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pour des enfants! Souvent une mere qui passe sa vie au jeu, à la comédie, et dans des conversations indécentes, se plaint d'un ton grave qu'elle ne peut pas trouver une gouvernante capable d'élever ses filles. Mais qu'est-ce que peut la meilleure éducation sur des filles à la vue d'une telle mere? Souvent encore on voit des parents qui, comme dit S. Augustin, menent eux-mêmes leurs enfants aux spectacles publics, et à d'autres divertissements qui ne peuvent manquer de les dégoûter de la vie sérieuse et occupée, dans laquelle ces parents mêmes veulent les engager; ainsi ils mêlent le poison avec l'aliment salutaire. Ils ne parlent que de sagesse ; mais ils accoutument l'imagination volage des enfants aux violents ébranlements des représentations passionnées et de la musique, après quoi ils ne peuvent plus s'appliquer. Ils leur donnent le goût des passions, et leur font trouver fades les plaisirs innocents. Après cela ils veulent encore que l'éducation réussisse; et ils la regardent comme triste et austere, si elle ne souffre ce mêlange du bien et du mal. N'est-ce pas vouloir se faire honneur du desir d'une bonne éducation de ses enfants, sans vouloir en prendre la peine, ni s'assujettir aux regles les plus nécessaires?

Finissons par le portrait que le Sage fait d'une femme forte :

Son prix, dit-il, est comme celui de ce qui vient de loin et des extrémités de la terre. Le cœur de son époux se confie à elle; elle ne manque jamais des dépouilles qu'il lui rapporte de ses victoires; tous les jours de sa vie elle lui fait du bien, et jamais du mal. Elle cherche la laine et le lin: elle travaille avec des mains pleines de sagesse. Chargée comme un vaisseau marchand, elle apporte de loin ses provisions. La nuit elle se leve, et distribue la nourriture à ses domestiques. Elle considere un champ, et l'achete de son travail, fruit de ses mains; elle y plante une vigne. Elle ceint ses reins de force, elle endurcit son bras. Elle a goûté et vu combien son commerce est utile: sa lumiere ne s'éteint jamais pendant la nuit. Sa main s'attache aux travaux rudes, et ses doigts prennent le fuseau. Elle ouvre pourtant sa main à celui qui est dans l'indigence, elle l'étend sur le pauvre. Elle ne craint ni froid ni neige, tous ses domestiques ont de doubles habits: elle a tissu une robe pour elle, le fin lin et la pourpre sont ses vêtements. Son époux est illustre aux portes, c'est-àdire dans les conseils, où il est assis avec les hommes les plus vénérables. Elle fait des habits qu'elle vend, desceintures qu'elle débite aux Chananéens. La force et la beauté sont ses vêtements, et elle rira dans son dernier jour. Elle ouvre sa bouche à la sagesse, et

une loi de douceur est sur sa langue. Elle observe dans sa maison jusqu'aux traces des pas, et elle ne mange jamais son pain sans occupations. Ses enfants se sont élevés, et l'ont dite heureuse. Son mari s'éleve de même, et il la loue: Plusieurs filles, dit-il, ont amassé des richesses; vous les avez toutes surpassées. Les graces sont trompeuses, la beauté est vaine: la femme qui craint Dieu, c'est celle qui sera louée. Donnez-lui du fruit de ses mains; et qu'aux portes, dans les conseils publics, elle soit louée par ses pro

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Quoique la différence extrême des mœurs, la briéveté et la hardiesse des figures, rendent d'abord ce langage obscur, on y trouve un style si vif et si plein, qu'on est bientôt charmé si on l'examine. Mais ce que je souhaite davantage qu'on en remarque, c'est l'autorité de Salomon, le plus sage de tous les hommes ; c'est celle du saint Esprit même, dont les paroles sont si magnifiques pour faire admirer dans une femme riche et noble la simplicité des mœurs, l'économie et le travail.

(1) Prov. 31, 10.

AVIS DE M. DE FÉNÉLON

A UNE DAME DE QUALITÉ

sur l'éducation de mademoiselle sa fille.

PUISQUE vous le voulez, madame, je vais vous proposer mes idées sur l'éducation de mademoiselle votre fille.

Si vous en aviez plusieurs, vous pourriez en être embarrassée, à cause des affaires qui vous assujettissent à un commerce extérieur plus grand que vous ne le souhaiteriez. En ce cas, vous pourriez choisir quelque bon couvent où l'éducation des pensionnaires seroit exacte. Mais puisque vous n'avez qu'une seule fille à élever, et que Dieu vous a rendue capable d'en prendre soin, je crois que vous pouvez lui donner une meilleure éducation qu'aucun couvent. Les yeux d'une mere sage, tendre et chrétienne, découvrent sans doute ce que d'autres ne peuvent découvrir. Comme ces qualités sont très rares, le plus sûr parti pour les meres est de confier aux couvents le soin d'élever leurs filles, parceque souvent elles manquent des lumieres nécessaires pour les instruire; ou, si elles les ont, elles ne les fortifient pas par l'exemple

d'une conduite sérieuse et chrétienne, sans lequel les instructions les plus solides ne font aucune impression; car tout ce qu'une mere peut dire à sa fille est anéanti par ce que sa fille lui voit faire. Il n'en est pas de même de vous, madame : vous ne songez qu'à servir Dieu; la religion est le premier de vos soins, et vous n'inspirerez à mademoiselle votre fille que ce qu'elle vous verra pratiquer: ainsi je vous excepte de la regle commune, et je vous préfere, pour son éducation, à tous les couvents. Il y a même un grand avantage dans l'éducation que vous donnez à mademoiselle votre fille auprès de vous. Si un couvent n'est pas régulier, elle y verra la vanité en honneur; ce qui est le plus subtil de tous les poisons pour une jeune personne. Elle y entendra parler du monde comme d'une espece d'enchantement; et rien ne fait une plus pernicieuse impression que cette image trompeuse du siecle, qu'on regarde de loin avec admiration, et qui en exagere tous les plaisirs sans en montrer les mécomptes et les amertumes. Le monde n'éblouit jamais tant, que quand on le voit de loin sans jamais l'avoir vu de près, et sans être prévenu contre sa séduction. Ainsi, je craindrois un couvent mondain encore plus que le monde même. Si au contraire un couvent est dans la ferveur et dans la régularité de son institut, une jeune

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