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une seule place. C'est l'hérésie, presque déracinée par le zele de Louis, qui se ranime et qui rassemble tant de puissances. Un prince ambitieux ose, dans son usurpation, prendre le nom de libérateur : il réunit les protestants et il divise les catholiques.

Louis seul, pendant cinq années, remporte des victoires et fait des conquêtes de tous côtés sur cette ligue, qui se vantoit de l'accabler sans peine et de ravager nos provinces; Louis seul soutient, avec toutes les marques les plus naturelles d'un cœur noble et tendre, la majesté de tous les rois en la personne d'un roi indignement renversé du trône. Qui racontera ces merveilles, messieurs?

Mais qui osera dépeindre Louis dans cette derniere campagne, encore plus grand par sa patience que par sa conquête? Il choisit la plus inaccessible place des Pays-Bas : il trouve un rocher escarpé, deux profondes rivieres qui l'environnent, plusieurs places fortifiées dans une seule; au-dedans une armée entiere pour garnison; au-dehors la face de la terre couverte de troupes innombrables d'Allemands, d'Anglois, de Hollandois, d'Espagnols, sous un chef accoutumé à risquer tout dans les batailles. La saison se déregle, on voit une espece de déluge au milieu de l'été, toute la nature semble s'opposer à Louis. En même temps il apprend qu'une partie de sa flotte, in

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vincible par son courage, mais accablée par le nombre des ennemis, a été brûlée, et il supporte l'adversité comme si elle lui étoit ordinaire. Il paroît doux et tranquille dans les difficultés, plein de ressources dans les accidents imprévus, humain envers les assiégés jusqu'à prolonger un siege si périlleux pour épargner une ville qui lui résiste et qu'il peut foudroyer. Ce n'est ni en la multitude de ses soldats. aguerris, ni en la noble ardeur de ses officiers, ni en son propre courage, ressource de toute l'armée, ni en ses victoires passées, qu'il met sa confiance; il la place encore plus haut dans un asyle inaccessible qui est le sein de Dieu même. Il revient enfin victorieux, les yeux baissés sous la puissante main du Très-haut, qui donne et qui ôte la victoire comme il lui plaît ; et ce qui est plus beau que tous les triomphes, il défend qu'on le loue.

Dans cette grandeur simple et modeste, qui est au-dessus, non seulement des louanges, mais encore des événements, puisse-t-il, messieurs, puisse-t-il ne se confier jamais qu'en la vertu, n'écouter que la vérité, ne vouloir que la justice, être connu de ses ennemis (ce souhait comprend tout pour la félicité de l'Europe), devenir l'arbitre des nations après avoir guéri leur jalousie, faire sentir toute sa bonté à son peuple dans une paix profonde, être long-temps les

délices du genre humain, et ne régner sur les hom mes que pour faire régner Dieu au-dessus de lui !

Voilà, messieurs, ce que M. Pellisson auroit éternisé dans son histoire : l'académie a fourni d'autres hommes dont la voix est assez forte pour le faire entendre aux siecles les plus reculés. Mais une matiere si vaste vous invite tous à écrire : travaillez donc tous à l'envi, messieurs, pour célébrer un si beau regne. Je ne saurois mieux témoigner mon zele à cette compagnie que par un souhait si digne d'elle.

RÉPONSE

De M. Bergeret, alors directeur de l'académie.

MONSIEUR,

Le public, qui sait combien l'académie françoise a perdu à la mort de M. Pellisson, n'a pas plutôt oui nommer le successeur qu'elle lui donne, qu'en même temps il l'a louée de la justice de son choix et de savoir si heureusement réparer ses plus grandes pertes.

Celle-ci n'est pas une perte particuliere qui ne regarde que nous; toute la république des lettres y est intéressée, et nous pouvons nous assurer que tous ceux qui les aiment regretteront notre illustre confrere.

Les ouvrages qu'il a faits, en quelque genre que ce soit, ont toujours eu l'approbation publique, qui n'est point sujette à la flatterie, et qui ne se donne qu'au mérite.

Ses poésies, soit galantes, soit morales, soit hé roïques, soit chrétiennes, ont chacune le caractere naturel qu'elles doivent avoir, avec un tour et un agrément que lui seul pouvoit leur donner.

C'est lui aussi qui, pour faire naître dans les autres et pour y perpétuer, à la gloire de notre nation, l'esprit et le feu de la poésie qui brilloit en lui, a toujours donné, depuis vingt ans, le prix des vers qui a été distribué par l'académie.

Tout ce qu'il a écrit en prose sur les matieres les plus différentes a été généralement estimé. i

got L'Histoire de l'Académie françoise, par où il a com! mencé, laisse dans l'esprit de tous ceux qui la lisent un desir de voir celle du roi qu'il a depuis écrite, et que dès lors on le jugea capable d'écrire.io. 111

Le panégyrique, du roi qu'il prononça dans la place où j'ai l'honneur d'être fut aussitôt traduit en plusieurs langues, à l'honneur de la nôtre. ⠀

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La belle et éloquente préface qu'il a mise à la tête des œuvres de Sarazin, si connue et si estimée, a passé pour un chef-d'œuvre en ce genre-là. ¿......

Sa paraphrase sur les Institutes. de Justinien est

écrite d'une pureté et d'une élégance dont on ne croyoit pas jusqu'alors que cette matiere fût capable.

Il y a, dans les prieres qu'il a faites pour dire pendant la messe, un feu divin et une sainte onction qui marquent tous les sentiments d'une véritable piété.

Ses ouvrages de controverse, éloignés de toutes sortes d'emportements, ont une certaine tendresse qui gagne le cœur de ceux dont il veut convaincre l'esprit, et la foi y est par-tout inséparable de la charité.

Il avoit fort avancé un grand ouvrage pour défendre la vérité du mystere de l'eucharistie contre les faux raisonnements des hérétiques: c'est sur un ouvrage si catholique et si saint que la mort est venue le surprendre. Heureux d'avoir expiré le cœur plein de ces pensées et de ces sentiments!

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Le plus grand honneur que l'académie françoise lui pouvoit faire après tant de réputation qu'il s'est acquise, c'étoit, monsieur, de vous nommer pour être son successeur, et de faire connoître au public que pour bien remplir la place d'un académicien comme lui, elle a jugé qu'il en falloit un comme

yous. 1

Je sais bien que c'est faire violence à votre modestie que de parler ici de votre mérite mais c'est

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