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lui

me à l'Ordre. Maintenant nous fommes en épreuve dans nôtre corps. C'est , comme caufe occafionnelle, que nous recevons de Dieu mille & mille sentimens divers qui font la matiere de nos mérites la par grace de Jefus-Chrift. Il falloit effectivement une cause occasionnelle à une cause générale, comme je vous le prouverai bientôt, afin que cette caufe générale agiffant toûjours d'une maniere uniforme & conftante, elle puft produire dans fon ouvrage par des moyens tres-fimples, & des loix générales toûjours les mêmes, une infinité d'effets differens. Ce

n'eft pas neanmoins que Dieu ne puft

trouver d'autres caufes occafionnelles que les corps, pour donner à fa conduite la fimplicité & l'uniformité qui y regne. Il y en a effectivement d'autres dans la nature angelique. Ces efprits bienheureux font peut-être reciproquement les uns aux autres, & à eux-mêles divers mouvemens de > par leur volonté, la caufe occafionnelle de l'action de Dieu qui les éclaire & qui les gouverne. Mais ne parlons point de ce qui nous paffe. Voici ce que je ne crains point de vous affurer, ce qui

mes

eft abfolument néceffaire pour éclaircir le fujet de nôtre entretien, & que je vous prie de bien retenir pour le méditer à loifir.

XIII. Dieu aime l'Ordre inviolablement & par la néceffité de fon être. Il aime, il estime toutes choses à proportion qu'elles font eftimables & aimables. Il haït néceffairement le defordre. Cela eft peut-être plus clair & plus inconteftable que la preuve que je vous en donnerai quelque jour, & que je paffe maintenant. Or c'eft vifiblement un defordre, qu'un efprit capable de le VIII. connoître & d'aimer Dieu, & par con

fequent fait pour cela,
cela, foit obligé de

s'occuper des befoins du corps. Donc
l'ame étant unie au corps, & devant
s'intereffer dans fa confervation, il a
fallu qu'elle fuft avertie par des preu-
ves d'inftinct, je veux dire

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par des preuves courtes mais convaincantes, du rapport que les corps qui nous environnent ont avec celui que nous animons.

XIV. Dieu feul eft nôtre lumiere, & la caufe de nôtre felicité. Il poffede les perfections de tous les êtres. Il en a toutes les idées. Il renferme donc dans La fageffe tous les véritez fpeculatives &

Dans

Entret,

per

pratiques: car toutes ces véritez ne font que des rapports de grandeur & de fection qui font entre les idées, ainsi * Entret. que je vous le prouverai * bientôt. Lui VIII. feul doit donc être l'objet de l'attention

de nôtre efprit, comme étant lui feul capable de l'éclairer, & d'en regler tous les mouvemens, comme étant lui feul au deffus de nous. Affurément un ef prit occupé des créatures, tourné vers les créatures, quelque excellentes qu'elles puiffent être, n'eft pas dans l'Ordre où Dieu le demande, ni dans l'état où Dieu l'a mis. Or s'il falloit examiner tous les rapports qu'ont les corps qui nous environnent avec les difpofitions actuelles du nôtre, pour juger fi nous devons, comment nous devons, combien nous devons avoir de commerce avec eux; cela partageroit, que dis-je ! cela rempliroit entierement la capacité de nôtre efprit. Et affurément nôtre corps n'en feroit pas mieux. Il feroit bientôt détruit par quelque diftraction involontaire. Car nos befoins changent fi fouvent, & quelquefois fi promptement, que pour n'être pas furpris de quelque accident fâcheux, il faudroit une vigilance dont nous ne fommes pas

de con

capables. Quand s'aviferoit-on de manger, par exemple; dequoi mangeroiton ; quand cefferoit-on de le faire ? La belle occupation à un efprit qui promene & qui exerce fon corps, noître à chaque pas qu'il lui fait faire, qu'il eft dans un air fluide qui ne peut le bleffer ni l'incommoder par le froid ou le chaud, par le vent ou la pluye, ou par quelque vapeur maligne & corrompue: qu'il n'y a point fur chaque endroit où il va pofer le pied quelque corps dur & piquant capable de le bleffer: qu'il faut promptement baiffer la tête pour éviter une pierre, & bien garder l'équilibre de peur de fe laiffer choir! Un homme toûjours occupé de ce qui fe paffe dans tous les refforts dont fon corps eft compofé, & dans une infinité d'objets qui l'environnent peut donc penfer aux vrais biens, ou du moins il n'y peut penfer autant que les vrais biens le demandent & par confequent autant qu'il le doit, puis que nôtre efprit n'eft fait & ne peut être fait que pour s'occuper de ces biens qui peuvent l'éclairer & le rendre heureux.

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X V. Ainfi il eft évident que Dieu voulant unir des efprits à des corps, a

dû établir

pour caufe occafionnelle de la connoiffance confufe que nous avons de la présence des objets & de leurs proprietez par rapport à nous, non nôtre attention, qui en mérite une claire & diftincte, mais les divers ébranlemens de ces mêmes corps. Il a dû nous donner des preuves d'instinct, non de la nature & des proprietez de ceux qui nous environnent, mais du rapport qu'ils ont avec le nôtre, afin que nous puiffions travailler avec fuccés à la confervation de la vie, fans être inceffamment attentifs à nos befoins. Il a dû, pour ainfi dire, fe charger de nous avertir en temps & lieu par des fentimens prévenans, de ce qui regarde le bien du corps, pour nous laiffer tout entiers occupez à la recherche des vrais biens. Il a dû nous donner des preuves courtes de ce qui a rapport au corps pour nous convaincre promptement, des preuves vives pour nous déterminer efficacement, des preuves certaines, & qu'on ne s'avifaft pas de contredire, pour nous conferver plus feurement: mais preuves confufes, prenez-y garde; preuves certaines, non du rapport que les objets ont entr'eux, en quoi con

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