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Je ne sais si ce grand homme aura maintenant autant d'approbateurs qu'il eut en son temps d'admirateurs des profusions qu'il fit aux officiers et aux soldats de l'armée. Ce qui lui donna toujours depuis tant de crédit sur les esprits de tous les gens de guerre, qu'il se trouva lui seul capable de ramener au devoir et à l'obéissance de l'empereur, l'armée qui s'était mutinée contre lui.

Ce grand prélat considérait peut-être les soldats comme les invincibles remparts non-seulement de l'empire, mais aussi de l'Eglise, dont une partie des revenus ne pouvaient être plus raisonnablement employée, que pour sa propre défense: «Multum honoris ei jure debebat exercitus, quippe nonnulli milites ab eo pecunia liberaliter donati erant, alii vestitu, cibo, et aliis rebus adjuti, tum cum in album militum relati et per eum admissi fuerant ».

III. Il est pourtant certain que l'empereur Justinien même ne prétendait pas que les revenus de l'église, et tout ce qui était laissé aux évêques et aux bénéficiers, soit par donation, soit par testament, ou par quelque autre manière, pût être employé à d'autres usages qu'aux besoins et aux nécessités de l'église même.

Cet empereur dit formellement, que bien loin que les évêques et les autres bénéficiers puissent s'approprier ce qui est donné à l'église, ou à eux-mêmes comme bénéficiers et comme dépopositaires du bien des pauvres; au contraire ils n'ont été élevés à ces dignités, que dans l'espérance qu'ils consacreraient même leur patrimoine aux besoins de leur église, et à l'entretien des pauvres.

Quis dubitaverit eos, qui ipsis proprias res relinquunt, non potius ipsum sacerdotium contemplari, quam personam, cogitantes quia non solum ab ipsis relicta pie insument, sed et suas ipsorum res adjicient? » Voilà pour les évêques: voici pour les administrateurs des hôpitaux qui étaient alors bénéficiers : « Quis enim tali curæ præpositum, non existimet idcirco eam suscepisse, ut non solum quæ extrinsecus ad eum pervenient, sed etiam omnia quæ habere eum contigerit, in eam impendat? » (Cod. 1. I de Episc. et Cler., leg. XLI.)

IV. Ceux qui ont écrit la vie de Jean le Jeûneur, patriarche de Constantinople, nous ont mis devant les yeux l'image achevée d'un parfait amateur des pauvres et de la pauvreté. Après avoir épuisé tous les fonds de l'église, il emprunta souvent de l'empereur même de fort grandes sommes pour les pauvres, lui engageant pour cela son patrimoine. Après sa mort ce patrimoine se trouva, ou n'avoir jamais été, ou avoir été consumé pour les nécessités des pauvres. (Baron., an. 596, n. 1, 2.)

L'empereur en fut agréablement surpris, et après avoir déchiré les obligations qu'il avait tirées de lui, il voulut au moins se rembourser sur ses meubles, qui étaient proportionnés à son patrimoine. Ainsi il se saisit d'un lit de bois et de quelques habits de laine, qui faisaient toute la dépouille de ce riche patriarche, et qui furent un trésor inestimable dans l'estime qu'en fit ce pieux empereur. Aussi faisait-il gloire de coucher sur ce lit de bois aux jours que l'Eglise consacre plus particulièrement au jeûne et à la pénitence.

CHAPITRE QUARANTIÈME.

LES ÉVÊQUES ET LES AUTRES BÉNÉFICIERS NE PEUVENT USER DES REVENUS DE L'ÉGLISE, QUE COMME

DU BIEN DES PAUVRES. LEUR TABLE, LEUR MAISON, LEURS MEUBLES, ET LEURS HABITS,
L'AN 800, JUSQU'EN L'AN MIL.

I. Règlements du concile II de Châlons, et du VI de Paris sur

la modestie des habits et de la table.

II. Sentiments d'Agobard, archevêque de Lyon.

Ill. D'Isaac, évêque de Langres.

IV. De Hincmar, archevêque de Reims. Sa frugalité merveil

DEPUIS

leuse, et ses austérités, telles qu'il les avait pratiquées dans le cloître.

