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Nunc morere. Hæc dicens, altaria ad ipsa trementem
Traxit, et in multo lapsantem sanguine nati;
Implicuitque comam lævâ, dextrâque coruscum
Extulit ac lateri capulo tenus abdidit ensem.
Vers. 550.

Hæc finis Priami fatorum; hic exitus illum
Sorte tulit, Trojam incensam et prolapsa videntem
Pergama, tot quondam populis terrisque superbum
Regnatorem Asiæ : jacet ingens littore truncus,
Avulsumque humeris caput, et sine nomine corpus.
Vers. 554.

Le poëte ne représente point le malheur d'Eurydice sans nous la montrer toute prête à revoir la lumiere, et replongée tout-à-coup dans la profonde nuit des enfers:

Jamque pedem referens casus evaserat omnes,
Redditaque Eurydice superas veniebat ad auras.

Georg. IV, vers. 485.

Illa, Quis et me, inquit, miseram, et te perdidit, Orpheu?
Quis tantus furor? En iterum crudelia retro
Fata vocant, conditque natantia lumina somnus.
Jamque vale feror ingenti circumdata nocte,
Invalidasque tibi tendens, heu! non tua, palmas.

Vers. 494.

Les animaux souffrants que ce poëte met comme devant nos yeux, nous affligent:

Propter aquæ rivum viridi procumbit in ulva

Perdita, nec seræ meminit decedere nocti.

Ecl. VIII, vers. 87.

La peste des animaux est un tableau qui nous émeut:

Hinc lætis vituli vulgò moriuntur in herbis,
Et dulces animas plena ad præsepia reddunt.

Labitur infelix studiorum atque immemor herbæ
Victor equus, fontesque avertitur, et pede terram
Crebra ferit.

Ecce autem duro fumans sub vomere taurus
Concidit, et mixtum spumis vomit ore cruorem,
Extremosque ciet gemitus: it tristis arator
Moerentem abjungens fraternå morte juvencum;
Atque opere in medio defixa relinquit aratra.
Non umbræ altorum nemorum, non mollia possunt
Prata movere animum, non qui per saxa volutus
Purior electro campum petit amnis.

Georg. III, vers. 494 et 515.

Virgile anime et passionne tout. Dans ses vers tout pense, tout a du sentiment, tout vous en donne; les arbres mêmes vous touchent:

Exit ad cœlum ramis felicibus arbos,

Miraturque novas frondes et non sua poma.
Georg. II, vers. 81.

Une fleur attire votre compassion quand Virgile

la peint prête à se flétrir:

Purpureus veluti cùm flos succisus aratro
Languescit moriens.

AEneid. IX, vers. 435.

Vous croyez voir les moindres plantes que le printemps ranime, égaie et embellit :

Inque novos soles audent se gramina tutò
Credere. Georg. II, vers. 332.

Un rossignol est Philomele qui vous attendrit sur ses malheurs :

Qualis populea morens Philomela sub umbra, etc.

Georg. IV, vers. 511.

Horace fait en trois vers un tableau où tout vit, et inspire du sentiment:

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Veut-il peindre en deux coups de pinceau deux hommes que personne ne puisse méconnoître, et qui saisissent le spectateur; il vous met devant les yeux la folie incorrigible de Pâris, et la colere implacable d'Achille:

Quid Paris? ut salvus regnet vivatque beatus,

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Horace veut-il nous toucher en faveur des lieux

où il souhaiteroit de finir sa vie avec son ami, il nous

inspire le desir d'y aller:

Ille terrarum mihi præter omnes

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Fait-il un portrait d'Ulysse, il le peint supérieur aux tempêtes de la mer, au naufrage même, et à la plus cruelle fortune:

aspera multa

Pertulit, adversis rerum immersabilis undis.

Ep. lib. I, ep. 2, vers. 21.

Peint-il Rome invincible jusques dans ses mal

heurs, écoutez-le :

Duris ut ilex tonsa bipennibus

Nigræ feraci frondis in Algido,

Per damna, per cædes, ab ipso

Ducit opes animumque ferro.

Non hydra secto corpore firmior, etc.
Od. lib. IV, od. 4, vers. 57.

Catulle, qu'on ne peut nommer sans avoir horreur de ses obscénités, est au comble de la perfection pour une simplicité passionnée:

Odi et amo. Quare id faciam fortasse requiris.
Nescio; sed fieri sentio, et excrucior.

Epigr. 86.

Combien Ovide et Martial, avec leurs traits ingénieux et façonnés, sont-ils au-dessous de ces paroles négligées, où le cœur saisi parle seul dans une espece de désespoir!

Que peut-on voir de plus simple et de plus touchant dans un poëme, que le roi Priam réduit dans sa vieillesse à baiser les mains meurtrieres d'Achille, qui ont arraché la vie à ses enfants "? Il lui demande, pour unique adoucissement de ses maux, le corps du grand Hector. Il auroit gâté tout, s'il eût donné le moindre ornement à ses paroles : aussi n'expriment-elles que sa douleur. Il le conjure par son pere accablé de vieillesse d'avoir pitié du plus infortuné de tous les peres.

Le bel esprit a le malheur d'affoiblir les grandes passions où il prétend orner. C'est peu, selon Horace, qu'un poëme soit beau et brillant; il faut qu'il soit touchant, aimable, et par conséquent simple, naturel et passionné :

Non satis est pulchra esse poemata; dulcia sunto,
Et quocumque volent, animum auditoris agunto.
HORAT. Art. poet. vers. 99.

Le beau qui n'est que beau, c'est-à-dire brillant, n'est beau qu'à demi : il faut qu'il exprime les passions pour les inspirer; il faut qu'il s'empare du cœur pour le tourner vers le but légitime d'un poëme.

(1) Iliade, liv. 24.

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