vous faut-il mettre dans la main, dit-il à la partie adverse, pour que mon maître se désiste de ce procès? » Eho! dic quid velis dari

Tibi in manum, ut herus his desistat litibus?

(IV, 3.)

Il voulait dire: «Combien faut-il vous donner pour obtenir de votre part une concession aux prétentions de mon maître?»> Puis il ajoute : «Mon maitre est si bon homme que, pour peu que vous vous montriez équitable, vous n'aurez pas trois mots à échanger avec lui; tout s'accordera sur-le-champ: »>

Sat scio,

Si tu aliquam partem æqui bonique dixeris,

Ut est ille bonus vir, tria non commutabitis

Verba hodie inter vos.

(Ibid.)

En effet, le bon homme avait déjà lui-même proposé l'arrangement en ces termes : « Quoique j'aie fort à me plaindre, plutôt que de me jeter dans un procès je vous offre cinq mines, à titre de transaction: >>

Etsi mihi facta injuria est, verum tamen,
Potius quam lites secter,

Minas quinque accipe.

(II, 3.)

Mais l'adversaire n'accepte aucune des propositions qui lui sont adressées.

On peut supposer d'après cela, car les pièces de théâtre telles que celles de Plaute et de Térence sont certainement un indice des mœurs contemporaines, qu'au temps de ce dernier comique les conciliateurs perdaient le plus souvent leur peine, et, de guerre lasse, finissaient par dire comme un personnage d'une autre comédie du même poëte, qui s'était vainement entremis pour amener une transaction entre deux contendants: « En définitive, puisque je n'y puis rien, qu'ils s'arrangent eux-mêmes comme il leur plaira : »

Postremo, inter se transigant ipsi, ut lubet.

(Hecyra, III, 5.)

Par suite, la plupart des litiges allaient au prétoire.

IX. Causes de la complication des formes de procédure.

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Deux causes principales durent, ce me semble, amener ce résultat, à savoir la complication des affaires litigieuses et les progrès de l'esprit de chicane.

D'une part en effet les difficultés s'étant compliquées, les lumières d'un simple arbitre ne suffisaient plus à les résoudre; d'autre part, l'esprit de chicane venant à progresser et chacun se montrant jaloux à l'excès de ce qu'il croyait être son droit, les amiables compositions par l'intervention d'un conciliateur devenaient plus difficiles et plus rares.

Force était donc la plupart du temps, pour sortir de

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