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XII. ENTRETIEN.

من

De la Providence divine dans les loix de l'union de l'ame & du corps, & que Dieu nous unit par elles à tous fes ouvrages. Des loix de l'union de l'efprit avec la Raifon. C'est par ces deux fortes de loix que fe forment les focietez. Comment Dieu par les Anges diftribue aux hommes les biens temporels, & par Jefus-Chrift la grace rieure & toutes fortes de biens. De la generalité de la Providence.

inte

A
que de profondeurs dans fes deffeins! que
de rapports, que de combinaifons de rap-
ports il a fallu comparer, pour donner à la
matiere cette premiere impreffion qui a
formé l'Univers avec toutes fes parties,
non pour un moment, mais pour tous les
fiecles! Que de fageffe dans la fubordina-
tion des causes, dans l'enchaînement des
effets, dans l'union de tous les corps dont
le monde eft compofé, dans les combi-
naifons infinies, non feulement du phyfic
avec le phyfic, mais du phyfic avec le mo-
ral, & de l'un & de l'autre avec le furna-
turel !
THEO-

RISTE. Ah, Theodore! que
Dieu eft admirable dans fes œuvres !

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THEODORE. Si le feul arrangement de la matiere fi les effets neceflaires de certaines loix de mouvement tres-fimples & tres-generales nous paroît quelque chofe de merveilleux, que devons-nous penfer des diverses focietez qui s'établissent & fe confervent en confequence des loix de l'union de l'ame & du corps ; que jugerons-nous du peuple Juif & de fa Religion, & enfin de l'Eglife de Jefus-Chrift? "Que penferions-nous, mon cher Arifte, de la Celeste Jerufalem, fi nous avions une idée claire de la nature des materiaux dont fera conftruite cette Sainte Cité, & que nous puffions juger de l'ordre & du concert de toutes les parties qui la composeront? Car enfin, fi avec la plus vile des creatures, avec de la matiere, Dieu a fait un monde fi magnifique: quel ouvrage fera-ce que le Temple du vray Salomon, qui ne fera conftruit qu'avec des intelligences? C'eft le choc des corps qui détermine l'efficace des loix naturelles; & cette caufe occafionnelle, tout aveugle & fimple qu'elle eft, elle produit, par la fageffe de la Providence du Createur, une infinité d'ouvrages admirables. Quelle fera donc, Arifte, la beauté de la Maifon de Dieu puis que c'est une nature intelligente, é

V

clair

clairée de la Sageffe éternelle, & subsistant dans cette même Sageffe; puis que c'eft Jefus-Chrift, comme je vous diray bientoft, qui détermine l'efficace des loix furnaturelles par lesquelles Dieu execute ce grand ouvrage? Que ce Temple du vray Salomon fera magnifique ! Ne feroit-il point d'autant plus parfait que cet Univers, que les efprits font plus nobles que les corps, & que la caufe occafionnelle de l'Ordre de la Grace eft plus excellente que celle qui détermine l'efficace des loix naturelles ? Affûrément Dieu-eft toûjours femblable à luy-même. Sa fageffe n'eft point épuifée par les merveilles qu'il a faites. II tirera fans doute de la nature fpirituelle des beautez qui furpafferont infiniment tout ce qu'il a fait de la matiere. Qu'en penfez-vous, mon cher Arifte?

ARISTE. Je penfe, Theodore, que vous vous plaisez à me précipiter d'abysmes en abyfmes.

THEODORE. Ouy d'abyfmes profonds en d'autres encore plus profonds. Eft-ce que vous ne voulez confiderer que les beautez de ce monde vifible, que la Providence generale du Createur dans la divifion de la matiere, dans la formation & l'arrangement des corps? Cette terre

que

que nous habitons n'eft faite que pour les focietez qui s'y forment. Si les hommes font capables de faire des focietez ensemble, c'eft pour fervir Dieu dans une même Religion. Tout fe rapporte naturellement à l'Eglife de Jefus-Chrift, au Temple fpirituel que Dieu doit habiter éternellement. Ainfi il ne faut pas nous arrêter dans ce premier abyfme de la Providence de Dieu fur la divifion de la matiere & l'arrangement des corps: il en faut fortir pour entrer dans un fecond, & de là dans un troifiéme, jufques à ce que nous foyons arrivez où tout fe termine, & où Dieu rapporte toutes chofes. Car il ne fuffit pas de croire & de dire que la Providence de Dieu eft incomprehenfible: il faut le fçavoir, il faut le comprendre. Et pour bien s'affûrer qu'elle eft incompreChenfible en toutes manieres, il faut tâcher de la prendre en tout fens, & de la fuivre par tout.

ARISTE. Mais nous ne finirons jamais la matiere de la Providence, fi nous la fuivons jufques dans le ciel.

THEODORE. Ouy, fi nous la fui-
Mais nous la perdrons
Nous ferons bien obli-

vions jufques là.

bientoft de vue. gez, Arifte, de

paffer fort legerement

V 2

fur

fur ce qui devroit nous arrêter le plus, foit pour la magnificence de l'ouvrage, foit pour la fageffe de la conduite. Car la Providence de Dieu fur fon Eglife eft un abyfme, où l'efprit éclairé mêmes par. la foy ne découvre prefque rien. Mais en

trons en matiere.

&

ErI. Vous scavez, Arifte, que l'homme eft un composé de deux fubftances, esprit corps, dont les modalitez font réciproques en confequence des loix generales, qui font caufes de l'union de ces deux natures; & vous n'ignorez pas que ces loix ne font que les volontez conftantes & toujours efficaces du Createur. Jettons un peu la vuë fur la fageffe de ces loix.

Dans l'inftant qu'on allume un flambeau, ou que le foleil fe leve, il répand la lumiere de tous côtez, ou plûtoft il preffe de tous côtez la matiere qui l'environne. Les furfaces des corps étant diverfement difpofées, elles reflechiffent diversement la lumiere, ou plûtôt elles modifient diversement la preffion que caufe le foleil. (Imaginez cela comme il vous plaira, il n'importe maintenant. Je croy pour moy que ces modifications de preffion ne confiftent que dans des vibrations, ou des fecouffes que reçoit la matiere fubtile_par

celle

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