V. La réforme des habits sous Charlemagne et Louis le Débonnaire.

VI. Exemple de saint Ludger, évêque de Munster.

VII. Dans l'Orient, Taraise, patriarche de Constantinople, ôte l'or et la sole aux ecclésiastiques.

véritables pauvres ; à plus forte raison ni les

VIII. Ces hab itssomptueux furent condamnés par les conciles évêques, ni les abbés, ni les ecclésiastiques, ne

d'Orient.

IX. Sentiments de Zonare sur le luxe des laïques, et sur l'obligation des clercs à s'y opposer.

X. Sentiments opposés de Balsamon et de Pierre Damien, sur les évêques qui voyagent à pied.

I. La modestie, la frugalité, l'humilité et l'amour de la pauvreté doivent éclater dans les actions, dans les discours, dans le port et dans les habits des évèques et des autres bénéficiers, si nous en croyons le concile II de Châlons, qui a été tenu l'an 813.

Ce concile veut que toute leur conduite soit une exhortation continuelle, qui encourage les bons et épouvante les méchants : « Opportunum ducimus, ut humilitatem atque religionem, et in vultu, et in opere, et in habitu, et in sermone demonstrent; ut benc agentes et habitu et vultu demulceant; male agentibus vero ipso suo vultu terribiles sint ». (An. 813, Num. 4.)

Le concile VI de Paris déplora la vanité scandaleuse de plusieurs prélats, qui faisaient gloire de ce qui devait les couvrir de confusion.

S'autorisant d'une longue coutume, qui ne peut jamais prescrire contre les lois divines, ils faisaient consister la dignité et la sainteté même de l'épiscopat dans une vaine ostentation de superfluités et de somptuosités profanes; au lieu de se proposer les exemples et les règles admirables des anciens évêques et des saints Pères, surtout de saint Grégoire, de saint Ambroise et de saint Augustin, pour régler avec une modération édifiante leur table et leurs habits.

<< Irrepsit in nonnullis ecclesiarum præsulibus miserabilis temporis nostri inepta, imo corrigenda consuetudo, quæ jam ita pro lege tenetur, ut sanctitatis et religionis nomen sibi ascribere non vereatur. Scilicet super diversarum rerum innumeris superfluitatibus, et vanitatibus, quas enumerare longum est, necnon in avaritia et tenacitate, etc. Quam moderata autem discretio in vestium cultu et mensæ apparatu sacerdotibus tenenda sit, dicla B. Gregorii in expositione Evangeliorum, necnon et vita sanctorum virorum Augustini et Ambrosii, plenissime docent ». (Can. XIX.)

II. Agobard tacha de réprimer le luxe et la vanité des ecclésiastiques dans leur dépense, en leur montrant que si saint Paul a ordonné aux laïques, qui ont du bien, de nourrir leurs veuves, afin qu'elles ne soient pas à charge à l'église, qui est déjà chargée de la nourriture de tant de

peuvent dépenser en chiens et en chevaux, en valets et en officiers superflus, en festins scandaleux et en ameublements profanes, ce qui n'a été donné à l'église que pour l'entretien des pauvres qui sont les membres de Jésus-Christ.

« Si vidua cujuslibet fidelis ab illo est sustentanda, ne gravetur ecclesia, multo magis aliunde subministrandum est canibus et caballis, cæterisque tam hominum quam animantium ministris, quæ vel ad delicias, vel ad pompas, turpesque jocos a divitibus possidentur. Et hoc ideo, ne ecclesiam Dei non solum gravent, verum etiam vastent, funditusque prædentur. Non hæc nos de solis laicis dicimus, sed etiam de episcopis, abbatibus, sive quibuslibet clericis, qui aliud faciunt de rebus sacris, quam quod faciendum est, aut aliter eas quam a Deo et sanctis Patribus ac rectoribus constitutum est, tractant ». (L. de Dispensatione, etc. circa finem.)

