Obrázky na stránke
PDF
ePub

sions, elle ne peut les contenir longtemps, et pourquoi irait-elle contre sa nature? et cela est pour le mieux. De plus, qu'est-ce que vaut un cœur sans corps? et un corps sans cœur vaut-il davantage? Que si on m'objecte qu'il serait bon qu'elle gardât sa parole, je réponds que c'est à l'homme à garder la sienne, puisque c'est à lui que Dieu la donna pendant que la femme l'a prise comme une fleur des champs, qu'on cueille ici et qu'on laisse tomber plus loin.

Ainsi donc la femme peut garder ou oublier sa parole; garder son cœur ou le laisser promener où bon lui semblera, puisque c'est son droit; mais avec la condition que les mots soient doux, parceque c'est son devoir, et que le cœur ne marche pas trop loin, parceque ce serait pour elle trop ennuyeux. Il serait sans doute plaisant pour elle d'attendre dix années pour dire deux mots, comme cela m'est arrivé, et peut-être pour dire deux choses inutiles, si elles ne sont pas niaises! Non; leur temps vaut beaucoup mieux que celui des ministres parlementaires d'Espagne, qui nous débitent dans l'argot des avocats force mensonges; et mensonge pour mensonge, j'aime encore mieux celui des dames; elles font bien tout ce qu'elles font, même ce qu'elles font mal.

Ainsi donc, belles dames, faites toujours ce que vous avez fait jusqu'à présent, et riez-vous des hommes qui médisent de vous. En effet, à quoi

vous servirait de vouloir changer votre nature? Bien peu de chose; Horace le dit:

Naturam expelles furca, tamen usque recurret.

Et quand on a Horace et le latin pour soi on peut bien se permettre quelques licences de jeunesse.

Je supplie le lecteur bénévole d'excuser ces derniers paragraphes dans lesquels je me suis permis d'égayer la matière : je trouvais que j'avais entassé un trop grand nombre d'arguments pour soutenir ma conjecture, et j'ai voulu rompre l'uniformité. Le lecteur appréciera mes raisons et laissera de côté les plaisanteries, bien ou mal venues. Ce que je veux que le lecteur sache c'est qu'en effet Adam fut doué du don de la parole, et qu'Eve le fut aussi dans la seconde création, mais seulement comme par reflet.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Après avoir rompu pour un instant la gravité de la discussion qui nous occupait il convient d'examiner les autres arguments qui appuient ma conjecture.

Adam eut le don de la soi-procréation, si on me permet ce mot; Ève lui fut donnée précisément pour cet objet et pour être sa compagne. Il fallait donc que la femme fût toujours prête pour cela,

qu'elle ne s'oubliât jamais, qu'elle ne fût pas capable de la moindre méprise sur sa destination; et la femme remplit parfaitement bien la charge, le devoir qu'on lui imposa.

Pour parvenir à cette fin quel meilleur moyen que d'employer l'organe qui y était destiné depuis le commencement de la nature humaine! L'œil voit toujours, l'ouïe entend toujours; le membre destiné à un grand ministère perfectionné par la main de Dieu, animé d'un souffle divin, pouvait-il manquer à sa noble mission!...

La femme fut édifiée avec un élément pris d'une partie élevée, qui ne devait jamais toucher le sol: elle aime les voitures, les chevaux. Combien de fois n'ai-je pas craint que plus d'une belle dame renversée par sa monture ne mourût victime de son imprudence! Monte-t-elle à cheval? elle ne craint rien et elle se sauve là où un lieutenant de hussards périrait. Y a-t-il une escarpolette à la campagne? elle s'élevera jusqu'aux branches les plus hautes. Dans les montagnes les jeunes filles au corps de guêpe descendraient toujours, et toujours elles trouveraient la course lente; elles aiment la rapidité de l'éclair. L'homme souffre dans son cœur, et il craint: la femme est tout cœur, et par une anomalie elle est toute membranes. Elle a un moyen plus grand pour la résistance, car l'impression lui arrive amortie au travers des mille membranes dont son cœur est enveloppé. Si on voyage sur les chemins de fer, ce sont elles qui trouvent toujours qu'on

marche à pas de tortue. En somme, dans tous ces cas et mille autres, c'est le père, le frère, le colonel, le corsaire qui ont peur, et c'est la jeune fille qui s'assujettit à regret aux lois de prudence qu'on lui impose.

La peau membraneuse est par elle-même moins sensible que la chair; et cependant la femme souffre beaucoup plus que l'homme sans sourciller. S'il s'agit d'un corps chaud, l'homme ne peut soutenir sa chaleur; la femme la niera. Mettez des œufs brûlants sur la table : une homme ne peut pas les souffrir avec la serviette; la jeune dame les tiendra dans la main. Des pommes, des châtaignes ou tout autre corps demi-brûlant, une belle dame les manie avec la plus grande aisance, tandis que l'homme fait une triste figure. Combien de fois n'ai-je point été tenté de donner le brevet d'incombustibilité à plus d'une jolie fille, à plus d'une belle dame? Eh bien! si nous sommes en hiver, celle-la même qui pouvait souffrir la chaleur d'un charbon ardent dans sa main ira à la promenade de manière à défier les plus hardis chasseurs, les campagnards les plus endurcis. C'est toujours le même principe qui porte aux mêmes conséquences, quoique celles-ci au premier coup d'œil semblent contradictoires, et c'est la nature peu sensible de la peau membraneuse.

Ces peaux sont en général froides, et elles doivent l'être puisque le sang ne court pas à travers leurs tissus; et c'est ce qui fait que le corps de la femme est froid. La femme souffrira bien le froid, mais elle

n'aura point de chaleur: ses mains, ses pieds, ses bras seront toujours froids. Même dans l'été la chaleur est agréable pour la femme; et quand je parle de chaleur et de froid, il est clair que je ne puis parler que de la chaleur comparative des individus des deux sexes. Il est aisé de voir qu'un des moyens les plus puissants que Dieu a employé pour attirer la femme vers l'homme, l'épouse vers son époux, c'est la différence de chaleur qu'il y a entre eux. C'est la raison par laquelle la femme aime l'homme barbu la barbe, le poil sont un signe de chaleur; la barbe, le poil donnent et conservent la chaleur ; le poil du corps donne au sang un mouvement plus vif, et la femme sait cela par instinct.

On voit rempli par là en partie le fameux theschukatek du verset 16, ch. 1. Ce verset mériterait bien une discussion exégétique, mais précisément aucun des auteurs que j'ai pris pour guides n'en font mention pour ainsi dire, du moins dans leurs notes. Mais Glaire traduit : des désirs sans bornes te porteront vers ton mari, ce qui est très bien. La Vulgate est encore plus défectueuse, et cela est d'autant plus étrange que le texte grec est dans le sens de tous les interprètes modernes, quoique avec moins de force. Je crois qu'on pourrait justifier dans un certain sens la Vulgate, mais comme cela n'entre point dans mon plan je laisserai cette question à qui voudra s'en occuper. En effet la chaleur est dans l'homme un puissant moyen d'attrait, et le froid dans la femme un aiguillon très fort qui

« PredošláPokračovať »