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embrassa les pieds d'un Chrétien avec tant de force, que ce Chrétien ne put s'en débarrasser, et en le serrant il disoit: c'est ici mon ami, et après l'avoir répété plusieurs fois, il commença devant tout le monde le narré de sa vie passée, et auroit découvert tout ce qu'il avoit fait de plus secrét, si je ne lui eusse imposé silence: ce qui effraya tellement tous les assistans, qu'ils s'enfuirent tous hors de l'Eglise, et que pas un depuis n'osa assister aux exorcismes. Malgré la curiosité qu'ils avoient, ils se contentoient de se tenir en dehors aux portes et aux fenêtres, et à peine pouvois j'avoir un Clerc. Après huit ou dix jours d'exorcismes inutiles, lassé et confus même devant les Chrétiens de ne rien avancer, je l'envoyai à deux autres Missionaires qui étoient dans la même Province: l'un étoit un Jésuite; et l'autre un Franciscain, qui s'étant assurés comme moi par des signes certains, qu'il étoit véritablement possédé, me le renvoyerent refusant constamment de s'en charger.

Je commençai à comprendre qu il falloit disposer l'Energumène par la Confession et la Pénitence; et quoiqu'il fut intraitable, je m'y attachai, bien résolu de ne passer à aucun commandement expulsif, qu'il ne fut réconcilié avec Dieu. La difficulté fut trèsgrande; car le Démon lui faisoit oublier jusqu'au signe de la Croix, et ce n'étoit qu'à force de commandemens réitérés que j'en pouvois tirer quelque chose. Je fus plus de huit jours à lui faire faire une Confession générale, tenant de séances de trois ou quatre heures. Enfin je crus être obligé de lui commander de dire publiquement, avant de communier, pourquoi il avoit été saisi du Démon: voici ce qu'il dit: Le R. P. Philippe (c'est le Franciscain dont j'ai déjà parlé) étant venu dans notre Eglise pour y administrer ma mere, m'obligea malgré moi de me confesser, et de faire ma premiere Communion. Par honte je cachai plusieurs péchés, et fus le lendemain à la sainte Table dans cet état. Aussitôt que j'eus reçu le Corps de Notre-Seigneur sur la langue, je me sentis comme saisi, et transporté hors de moimème: je sortis de l'Eglise, et je fus jusqu'au milieu du jour sans pouvoir avaler la sainte Hostie, ne sçachant pas même ce qu'elle est devenue, ni si je l'ai avalée, ou non. C'est ainsi que Dieu m'a puni. Prenez exemple de moi. Il dit ces paroles avec tant de douleur, que tout le monde fondit en larmes ; et un moment après il communia avec assez de tranquillité: car depuis qu'il eut reçu l'absolution, il avoit des intervalles d'une paix profonde, et des sentimens de piété et de pénitence qui étonnoient tout le monde.

Je recommençai les Exorcismes expulsifs comme auparavant, et fe les continuai pendant plus d'un moi, sans avancer autre chose sinon que les bons momens d'intervalles devenoient plus fréquens, et étoient plus longs. Lassé, je le dis à ma honte, et fatigué d'une si longue résistance, craingnant même que les bonnes impressions qu'avoient fait aux assistans les premieres obéissances à mes commandemens, ne diminuassent, je pris la résolution de faire un dernier effort: ce fut d'imiter l'exemple de M. l'Evêque de Tilopolis dans une pareille occasion.

Je m'avisai donc dans un Exorcisme de commander au Démon, en latin, de le transporter au plancher de l'Eglise, les pieds premiers, et la tête en bas. Aussitôt son corps devint roide, et comme s'il eût été impotent de tous ses membres, il fut traîné du milieu de L'Eglise à une colonne, et là les pieds joints, le dos collé à la colonne, sans s'aider de ses mains, il fut transporté en un clin d'œil au plancher, comme un poids qui seroit attiré d'en haut avec vitesse, sans qu'il parút qu'il agit. Suspendu au plancher, les pieds collés, la tête en bas, je fis avouer au Démon, comme je me l'étois proposé pour le confondre, l'humilier, et l'obliger à quitter prise, la faus seté de la Religion Païenne. Je lui fis confesser qu'il étoit un trom peur, et en même tems je l'obligeai d'avouer la sainteté de notre Religion, le pouvoir du Dieu que nous adorons et de ses Ministres, elc. Je le tins plus d'une demi-heure en l'air; et n'ayant pas eu asser de constance pour l'y tenir plus longs-tems, tant j'étois effrayé moi même de ce que je voyois, jelui ordonnai de le rendre à mes pieds, sans lui faire mal. Il me le jetta sur le champ comme un paquet de linge sale, sans l'incommoder, et depuis ce tems-là mon Energumene, quoique pas entierement delivré, fut beaucoup soulage; et chaque jour ses véxations diminuoient: mais surtout lorsque j'étois à la maison, il paroissoit si raisonable qu'on l'auroit cru entierement libre. Il étoit même le premier à me dire, qu'il se croyoit deli vré. Cependant lorsque le besoin des Chrétiens m'appelloit ailleurs, pendant mon absence il étoit de tems en tems véxé; et communément on reconnoissoit mon retour prochain par ses manieres plus tranquil· les et ses discours. J'étois même sûr de le trouver toujours le pre mier à la porte pour m'accueillir. Il resta l'espace environ de cing mois dans mon Eglise, et au bout de ce tems il se trouva enfin deli vré imperceptiblement; et c'est aujourd'hui le meilleur Chrétien, peut-être, qu'il y ait en Cochinchine.

