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« Il est certain que M. de Sisteron prétendoit » se faire cardinal; je le sais du camerlingue, >> décembre 1722. Ce cardinal m'a dit une chose » qui vous surprendra beaucoup : il assure avoir » vu, de ses yeux, une lettre de M. le cardinal » Dubois à M. de Sisteron, dans laquelle il lui » mandoit que, quand sa promotion seroit faiil songeroit à le faire cardinal à son tour ». (Le même à la même, janvier 1723 ).

» te,

« L'amitié du père Tournemine, pour M. de >> Sisteron, ne fera pas honneur au premier; elle » ne peut être fondée sur aucun motif qui l'ex>>cuse,nidevant les honnêtes gens, ni devant sa >> compagnie. Est-il possible que je trouverai >> dans mon chemin un aussi grand et un aussi >> indigne fripon qui n'a ni religion, ni honneur, >> ni sentimens? J'ai des preuves évidentes et in>> contestables de tous ces points >>.

:

(Le même à la même, octobre 1723).

Benoit XIII (Ursini).

<< Entre vous et moi, le pape qu'on a fait est » un saint, mais c'est un fou, ignorantissime, » >> sans aucune expérience, ni talent pour le gou» vernement, et capable de donner dans les plus » grands travers. Je prévois le pontificat le plus » extraordinaire qui ait jamais été. En homme

»sage et sensé, indépendamment de tant d'au» tres considérations, je dois désirer de me re» tirer, et c'est à quoi il faut songer.... M. le car>> dinal de Rohan a fait tout ce qu'il a qu'il a pu; mais » il a été traversé dans le conclave par tout ce » qui étoit de François, lesquels y ont eu une >> conduite très-préjudiciable au service du roi. >> Outre cela, l'envie et la jalousie contre moi, >> dans quelques-uns; dans d'autres, l'étourderie >> et l'indiscrétion ; dans plusieurs, l'espérance » de servir le cardinal de Polignac, leur font te>> nir une conduite et des discours qui ne ten>> dent qu'à me décréditer, et à inspirer au pape, » sur les affaires de l'église, des sentimens et des >> dispositions qu'il ne sera pas aisé de vaincre, » parce que, comme je vous l'ai déjà dit, c'est >> un sot, aussi incapable de gouverner que » Fayet (*). Ainsi, le mieux pour moi est de me >> retirer sur la bonne bouche ».

(Le même à la même, mai 1724).

« J'eus hier ma première audience du pape: » en vérité, je puis dire que j'ai le vol de ces mes»sieurs-là. Je fus reçu comme un ange, loué, >> caressé, et m'étant déjà fait jour à la confian>>ce; il est vrai que j'ai un talent singulier pour >> leur dire des douceurs avec un air de candeur

(*) Laquais de madame de Tencin.

» et de vérité, auquel je sens moi-même qu'il >> est très-difficile de résister. Il me veut sacrer >> lui-même; ce qui est un honneur très-distin» gué que les seuls cardinaux ont coutume de >> recevoir, et qui fera mourir de jalousie mes >> envieux qui se flattoient que je n'aurois aucun >> crédit sous ce pontificat, et qui affectent d'exal>>ter celui du cardinal de Polignac, pour qu'on >> le laisse ici chargé des affaires.

>> Pour vous donner une idée du génie du pa»pe, qu'il vous suffise de savoir qu'après trois >> jours de prières, le ciel ne lui a inspiré autre » chose que de faire ôter les perruques à tous » les écoliers des colléges. En conséquence de >> cela, les prélats et les cardinaux l'ôteront; il y >> en a qui l'ont déjà fait : et, moi qui vous par>>le, j'en ferai autant ».

(Le même à la même, juin 1724).

Le cardinal de Polignac.

« Il n'est pas possible, avec autant de talent, >> d'avoir aussi peu de fond; il raisonne à faire » pitié : il dit, par exemple, que pour faire un >> pape il suffit qu'il soit saint, parce que cette » qualité ne peut être suppléée, et que toutes les >> autres peuvent l'être. Raisonnement pernicieux » pour la politique et même pour la religion. >>> Les gens sages ont trouvé que la cour avoit

» mal fait de le faire venir au conclave; le car>> dinal Dubois l'en avoit toujours écarté ; il est >> sûr qu'il agira toujours contre les intentions de » la cour, parce qu'il voudra faire quelque chose, » et que, s'il étoit chargé des ordres du roi, il >> ne les exécuteroit en rien qui vaille. Son tic » présentement est la dévotion ».

(Le même à la même, juin 1724).

L'abbé de Tencin

<< Le roi d'Angleterre, après m'avoir fait mille » amitiés, m'a parlé de façon à me faire voir >> qu'il me donneroit de tout son cœur sa nomi>> nation. Je suis persuadé, qu'à moins qu'on ne » la veuille pour M. de Fréjus, qui que ce soit >> ne l'emporteroit sur moi, et même que la cho» se seroit bientôt faite quand je serai une fois » évêque, si M. le cardinal Dubois le veut un >> peu. Mon chapeau seroit plus sûr que ne l'a >> été le sien, j'ose le dire, avant que je m'en sois >> mêlé »..

(Le même à la même, janvier 1723).

« Je fais un château en Espagne ; n'y auroit-il » pas moyen de revenir sur le procès de Mer» lon (*)? Consultez si on peut faire reprendre >> l'instance par mon chapitre, et trouver le

(*) Affaire peu honorable à l'abbé de Tencin.

» moyen qu'elle fût jugée par écrit et non pas à >> l'audience où la grand'chambre ne voudroit » pas se démentir publiquement. Ce diable de >> procès est celui des événemens de ma vie qui » me fait le plus de peine ».

(Le même à la même, février 1723).

« Ce que vous me mandez, relativement au >> premier ministre (M. le Duc), est très-impor>>tant: je me suis heureusement conduit à mer» veille; je n'ai témoigné aucun empressement >> pour la promotion de l'évêque de Fréjus, par>> ce que je n'en avois aucun, et que je la regar» dois comme une folie; j'ai représenté qu'elle >> étoit impraticable. Je n'exilerois pas l'homme >> en question (toujours l'évêque de Frejus), je » le mépriserois, et lui donnerois des dégoûts » qui l'obligeroient, de lui-même, à prendre le >> parti de fuir, comme il le fit l'année passée ».

(Le même à la même, juillet 1723).

« Je suis un sot, je l'avoue : l'ambition', loin. » de se réveiller en moi, s'éteint tous les jours >> davantage. Je ne désire bien sincèrement, et » bien réellement, que de me retirer et vivre >> tranquillement ».

(Le même à la même, janvier 1724).

« Vous avez beau faire, vous ne me ferez pas

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