Il dit un peu plus bas, parlant des laïques qui tenaient des fonds de l'église : « Quanto malo suo convivia splendida, de sacris rebus quibus gementes et moerentes in tribulatione paupertatis debuerant consolari, epulatur cum divitibus epulantibus, gaudens ridensque, et opus Domini non respiciens, etc. »

Telle est effectivement la nature de ces fonds, en quelques mains qu'ils soient. C'est le patrimoine des pauvres.

III. Isaac, évêque de Langres, dit excellemment que tous les biens de l'église étant les offrandes et les hosties saintes de la piété des fidèles, les ecclésiastiques doivent en user dans leurs repas et dans toutes leurs autres nécessités, avec la sobriété et la religion qui doit accompagner un sacrifice, et la consommation d'une victime: puisqu'on ne peut pas douter que ce ne soit un détestable sacrilége, et une profanation exécrable, d'immoler à la bonne chère et au démon de l'intempérance les hosties qui ont été offertes à Dieu.

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nobis vivimus et morimur : et sive sic vivimus, sive morimur, jam vero non Domini, sed nostri, imo non nostri sed diaboli sumus ». (Spicil., tom. 1, p. 350.)

IV. Hincmar, archevêque de Reims, ne jugea pas que l'épiscopat le dût faire relâcher des austérités anciennes de sa profession religieuse. A peine croyait-il que la convalescence flottante après une fàcheuse maladie pût l'en dispenser. Pardulus, évêque de Laon, lui prescrivit un régime de vie pendant ce temps périlleux de sa convalescence. Il lui ordonne, pour conserver une santé qui est si utile à l'église, et qui lui a été rendue par un bienfait extraordinaire du ciel, de s'abstenir des jeûnes trop fréquents, aussi bien que des petits poissons; de n'en jamais manger le même jour qu'ils ont été pèchés, non plus que de la volaille et des autres animaux terrestres, le même jour qu'ils ont été tués, ni avant qu'ils aient été desséchés avec du sel; de ne point s'abstenir des animaux à quatre pieds, puisque sans ce secours il ne peut rétablir son estomac enfin il le presse de relâcher pour un peu de temps ses austérités ordinaires, afin qu'après avoir fortifié sa santé, il puisse reprendre sa nourriture ancienne du cloître.

« Quapropter si more solito vos despicitis, et corporis sanitatem vestri causa minime curatis, horum reminisci debetis, et redditam vobis per divinam gratiam sanitatem studiosius custodire, et a cunctis quæ huic infirmitati contraria esse videntur penitus abstinere. A nimio scilicet jejunio, et a pisciculis minutis, quibus libenter vesci soletis, ab omnibus quoque recentioribus cibis, ab his scilicet, qui eadem die quando comedi debent ab aquis levantur ; aut si de volatilibus et quadrupedibus cibus efficitur, eadem quando occiduntur die minime sumantur. Quæ oportet primum exenterare, et diligenti cura sale humores exsiccare; et sic postea quemque, qui sanitatem habere cupit, salubriter sumere. Sed neque a lardo, sive quadrupedibus abstinere, quoniam sine his stomachum difficile quilibet poterit reparare. Abstineatur præterea ab omnibus quæ cruda comedi possunt, et ab ipso apio, quo sæpe uti soletis, donec vobis a Domino reddita sanitas plurimum confirmetur, et sic ad siccos et miseros tardioresque monasticos cibos redeatur ». (Hincm., tom. II, p. 838.)

Ce n'a pas été mon dessein de satisfaire ou de divertir la curiosité des lecteurs, en leur faisant voir les raffinements de la médecine de ces siècles-là. J'ai voulu seulement faire

remarquer les délicatesses qu'on conseillait à un grand et puissant archevêque, pour ménager un peu sa santé chancelante après une dangereuse maladie, et combien ces délicatesses étaient éloignées de la mollesse et de la somptuosité, combien cet archevêque avait de peine à s'y résoudre, et enfin combien il était rigoureux observateur des austérités monastiques; puisqu'on ne lui propose ces petits relâchements que dans l'espérance de fortifier un peu sa santé, pour reprendre aussitôt les abstinences du cloître. V. Les habits et les meubles de Hincmar répondaient à la merveilleuse frugalité de sa table. La réforme que l'empereur Louis le Débonnaire avait introduite dans le clergé avait certainement beaucoup contribué à faire retrancher aux évêques et aux autres ecclésiastiques tous les ajustements superflus de la vanité du siècle dans les habits, dans les beaudriers et les ceintures de prix, dans les ornements d'or et de pierreries: <«< Denique tunc cœpere deponi ab episcopis et clericis cingula balteis aureis et gemmeis cultris onerata, exquisitæque vestes, sed et calcaria talos onerantia relinqui ». (Duchesne, tom. 1, p. 298, 113.)

