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Bátards de la maison de France.

LE duc de Longueville, beau-frère du grand Condé, qui avoit épousé successivement deux princesses du sang, prétendoit que le bâtard d'Orléans, comte de Dunois, ayant été légitimé à la réquisition des états généraux, sa postérité étoit devenue habile à succéder à la couronne. Quelque chimérique que pût être cette prétention, Louis XIV chargea le chancelier Seguier d'offrir au duc de Longueville toutes les grâces qu'il désireroit, en renonçant à ce droit vrai ou faux. Louis XIV étoit sans doute alors bien éloigné de penser à ce qu'il fit lui-même dans la suite pour ses bâtards. Quoi qu'il en soit, le duc de Longueville ne voulut se prêter à aucun arrangement; le roi, pour lui ôter toute parité avec les princes du sang, défendit que les aumôniers lui présentassent le pain bénit à la messe, ni qu'on lui fournît un carreau de la sacristie. Il lui interdit aussi l'entrée dans le balustre aux premières audiences des ambassadeurs, ce qui n'est permis qu'aux princes du sang, et à ceux qui ont un droit de charge. Le duc ayant osé y entrer, au mépris de l'ordre verbal qui lui avoit été donné de la part du roi, ce prince l'en fit

sortir; le duc se retira, la rage dans le cœur, et mourut peu de temps après, en 1663. Son fils, duc de Longueville, fut tué au passage du Rhin, en 1672, sans avoir été marié, ne laissant de son nom que la duchesse de Nemours, sa soeur d'un premier lit, veuve sans enfans, morte en 1707, et son frère aîné, l'abbé d'Orléans, prêtre, et mort fou en 1694.

Louis XIV, voulant procurer à ses bâtards ce qui l'avoit si fort révolté dans les Longueville, c'est-à-dire la qualité de prince du sang, et ensuite l'habileté à la succession à la couronne, se repentit sans doute de ce qu'il avoit fait contre le duc de Longueville : c'eût été une autorisation. Il falloit d'abord les faire légitimer; et comme ils se trouvoient double adultérins, si l'on nommoit la mère, la loi rendoit les bâtards du roi légitimes enfans du marquis de Montespan, qui n'est mort qu'en 1702. On imagina de faire un exemple. Le duc de Longueville, qui venoit d'être tué au passage du Rhin, lorsqu'il alloit être roi de Pologne, laissoit un bâtard. Le roi persuada à la duchesse de Longueville de tenter la légitimation du bâtard de son fils. L'autorité du roi, sourdement employée, et les autorités de droit administrées par le procureur général Harlay, depuis premier président, levèrent toutes les difficultés. Le chevalier de Longueville fut donc

légitimé en septembre 1672 (*); et quinze mois après, le dix décembre 1673, le duc du Maine, le comte de Vexin, et mademoiselle de Nantes, qui fut depuis madame la Duchesse, grand'mère du prince de Condé d'aujourd'hui, eurent des lettres de légitimation enregistrées sans autres motifs, que la tendresse, la volonté du roi, la grandeur de leur naissance, et l'espérance de leur mérite, et nulle mention de la mère. En janvier 1680, les trois enfans eurent, par lettres patentes enregistrées, la faculté de se succéder les uns aux autres dans leurs biens. En 1681, le roi fit, pour le comte de Toulouse (**), et pour mademoiselle de Blois, depuis duchesse d'Orléans, tout ce qu'il avoit fait pour les trois premiers enfans. Quelques années après, le roi, s'appuyant de l'exemple de Henri IV, à l'égard de César de Vendôme, en 1610, donna, par lettres enregistrées en 1694, au duc du Maine et au comte de Toulouse, le rang intermédiaire au parlement, entre les princes du sang et les pairs, et, le 8 juin, le duc de Vendôme, petitfils de César, obtint le même rang intermédiaire

t

(*) Il fut tué au siége de Philisbourg, en 1688. (**) Il épousa secrètement, le 16 février 1723, la marquise de Gondrin, sœur du dernier maréchal de Noailles; le cardinal de Noailles les maria dans sa chapelle; c'étoit pendant le lit de justice de la majorité de Louis XV.. :

au-dessus des pairs; ces distinctions de rang furent confirmées par l'édit sur les pairies du mois de mai 1711. Le roi, ne pouvant donner à ses enfans naturels une supériorité réelle sur les princes du sang, affectoit de leur prodiguer des distinctions de préférence qui pussent établir dans les esprits, dans l'imagination du public, une égalité de considération pour les légitimés et les légitimes. Il donnoit, par exemple, à M. le Duc, son gendre, des entrées libres et familières qu'il refusoit à M. le Prince, de sorte que le fils entroit à des heures et en des occasions où le père demeuroit dans l'antichambre avec le reste de la cour. Madame la Duchesse, et même madame du Maine, menoient leurs dames d'honneur à Marly, ce que madame la Princesse, ni la princesse de Conti, ne purent jamais obtenir.

Quelque solidité que le roi cherchất à procurer à la grandeur de ses bâtards, il ne pouvoit pas ignorer que le rang de César de Vendôme avoit été attaqué, après la mort de Henri IV; que ce même César n'avoit reçu, en 1619, le collier de l'ordre qu'après les ducs de Guise, de Mayenne et de Joyeuse; et qu'enfin François de Vendôme, fils de César, n'avoit eu séance au parlement, en 1649 et 1665, que du jour de l'enregistrement de la pairie de Beaufort. Louis résolut donc d'égaler en tout les légitimés aux princes

du sang; par un édit, enregistré le 10 août 1714, les légitimés et leurs descendans furent appelés à la couronne au défaut des princes du sang; et par une déclaration du 25 mai 1715, confirmative de l'édit, l'état des princes légitimés fut rendu égal en tout à celui des princes du sang. Tant de précaution devint inutile: l'autorité des rois ne leur survit point. Deux ans après la mort de Louis XIV, en 1717, l'édit de 1714, et la déclaration de 1715, furent révoqués; et le 26 août 1718, Louis XV, dans le lit de justice tenu aux Tuileries, révoqua, par un édit, celui de 1694: les légitimés furent réduits au rang de leurs pairies. Ce n'a été que par des déclarations successives de 1723, 1727 et 1745 que le rang intermédiaire a été conservé aux légitimés, ce qui aura toujours besoin d'être accordé à chaque génération, et ce qui finira vraisemblablement par ne plus l'être.

Lorsque le rang intermédiaire fut donné par Louis XIV au dernier duc de Vendôme, la veuve du duc de Verneuil (*) eut, à la cour, des honneurs de princesse; son mari n'avoit point eu d'autres honneurs que ceux de duc; il étoit précédé au parlement par son beau-fils, le duc de Sully, plus ancien duc.

Voyons maintenant sur quoi est fondée la lé(*) Fille du chancelier Séguier, et veuve du duc de Sully.

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