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qu'on croit néanmoins faciles à surmonter, il est trop opposé aux maximes établies depuis un siecle pour pouvoir être goûté.

Il n'y a donc que l'entreprise d'Écosse, qui, sans aucun risque ni autre inconvénient, puisse sauver la France en trois mois de temps, pourvu qu'on y travaille avec la diligence, le secret et les précautions nécessaires. La réputation de valeur, de fermeté, de politesse, de sagesse et de bon esprit, que le roi d'Angleterre acquiert tous les jours parmi même ses sujets rebelles, et qui vole déja dans les trois royaumes, recommence à y faire une impression très propre à favoriser son entreprise.

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MÉMOIRE SUR LA PAIX.

I...

ON N peut espérer que les ennemis craindront moins l'union des deux branches de notre maison royale, puisque nos pertes semblent éloigner ces deux branches, et que, si le roi venoit à manquer, la branche d'Espagne pourroit n'être guere liée avec celle de

France.

II.

Les ennemis ne devront guere craindre que la France gouverne l'Espagne au préjudice du reste de l'Europe, à la veille d'une minorité où la France, menacée de guerre civile, ne pourra pas trop se gouverner elle-même.

I I I.

La reine Anne et le parti des Toris, qui ont commencé la négociation de la paix, ont un intérêt plus pressant que jamais de la conclure. Si nous tombions dans les troubles d'une minorité avant la conclusion de cette paix, le parti des Whigs, appuyé de tous les alliés, opprimeroit la reine et les Toris sans que la France fût en état de les secourir.

I V.

D'un autre côté les ennemis pourront vouloir pro

fiter de cette conjoncture unique pour nous réduire à-peu-près au point qu'ils jugeront convenable à la sûreté de l'Europe. Ils seront moins touchés de notre abattement présent, qui n'est que passager, et ils le seront davantage du danger futur de l'Europe, si nos bonheurs reviennent après une minorité, comme on l'a vu après celle du roi: ils pourront penser qu'on ne nous réduira jamais dans les bornes nécessaires, si on ne prend pas son temps pour le faire dans une occasion de trouble.

V..

Les ennemis doivent craindre naturellement que si la branche de feu M. le dauphin acheve de manquer, le roi d'Espagne ne réunisse les deux monarchies. A-t-il fait quelque renonciation? je n'en sais rien. Supposé même qu'il en ait fait une, il soutiendra qu'elle n'est pas moins nulle selon nous que celle de la reine sa grand mere.

V I.

Les Espagnols pourront ne vouloir point quitter un roi fort aimé, pour se livrer à M. le duc de Berri gouverné par son beau-pere qu'ils craignent.

VII.

Il est naturel que tant d'alliés se flattent d'espérance dans ce changement, qu'ils soient irrésolus dans ce cas imprévu, et qu'ils temporisent pour voir

si la mort d'un dernier petit enfant n'amenera point un systême tout nouveau. Ce retardement peut nous faire tomber dans le cas de la minorité en pleine guerre.

VIII.

Si nous perdions le roi avant la conclusion de la paix, nous aurions tout ensemble une horrible guerre au-dehors et le danger d'une guerre civile au-dedans.

I X.

Nos minorités ne se sont jamais passées sans quelque guerre civile.

X.

Le danger en est bien plus grand quand il ne reste pas même une mere pour être régente. Une mere trouve tous ses intérêts dans ceux de son fils: un oncle peut suivre son ambition ou celle des gens qui ont sa confiance.

X I.

Les ennemis esperent, ou une mort soudaine du roi, ou un affoiblissement de sa personne, qui mette la France en désordre. Ces deux cas peuvent arriver chaque jour. Le second embarrasseroit encore plus que le premier.

X I I..

Ils espéreront que la même main qu'on s'imagine

faussement avoir fait mourir deux dauphins en fera aussi mourir bientôt un troisieme avec le roi déja vieux, auquel cas le roi d'Espagne sera contraint d'abandonner l'Espagne pour venir régner en France. X II I.

Ils espéreront que le roi d'Espagne aura une guerre avec M. le duc de Berri, soutenu de M. le duc d'Orléans, pour l'une ou l'autre des deux monarchies.. XI V.

Si M. le duc d'Anjou venoit à mourir, on seroit bien embarrassé pour rappeller le roi d'Espagne. S'il revenoit seul à la hâte comme Henri III revint de Pologne à la dérobée, il laisseroit la reine et le prince des Asturies dans les mains des Espagnols: c'est ce qu'il ne se résoudroit jamais à faire, étant aussi attaché à la reine qu'il l'est. S'il les menoit avec lui, l'Espagne, abandonnée par lui sans aucune mesure prise avec la nation, pourroit prendre un parti de désespoir et se tourner contre la France, plutôt que de demander M. le duc de Berri, et que de se livrer à la merci de M, le duc d'Orléans.

X V.

Dans cette occasion, le comte de Stahremberg pourroit faire une grande révolution.

X V I.

Vous ne pourriez point abandonner l'Espagne

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