On peut voir dans l'ouvrage du moine de SaintGall les railleries piquantes et les sanglantes invectives de Charlemagne, contre quelques évêques qui faisaient des profusions prodigieuses du patrimoine des pauvres en des curiosités, pour ne pas dire en des puérilités indignes nonseulement d'un évêque et d'un proviseur général des pauvres, mais d'un homme sage et sérieux : « Vos patres et provisores nostri episcopi, pauperibus, imo Christo in ipsis debuistis ministrare, non inanibus rebus inhiare. Nunc autem in contrarium cuncta vertentes, cenodoxiæ vel avaritiæ super omnes mortales intenditis ». (L. 1, c. 18, 19.)

VI. Saint Ludger, évêque de Munster, n'eut pas beaucoup de peine à se justifier devant l'empereur, des glorieuses accusations et des honorables reproches dont on l'avait chargé, sur ce que n'ayant retenu de l'ancienne magnificence et somptuosité du palais épiscopal, que ce qu'il avait estimé absolument nécessaire, il avait libéralement distribué tout le reste aux pauvres.

<< Omnem censum, qui in hæreditate ejus propria, vel in episcopio colligebatur, mox distribuere studuit, nihil omnino præter solum necessarium usum super augustioribus ædificiis vel ambitiosis ministeriis curans. Quapropter cum a quibusdam regis primatibus, quasi extirpator

neant, pœnis coerceri, similiter eos qui sunt unguentis delibuti ».

episcopii criminaretur, et qui nullas ædificiorum honestates, nec ipsis metallorum ornatus ecclesiis congruos prævidere scierit, etc. »> (Surius, die 26 Martii.)

VII. Dans Constantinople, le patriarche Taraise ne fut pas plus tôt monté sur le trône de l'église, qu'il ôta aux ecclésiastiques les ceintures d'or, et les habits de soie, dont ils déshonoraient le véritable lustre de leur sainte profession.

Voici ce qu'en dit le moine Ignace dans son éloge: «Multi clericorum lumbos cingebant zonis aureis, et ornati erant pretiosis et variis vestibus sericeis his aurum quidem ademit, fecit autem succingere lumbos cingulis contextis ex pilis caprarum. lis vero qui toti corpori contextas ex iisdem filis purpureas vestes habebant, excogitat tunicas remotas ab omni curiositate nimia. et deliciis, ut quæ essent vestitus honestus, et convenirent iis qui profitentur humilitatem ». (Surius, die 23 Febr.)

VIII. Balsamon, expliquant le vingt-septième canon du concile in Trullo, qui défend aux ecclésiastiques les habits indécents, soit dans la ville soit à la campagne, dit que cet habit indécent n'est pas un habit militaire, que ce serait une témérité punissable à un clerc d'en user; mais ce sont les vêtements ornés d'or, de soie ou de pourpre, dont les ecclésiastiques ne peuvent se couvrir sans faire éclater le mépris qu'ils font de la vertu et de la modestie : « Vestitus clerico nequaquam conveniens est, non vestes militum, etc. Sed sumptuosa et auro intexta vestimenta. Virtutis enim et honestatis exemplum debent esse clerici, non stolidæ et inhonestæ vitæ ».

Ce que dit ce canoniste sur le quatre-vingtdouzième canon du même concile, qui condamne ceux qui frisent leurs cheveux, ou qui les ornent, ou qui les peignent, ou qui appliquent des couleurs étrangères sur leur visage, regarde uniquement les laïques; car il n'était pas seulement tombé dans la pensée des hommes, que les évèques ou les ecclésiastiques fussent susceptibles de ces vanités extravagantes.

