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13°. Le premier étoit de lui rendre, sans exception, tous les droits de souveraineté sur la ville et sur le magistrat, sur le pays et sur les états, à condition que le roi d'Espagne auroit dans la citadelle et dans la ville une garnison de ses troupes, pour défendre cette place contre les François, qui ne manqueroient pas de s'en emparer par surprise, si on n'usoit pas d'une précaution si nécessaire.

14°. Le second expédient étoit de dédommager l'église de Cambrai de la souveraineté, en donnant à l'archevêque le comté d'Alost, et au chapitre métropolitain la terre de Lessines qui est d'un grand re

venu.

15°. L'archevêque et le chapitre refuserent ces propositions; et, par ce refus, ils demeurerent dépouillés de leur souveraineté, sans aucun dédommagement.

16°. La conquête du roi survint l'an 1677. Mais comme sa majesté est trop juste et trop pieuse pour avoir voulu faire une conquête sur l'église pour la dépouiller de ce qui lui appartient, il s'ensuit, avec la derniere évidence, qu'elle n'a pu vouloir conquérir Cambrai que sur les Espagnols: or il est visible que ceux-ci n'y avoient aucune ombre de droit ; donc la conquête faite sur eux n'en a donné aucun de légitime au roi sur cette place. Comme les Espagnols,

par leur conquête, n'avoient pu qu'entrer dans l'invasion de Balagni, tout de même sa majesté, par sa conquête, n'a fait que déposséder les Espagnols usurpateurs, sans vouloir arracher à l'église ce qui est incontestablement à elle.

17o. Il est vrai que sa majesté obtint, par le traité de paix de Nimegue, une cession de Cambrai et du Cambresis, faite par le roi d'Espagne. Mais une cession obtenue de celui qui n'y avoit aucun droit est une cession visiblement nulle et insoutenable. C'est de l'empire et de l'archevêque de Cambrai, vrai et légitime possesseur de ce droit, qu'il auroit fallu obtenir la cession. Celle du roi d'Espagne est semblable à celle par laquelle je céderois à Pierre, au préjudice de Paul, une terre appartenant à Paul, sur laquelle je n'aurois aucun droit : une telle cession est

comme non avenue.

18°. L'an 1696, je pris la liberté de proposer à sa majesté de se faire donner par l'empire et par l'archevêque une véritable cession de cette souveraineté, dans le traité de paix qui devoit alors terminer la guerre commencée l'an 1688. Mais, selon les apparences, cet article fut oublié quand on fit le traité de Riswick.

19°. Il s'agiroit maintenant de faire mettre cette cession dans le traité de paix dont on parle tant de

tous côtés. Cette cession mettroit la conscience du roi dans un très solide repos, et elle assureroit à jamais Cambrai à la France: sans cette cession, l'empire pourroit un jour, dans des temps moins favorables, disputer à nos rois cette très importante place qui est si voisine de Paris.

20°. Il ne faudroit point mettre la chose en doute, ni la tourner en négociation, de peur que les ennemis ne voulussent la faire acheter; il suffiroit qu'on demandât cet article comme un point de pure formalité, après la fin de toute négociation, quand tout le reste seroit déjá conclu et arrêté par écrit.

21°. Sa majesté, qui a tant de zele pour l'église et qui est si éloignée de la vouloir dépouiller sans quelque dédommagement, pourroit s'engager à lui en donner un, quand la paix lui fourniroit des facilités pour le faire.

22°. Pour moi, je serois ravi de signer une cession qui assureroit au roi et à l'état une place si nécessaire. Je ne ferois aucun scrupule de renoncer à une souveraineté temporelle, qui ne feroit que causer des désordres et des abus pour le spirituel de notre église, comme nous en voyons d'énormes à Liege et dans les autres villes d'Allemagne.

23°. Le pape autoriseroit et confirmeroit sans peine ma cession ; l'empire la feroit dans le traité,

24°. Je ne demanderois aucun avantage personnel; et si le roi accordoit des revenus ou des honneurs à l'archevêché en dédommagement, je consentirois sans peine à ne les avoir jamais pour ma personne, en sorte qu'ils fussent réservés à mes suc

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PORTRAIT

DE L'ÉLECTEUR DE BAVIERE.

M. l'électeur m'a paru doux, poli, modeste, et glorieux dans sa modestie. Il étoit embarrassé avec moi, comme un homme qui en craint un autre sur sa réputation d'esprit. Il vouloit néanmoins faire bien pour me contenter; d'ailleurs il me paroissoit n'oser en faire trop, et il regardoit toujours par-dessus mon épaule M. le marquis de Bedmar, qui est, dit-on, dans une cabale opposée à la sienne. Comme ce marquis est un Espagnol naturel, qui a la confiance de la cour de Madrid, l'électeur consultoit toujours ses yeux avant que de me faire les avances qu'il croyoit convenables : M. de Bedmar le pressoit toujours d'augmenter les honnêtetés; tout cela marchoit par ressorts comme des marionnettes. L'électeur me paroît mou et d'un génie médiocre, quoiqu'il ne manque pas d'esprit et qu'il ait beaucoup de qualités aimables. Il est bien prince, c'est-à-dire foible dans sa conduite, et corrompu dans ses mœurs. Il paroît même que son esprit agit peu sur les violents besoins de l'état qu'il est chargé de soutenir; tout y manque; la misere espagnole surpasse toute imagination. Les places frontieres n'ont

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