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le fe fortifie, l'efprit s'étend. Du préfent il paffe au futur; & de ce qui l'environne, il pouf fe jufques dans les objets les plus éloignez. Par la comparaifon qu'il fait des chofes entr'elles & avec lui, il devient de plus en plus fufceptible de crainte & d'efperance. Le futur & l'éloigné l'ébranlent auffi-bien que le préfent. De forte qu'enfin on ne craint point de fouffrir actuellement des douleurs tres-vives, d'ef fuïer mille & mille fatigues pour fe mettre en repos fur la fin de fes jours. Mais toutes les vûës qu'ont les hommes pour leur felicité fe bornent d'ordinaire à la vie préfente: ils ne s'arrêtent qu'au fenfible. S'ils fe fatiguent à trente ans pour fe repofer dans leur vieilleffe, c'eft qu'ils voïent fou vent des vieillards, & qu'ils

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font jeunes. Ce fentiment les frappe & les perfuade qu'un jour ils feront comme eux. Mais ce font des enfans par rapport ax vrais biens. L'é. ternité leur paroît comme ces efpaces imaginaires, qu'on croit au deffus des Cieux. Ils n'y trouvent rien de folide, rien qui les touche; rien par confequent qu'ils veulent préferer au prefent dont ils jouiffent avec plaifir. Voila pourquoi l'éternité n'entre point en conte parmi les motifs de nos déterminations. Eternité cependant qui seule peut empêcher toutes nos fauffes démarches, fans laquelle il eft impoffible d'arriver à la felicité que nous defirons.

Je tâche dans quelques-uns de ces Entretiens de bien convaincre Arifte, l'un des inter

locuteurs, que les objets fen fibles ont bien moins de réalité qu'on ne s'imagine, & qu'ils n'ont fur nous aucune action: Que toutes les fenfations que nous en avons viennent uniquement de l'efficace des idées divines; que l'ame n'eft directement, immediatement unie qu'à Dieu, qu'à la fouveraine Raifon, en qui se trouve, dit Saint Augustin, la puiffance qui nous donne Dei. 1. 8 l'être, la lumière qui nous ch.4 éclaire, & la régle immuable de nôtre conduite: Caufa fubfiftendi, ratio intelligendi, &ordo vivendi. En un mot je tâche de délivrer l'efprit des préjugez des fens & de l'imagination. Et dans les trois derniers je joins aux principes de la Philofophie naturelle ceux de la Religion, pour guérir le même Arifte de la crainte

de Civit

de la mort. Je tâche de dimi nuer en lui cette horreur que nous en avons naturellement, afin qu'il y penfe plus ferieufement qu'il n'avoit fait ; qu'il se familiarise pour ainfi dire avec elle, qu'il prenne volontiers fes avis, & qu'il fuive les chemins qui conduisent à la felicité que nous efperons par JESUS-CHRIST. Si enim homo ita creatus eft, ut per id quod in eo præcellit, attingat illud quod cuncta præcellit, id eft unum verum optimum Deum, fine quo nulla creatura fubfiftit, nulla doctrina inftruit, nullus ufus expedit: ipfe queratur ubi nobis fecura funt omnia; ipfe cernatur, ubi nobis certa funt omnia ; ipfe dili gatur, ubi nobis recta funt omnia. Auguft. de Civit. Dei. 1. 8.

C. 4.

Je n'explique point ici le détail de ces Entretiens, la

Table des Chapitres fuffit pour le reconnoître. Et je ne croi pas non plus devoir ren dre raifon du choix des Matiéres que j'ai traitées. Il me femble que ce choix eft à la liberté des Auteurs. Cependant j'ai été obligé d'en user comme j'ai fait.Prefque toutes les veritez que j'expofe,& que je défens, font celles qu'on m'a contestées. Je n'en dis pas davantage. Mais comme je foûtiens dans cet Ouvrage ce paradoxe, qui revolte l'efprit, ou plutôt l'imagination de bien des gens: Que c'est en Diew que nous voions toutes chofes : je croi le devoir prouver encore une fois par l'autorité de faint, Répan Auguftin, quoique je l'aïe dé- vraies & ja fait ailleurs. Un fi grandides. nom tiendra peut-être les ef-7 prits en refpect, & les difpofera à examiner fans préven

Livre des

fauffes

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