IX. Le seizième canon du septième concile déclara que tous les habits riches et ajustés ne pouvaient convenir à la modestie des ecclésiastiques; et que non-seulement eux, mais les évêques mêmes sont punissables, s'ils affectent d'user d'habits précieux, ou de parfums : « Omnis jactantia et ornatus corporeus est a sacerdotali ordine et statu alienus. Episcopos ergo vel clericos qui se splendidis et insignibus vestibus exornant, se corrigere oportet: sin autem perma

Les hérétiques Iconoclastes avaient traité avec outrage les orthodoxes qui usaient d'habits vils et modestes : « Qui vilem et modestum amictum induti sunt ». Ce concile prend leur dé fense, et proteste que dans tous les siècles passés les ecclésiastiques ont toujours fait gloire de se vêtir très-modestement, de rejeter la soie, et toutes les bordures précieuses, ou les ajustements affectés des séculiers : « Sed nec ex sericis texturis variatum quis vestimentum habebat; neque in vestimentorum fimbriis adjecta erant alieni coloris additamenta ».

Balsamon raconte sur ce canon, que les clercs de son temps qui avaient encore de l'attache à cette vanité profane, coloraient leur crime de ce vain prétexte, que cette pompe d'habits honorait le sacerdoce, et le faisait davantage respecter des laïques; mais qu'on dissipa cette illusion, en remontrant que ce canon était général et embrassait tous les siècles, et que par conséquent on ne pouvait le violer sans attirer sur soi les peines canoniques : «Audiverunt se non recte dicere: Est enim canon universalis ; et quæ in eo scripta sunt, debent in sæcula sæculorum observari et vim suam obtinere; et qui præter eum vitam instituunt, recte punientur, nisi corrigantur».

Afin qu'on ne se plaigne pas de la sévérité excessiye de Balsamon, je dirai qu'il a cru que si les conciles de Laodicée et de Sardique ont défendu d'ordonner des évêques dans les villages et dans les lieux peu habités, de peur que l'épiscopat ne tombe dans le mépris et l'avilissement; il a cru, dis-je, que ce serait effectivement avilir l'épiscopat, si l'on voyait les évêques aller à pied dans la campagne, et que c'est pour cela qu'on avait établi des périodentes, c'est-à-dire, des prêtres visiteurs dans les petits lieux. (In Can. Laodic. LVII et Sardic. IV.)

IX. Zonare a porté son zèle un peu plus loin. Exposant le canon du concile in Trullo, il ne se contente pas de faire une invective très-aigre contre les laïques qui frisent ou peignent leurs cheveux, ou qui les exposent aux plus grandes ardeurs du soleil pendant l'été même, pour leur faire prendre une couleur plus vive, ou enfin qui prennent des perruques de cheveux empruntés : ou qui se font raser la barbe de si près, qu'il ne paraît pas qu'ils en aient jamais eu; ou enfin qui n'osant se faire raser à cause de leur grand âge, brùlent avec un tèt de terre rougi au feu toute la longueur de leur barbe, et n'en laissent qu'au

tant qu'il en faut pour ressembler à de jeunes
hommes, à qui le poil commence à croître. (In
Can. XCVI Trullan.)

Après avoir fait éclater son indignation con-
tre tous ces désordres des laïques, il s'en prend
aux patriarches, aux évêques et aux moines,
qui ne refusaient à ces impudents esclaves de la
vanité et de la mollesse, ni l'entrée de l'église,
ni leur bénédiction, ni même la participation
des sacrements.

On peut conclure de là, qu'il n'eût pas épar-
gné les prélats ou les ecclésiastiques, s'il les eût
vu engagés dans la même vanité. Ce qu'il dit con-
tre ceux qui rasent leur barbe, ne regarde que
les Grecs, à qui c'était un crime, comme nous
l'avons dit ailleurs.

X. Ce que Balsamon vient de dire, que ce se-
rait avilir l'épiscopat, et exposer au mépris la
plus éminente dignité de la terre, que de met-
tre des évêques dans des lieux où la pauvreté
les obligerait d'aller à pied, c'est de quoi tous
les écrivains ecclésiastiques ne conviennent pas
avec lui.