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Je n'en aurois peut-être jamais parlé en France, si le petit Cochin chinois que j'avois amené avec moi pendant mon séjour à Rome, ne l'eut raconté dans notre Séminaire d'une maniere assez peu intel ligible à cause de son peu facilité à parler François : ce qui obli gea nos Messieurs de me contraindre de leur en faire un récit plus juste. M. l'Abbé Bourgine, qui est revenu cette année de Cochin chine, et qui a appris le fait des Chrétiens, peut rendre témoignage à la vérité de ce que je viens de vous avancer, pour votre propre satisfaction, et la plus grande gloire de Dieu, auquel je vous prie de me recommander, ayant l'honneur d'étre,

MONSIEUR

Votre très-humble et très-obéissant Serviteur
DE LA COURT, prêtre Missionnaire
Apostolique.

A Paris ce 25. Novembre 1738.

PRÆLECTIONES

THEOLOGICE

DE ECCLESIA.

QUESTIO

PRIMA.

DE NATURA ECCLESIÆ.

ECCLESIA, CCLESIA, quæ juxta vim Græci nominis idem est ac Congre gatio, quandoque sumitur pro loco in quem conveniunt homines, ut I. Cor. 14. Mulieres in Ecclesiis taceant; quandoque et sæpius pro ipso hominum conventu. Tunc autem vel late sumitur pro quovis cœtu, sacro vel civili, bono vel malo, ut Psal. 25. v. 5. Odivi Ecclesiam malignantium; vel strictè pro sola Fidelium societate; seu ii regnent in Cœlis, quæ est Ecclesia Triumphans; seu abluantur ignibus purgatoriis, quæ est Ecclesia Patiens; seu etiamnum in terris adversus salutis hostes prælientur, quæ est Ecclesia Militans, eaque præsentis Tractatus materia.

Ecclesia postremo hoc sensu accipitur 1.° pro Pastoribus, quos Spiritus S. posuit regere Fideles, ut Matth. 18. Dic Ecclesia: si autem Ecclesiam non audierit; etc. 2.o pro fidelibus, qui vel in una domo, vel in eadem Parochia sub cura

Pastoris degunt, vel in una Civitate uni subjiciuntur Episcopo; 3. et præcipuè pro universa Christianorum gente quoquo versùm diffusâ.

Ecclesiæ sic sumptæ nomen multiplex, idque omni sensu honorificum. Est enim et dicitur Civitas Dei, Psal. 47. 2. Civitas supra montem posita. Matth. 5. 14. Domus Dei, I. Timoth. 3. 15. Castrorum acies ordinata, et quidem eo nomine terribilis, Cant. 6. 10. Corpus, Ovile, sponsa Christi, Coloss. 1. 25. Joan. 10. 16. Cantic. 4. 8. Columna et firmamentum veritatis, I. Timoth, 3. etc.

Kursùm multiplex fuit Ecclesiæ figura, 1.o in lege naturæ paradisus terrestris. Ut enim bene observat. Aug. L. 4. de Bapt. c. 1. Cùm Paradisi aqua sit extra Paradisum, beati tudo tamen non sit nisi intra Paradisum: sic Baptismus Ecclesiæ potest esse extra Ecclesiam, munus autem beatæ vitæ non nisi intra Ecclesiam reperitur. Itèm in eadem lege Arca Noë, cui Ecclesia hinc potissimùm similis est, quòd ut nemo extra Arcam tempore diluvii, sic extra Ecclesiam nemo salvus esse possit.

2.o in lege Mosaïca Templum Jerosolym. extra quod Agnun paschalem comedere non licebat; et lapis ille de quo Daniel 2. v. 35. qui primùm tenuis magnum in montem excrevit, et in universam Orbis faciem diffusus est.

3.o in nova lege Ecclesiam triplex præcipuè figura adumbravit.

