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paroles. Souvent on récite beaucoup de paroles sans prier, et souvent on prie intérieurement sans prononcer aucune parole. Ces paroles peuvent néanmoins être très utiles, car elles excitenten nous les pensées et lessentiments qu'elles expriment, si on y est attentif: c'est pour cette raison que Jésus-Christ nous a donné une forme de priere. Quelle consolation de savoir par Jésus-Christ même comment son pere veut être prié! Quelle force doit-il y avoir dans des demandes que Dieu même nous met dans la bouche! Comment ne nous accorderoit-il pas ce qu'il a soin de nous apprendre à demander? Après cela, montrez combien cette priere est simple et sublime, courte, et pleine de tout ce que nous pouvons attendre d'en-haut.

Le temps de la premiere confession des enfants' est une chose qu'on ne peut décider ici : il doit dépendre de l'état de leur esprit, et encore plus de celui de leur conscience. Il faut leur enseigner ce que c'est que la confession, dès qu'ils paroissent capables de l'entendre. Ensuite attendez la premiere faute un peu considérable que l'enfant fera; donnez-lui-en beaucoup de confusion et de remords. Vous verrez qu'étant déja instruit sur la confession, il cherchera naturellement à se consoler en s'accusant au confesseur. Il faut tâcher de faire en sorte qu'il s'excite à un vif repentir, et qu'il trouve dans la confession un

sensible adoucissement à sa peine, afin que cette premiere confession fasse une impression extraordinaire. dans son esprit, et qu'elle soit une source de graces, pour toutes les autres.

́: La premiere communion au contraire me semble devoir être faite dans le temps où l'enfant, parvenu à l'usage de raison, paroîtra plus docile et plus exempt de tout défaut considérable. C'est parmi ces prémices de foi et d'amour de Dieu, que Jésus-Christ se fera mieux sentir et goûter à lui par les graces de la communion. Elle doit être long-temps attendue, c'est-àdire qu'on doit l'avoir fait espérer à l'enfant dès sa premiere enfance comme le plus grand bien qu'on puisse avoir sur la terre en attendant les joies du. ciel. Je crois qu'il faudroit la rendre le plus solemnelle qu'on peut qu'il paroisse à l'enfant qu'on a les. yeux attachés sur lui pendant ces jours-là, qu'on l'estime heureux, qu'on prend part à sa joie, et qu'on attend de lui une conduite au-dessus de son âge pour une action si grande. Mais quoiqu'il faille donc préparer beaucoup l'enfant à la communion, je crois que, quand il y est préparé, on ne sauroit le prévenir trop tôt d'une si précieuse grace, avant que son innocence soit exposée aux occasions dangereuses où elle commence à se flétrir.

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CHAPITRE IX.

Remarques sur plusieurs défauts des filles:

Nous avons encore à parler du soin qu'il faut prendre pour préserver les filles de plusieurs défauts ordinaires à leur sexe. On les nourrit dans une mollesse et dans une timidité qui les rend incapables' d'une conduite ferme et réglée. Au commencement il y a beaucoup d'affectation, et ensuite beaucoup d'habitude, dans ces craintes mal fondées, et dans ces larmes qu'elles versent à si bon marché : le mépris de ces affectations peut servir beaucoup à les corriger, puisque la vanité y a tant de part.

Il faut aussi réprimer en elles les amitiés trop tendres, les petites jalousies, les compliments excessifs, les flatteries, les empressements: tout cela les gâte,' et les accoutume à trouver que tout ce qui est grave et sérieux est trop sec et trop austere. Il faut même tâcher de faire en sorte qu'elles s'étudient à parler d'une maniere courte et précise. Le bon esprit consiste à retrancher tout discours inutile, et à dire beaucoup en peu de mots; au lieu que la plupart des femmes disent peu en beaucoup de paroles. Elles prennent la facilité de parler et la vivacité d'ima

TOME III.

gination pour l'esprit; elles ne choisissent point entre leurs pensées; elles n'y mettent aucun ordre par rapport aux choses qu'elles ont à expliquer; elles sont passionnées sur presque tout ce qu'elles disent, et la passion fait parler beaucoup : cependant on ne peut espérer rien de fort bon d'une femme, si on ne la réduit à réfléchir de suite, à examiner ses pensées, à les expliquer d'une maniere courte, et à savoir ensuite se taire.

Une autre chose contribue beaucoup aux longs discours des femmes; c'est qu'elles sont nées artificieuses, et qu'elles usent de longs détours pour venir à leur but. Elles estiment la finesse : et comment ne l'estimeroient-elles pas, puisqu'elles ne connoissent point de meilleure prudence, et que c'est d'ordinaire la premiere chose que l'exemple leur a enseignée? Elles ont un naturel souple pour jouer facilement toutes sortes de comédies; les larmes ne leur coûtent rien; leurs passions sont vives, et leurs connoissances bornées de là vient qu'elles ne négligent rien pour réussir, et que les moyens qui ne conviendroient pas à des esprits plus réglés leur paroissent bons; elles ne raisonnent guere pour examiner s'il faut desirer une chose, mais elles sont très industrieuses pour y parvenir.

-Ajoutez qu'elles sont timides et pleines de fausse

honte; ce qui est encore une source de dissimulation. Le moyen de prévenir un si grand mal est de ne les mettre jamais dans le besoin de la finesse, et de les accoutumer à dire ingénument leurs inclinations sur toutes les choses permises. Qu'elles soient libres pour témoigner leur ennui quand elles s'ennuient. Qu'on ne les assujettisse point à paroître goûter certaines personnes ou certains livres qui ne leur plaisent pas.

Souvent une mere, préoccupée de son directeur, est mécontente de sa fille jusqu'à ce qu'elle prenne sa direction; et la fille le fait par politique contre son goût. Sur-tout qu'on ne les laisse jamais soupçonner qu'on veut leur inspirer le dessein d'être religieuses: car cette pensée leur ôte la confiance en leurs parents, leur persuade qu'elles n'en sont point aimées, leur agite l'esprit, et leur fait faire un personnage forcé pendant plusieurs années. Quand elles ont été assez malheureuses pour prendre l'habitude de déguiser leurs sentiments, le moyen de les désabuser est de les instruire solidement des maximes de la vraie prudence; comme on voit que le moyen de les dégoûter des fictions frivoles des romans est de leur donner le goût des histoires utiles et agréables. Si vous ne leur donnez une curiosité raisonnable, elles en auront une déréglée; et tout de même, si vous ne formez leur esprit à la vraie prudence, elles s'attacheront à la fausse, qui est la finesse.

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