Pierre Damien rapportant la manière dont
l'illustre martyr saint Boniface, parent de l'em-
pereur Othon III, alla à Rome pour y recevoir
la consécration archiépiscopale, dit que ce saint
homme alla toujours à pied avec ses domesti-
ques, ayant les pieds nus, prenant toujours le
devant, et chantant continuellement des psau-
mes. Cet abaissement d'un archevêque relevait
plus l'épiscopat que l'éclat de son extraction
royale. «Toto illo itinere vir venerabilis cum
omnibus qui illum sequebantur, pedester ibat,
sed ipse jugiter psallens, et cæteros longe præce-
dens nudis semper pedibus incedebat ». (Petrus
Damiani in Vita | sancti Romualdi, c. xxviii;
|
Surius, die 19 Junii.).

La manière dont il se nourrissait répondait à
peu près à cela. Il jeûnait au pain et à l'eau, à
quoi il ajoutait un peu d'herbes, ou quelques
fruits aux jours de fète : « Pro labore quidem
itineris quotidie comedebat, sed per singulos
dies de medio pane et aqua vivens, in diebus
festis, quotidiano victui poma quælibet, vel her
barum radices addebat ».

CHAPITRE QUARANTE-UNIÈME.

QUELLE A ÉTÉ LA MODESTIE ET LA FRUGALITÉ DES BÉNÉFICIERS DANS LEUR TABLE, LEURS
HABITS, LEURS MEUBLES, VAISSELLE, ETC. APRÈS L'AN MIL.

1. Saint Fulbert déplorait le malheur des évêques, à qui la
multitude et les dépenses des domestiques ôtent le moyen d'as-
sister les pauvres.

II. Yves de Chartres estimait la pauvreté préjudiciable aux
évêques, mais il ne laissait pas de reconnaître que tous les biens
de l'Eglise sont à Dieu et aux pauvres.

III. Invectives de Pierre Damien contre le luxe et la somp-
tuosité des prélats de son temps.

IV. Pierre Damien et saint Bernard n'ont censuré ni la
somptuosité des ornements de l'Eglise, ni les crosses, ou les
mitres précieuses. Quelle règle ils ont prescrit pour cela.

V. Sentiments de saint Bernard, que les bénéficiers ne peu-
vent absolument prendre de leurs revenus que ce qui est né-
cessaire pour se nourrir et se vêtir modestement. Exemples
merveilleux de quelques évêques, amateurs de la pauvreté.

VI. Suite des invectives de saint Bernard, contre les vaines
superfluités des bénéficiers, en habits, en ornements et en meu-
bles.

VII. Sentiments de Pierre, abbé de Cluny.

VIII. Invectives de Pierre de Blois contre les délices et le
luxe des bénéficiers.

IX. Arnoul, évêque de Lisieux, explique excellemment com-
TH. TOM. VII.

-

ment les bénéficiers peuvent conserver l'esprit de pauvreté et
l'amour des pauvres au milieu des richesses. Récit de Guil-
laume de Paris.

X. Sentiments du cardinal Jacques de Pavie sur la nature et
l'emploi des biens d'église.

XI. Exemples de saint Antonin, archevêque de Florence, et
de saint Laurent Justinien, patriarche de Venise.

XII. Exemple admirable de saint Malachie, archevêque d'Ar-
mach, opposé par saint Bernard aux folles profusions de plu-
sieurs bénéficiers.

XIII. Exemples, dispositions et pratiques admirables de
saint Charles, archevêque de Milan.

XIV. Exemple du cardinal Ximenès, archevêque de Tolède.
XV. Le concile de Trente a renouvelé tous les anciens canons
sur la modestie et la frugalité des évêques et de tous les béné-
ficiers, dans leur table, leur vaisselle, leurs meubles et leurs
habits.

XVI. Règlements divers des conciles de Milan sur le même
sujet.

XVII. Règlements de quelques autres conciles.

XVIII. Avis du cardinal Bellarmin sur la lecture qui se doit
faire à table.

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