Prima fuit vas illud ingens linteum quod vidit S. Petrus, ubi ipsi ostendit Deus, gentes esse ad fidem divinam admittendas. Secunda fuit piscatio jussu Christi bis facta, quæ quidem ante mortem Christi bonos et malos pisces colligit, ità ut etiam rumpatur rete: et hæc præsentem Ecclesiam designat, quam hæresibus et schismatibus dirumpi contingit: at verò post resurrectionem Christi multos et magnos pisces capit, nec tamen scinditur rete,, ut delineatur Ecclesia triumphans, quæ in continua autoris sui pace requiescens, nullis jam dis: sentionibus agitatur.

Tertia figura fuit tunica Christi inconsutilis; unde Aug. Tract. 118. in Joan. Merito vestis, qua caritas significatur desuper contexta perhibetur. Inconsutilis autem, nè aliquando dissuatur, et ad unum pervenit, quia in unum omnes colligit. Non figuris tantùm sed et parabolis Ecclesiam suam expressit Christus.

Prima est Agri, in quo cùm Paterfamilias zizania cum tritico permisceri animadvertisset, (Matth. 13. 24.) noluit avelli à servis, sed permisit simul crescere usque ad messem, fortè bonum simul cum malo tritico evelleretur.

Secunda est Sagenæ, quæ missa in mare pisces ex omni ge nere congregat. (Ibid. v. 27.)

Tertia est Pascuorum, ubi sunt hirci simul cum arietibus, et hædi cum ovibus. (Matth. 25. 32.)

Quarta est Convivii nuptialis, Matth. 22. ubi per regnum Cœlorum Ecclesiam intelligi vult S. Aug. in qua improbi sunt simul cum probis, donec absolutà cœnâ, hoc est exacto hujus vitæ stadio, qui inventi fuerint sine veste nuptiali, seu cari tate vacui, segregentur ab aliis et mittantur in tenebras exte

riores. His obiter præmissis inquirenda Ecclesiæ definitio. Hæc autem apud varios varia est.

Pelagiani Ecclesiam definiebant, Congregationem hominum perfectorum, nullum habentium peccatum. Ità refert S. Au gustinus lib. de hæresibus c. 88.

Novatiani dicebant Ecclesiam esse cœtum hominum qui nunquam lapsi fuissent in graviora peccata circa fidei confessionem.

Wiclefus non alios agnovit in Ecclesia quàm prædestinatos, neque aliud vinculum quo partes Ecclesiæ inter se colligentur, quam prædestinationem.

Lutherani duplicem distinguunt Ecclesiam; alteram veram, ad quam pertinere aïunt encomia quæ referuntur in Scripturis; et in hac dicunt contineri duntaxat eos qui verè et sincerè obediunt Deo: at nonnisi fidei lumine visibilem illam esse. Alteram externam " quæ nomen tantùm habeat Ecclesiæ, hancque describunt, Societatem hominum in doctrina fidei et Sacramentorum usu convenientium. Atque hinc Lutherus ait, Papam et Cardinales idcircò non esse de Ecclesia, quia Sancti non sunt.

Longè aliter Ecclesiam militantem, adæquatè spectatam, id est, prout corpore et animâ constat, definiunt Catholici, quibuscum sit

CONCLUSIO. Rectè definitur Ecclesia, Cœtus hominum unius et ejusdem fidei Christianæ professione, et eorumdem Sacramentorum communione conjunctus, sub regimine legitimorum Pastorum, ac præcipuè Romani Pontificis.

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Prob. 1. Illa definitio legitima est, quæ complectitur omnes partes Ecclesie, et ab ea removet quidquid ab ea est removendum : atqui talis est prædicta definitio. Tria enim in illa notantur, quorum si unum desit, non potest quis censeri de corpore et de gremio Ecclesiæ, scilicet professio fidei Christianæ, Sacramentorum communio, subjectio legitimis Pastoribus. Defectu primæ conditionis, excluduntur omnes infideles et hæretici. Defectu secundæ, excluduntur vel qui Sacramentorum incapaces sunt, ut Catechumeni; vel qui per Ecclesiæ censuram ab eorumdem communione sunt præcisi, ut excommunicati. Defectu tertiæ conditionis, excluduntur schisma. tici, qui tametsi fidem habeant et Sacramenta, legitimo tamen Pastori non obtemperant, atque idcirco foris extra Ecclesiam fidem profitentur, et Sacramenta recipiunt.

Prob. 2.° quia nova non est, ut fingit Launoius, Ecclesiæ definitio, in qua mentio fiat Pastorum quibus obtemperare debent fideles. S. Cyprian. Ep. 69. (Ed. Rigalt. pag. 118.

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