bouleverfée: en un mot par-tout où fubfifte la ftructure primitive de la terre (g); on ne pourra guère fe refufer à croire qu'ils font l'ouvrage de la dernière fonte qui ait eu lieu à fa furface encore ardente, & que cette dernière fonte n'ait été celle du feld-fpath & du fchorl, lefquels, des cinq verres primitifs, font fans comparaison les plus fufibles; & fi l'on rapproche ici un fait qui, tout grand & tout frappant qu'il eft, ne paroît pas avoir été remarqué des Minéralogiftes; favoir, qu'à mefure que l'on creuse ou qu'on fouille dans une montagne dont la cime & les flancs font de granit, loin de trouver du granit plus folide & plus beau à mesure que l'on pénètre, l'on voit au contraire qu'au-deffous, à une certaine profondeur, le granit fe change, fe perd & s'évanouit à la fin en reprenant peu à peu la nature brutte du Foc vif & quartzeux. On peut s'affurer de ce changement fucceffif dans les fouilles de mines profondes:

сс

(g) « Après avoir vu les ruines de l'ancienne Syène, je me rendis aux carrieres de granit, qui font environ un mille au fud-eft. Tout « le pays qui eft à l'orient, les Ifles & le lit du Nil, font de granit « rouge, appelé par Hérodote, pierre Thébaïque. Ces carrières ne font «<< pas profondes, & l'on tire la pierre des flancs des montagnes. Je ce trouvai dedans quelques colonnes ébauchées, entr'autres une quarrée, « qui étoit vraisemblablement destinée pour un obélisque.... On fuit «< ees carrières le long du chemin d'Affouan (Syène) à Phila.... ce L'île d'Éléphantine n'eft auffi qu'un rocher de granit rouge.... & ce font des rochers de ce même granit que le Nil a rompus, «e: & entre lesquels il paffe dans fes fameuses cataractes ». Voyage de Pococke; Paris, 1772, tome I, pages 347, 348, 354 & 36.00. Minéraux, Tome I.

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ce

quoique ces profondeurs où nous pénétrons foient bien fuperficielles, en comparaifon de celles où la Nature a pu travailler les matériaux de fes premiers ouvrages; on ne voit dans ces profondeurs que la roche quartzeuse, dont la partie qui touche aux filons des mines & forme les parois des fentes perpendiculaires, est toujours plus ou moins altérée par les eaux ou par les exhalaifons métalliques, tandis que celle qu'on taille dans l'épaiffeur vive, eft une roche fauvage plus ou moins décidément quartzeufe, & dans laquelle on ne diftingue plus rien qui reffemble aux grains réguliers du granit. En rapprochant ce fecond fait du premier, on ne pourra guère douter que les granits n'aient en effet été formés des détrimens du quartz décrépité jusqu'à de certaines profondeurs, & du ciment vitreux de feld-fpath & de schorl qui s'est ensuite interpofé entre ces grains de quartz & les micas, qui n'en étoient que les exfoliations,

Il s'eft formé des granits à plus grands & à plus petits criftaux de feld-fpath & de fchorl, fuivant que les grains quartzeux le font trouvés plus ou moins rapprochés, plus ou moins gros, & felon qu'ils laiffoient entr'eux plus d'efpace où le feld - fpath & le fchorl pouvoient couler pour fe cristallifer. Dans le granit à menus grains, le feld-fpath & le fchorl prefque confondus & comme incorporés avec la pâte quartzeuse, n'ont point eu assez d'efpace pour former une cristallisation bien diftincte; au lieu que dans les beaux granits à gros grains réguliers,

le feld-fpath & quelquefois le fchorl font criftallifés diftinctement, l'un en rhombes & l'autre en prismes (h).

Les teintes de rouge du feld-spath & de brunnoirâtre du fchorl dans les granits, font dûes fans doute aux fublimations métalliques, qui de même ont coloré les jaspes, & se sont étendues dans la matière du feld-spath & du schorl en fusion. Néanmoins cette teinture métallique ne les a pas tous colorés, car il y a des feld - fpaths & des fchorls blancs ou blanchâtres, & dans certains granits & plufieurs porphyres le feld-spath ne se distingue pas du quartz par la couleur (i).

Les fommets des montagnes graniteuses, font généra

(h) Le granit (proprement dit ), varie par la proportion de fes ingrédiens qui eft différente dans différens rochers, & quelquefois « dans les différentes parties d'un même rocher.... Il varie auffi «c par la grandeur de fes parties, & fur-tout des criftaux de feld- «< fpath, qui ont quelquefois jusqu'à un pouce de longueur, & d'autres «<< fois font auffi petits qu'un grain de fable ». Sauffure, Voyage dans les Alpes, tome I, page 105.

(i) Le granito grigio ou bigio eft gris, compofé de quartz tranf parent ou opaque & couleur de lait, de fpath dur blanc & de mica noir; lorsque toutes ses parties font en petits grains, on en nomme l'affemblage granitello.... Le granito rofeo, ou granit rouge, est compofé de quartz blanc, de grands morceaux de 1path dur rouge & de mica noir.... Quelques colonnes de granit & de granitello font clairement parfemées de petites taches noires, provenant d'un amas de mica plus grand & plus fréquent dans ces endroits; telles font les colonnes de la façade du Palais royal de Naples, du côté de la mer; telles font auffi celles de granit gris antique que j'ai vues

lement plus élevés que les montagnes fchifteufes ou calcaires; ces fommets paroiffent n'avoir jamais été furmontés ni travaillés par les eaux, dont la plus grande hauteur nous eft indiquée par les bancs calcaires les plus élevés; car on ne trouve aucun indice de coquilles ou d'autres productions marines dans l'intérieur de ces granits primitifs, à quelque niveau qu'on les prenne; comme jamais auffi l'on ne voit de bancs calcaires interpofés dans les maffes de granit, ni de granits pofés fur des couches calcaires, fi ce n'est par fragmens roulés & transportés (k), ou par bancs de feconde formation; tous ces faits importans de l'histoire du globe ne font que des conféquences néceffaires de l'ordre dans lequel nous venons de voir les grandes formations du feu, précéder universellement l'ouvrage des eaux.

Les couches que l'eau a déposées font étendues horizontalement, & c'est dans ce sens, c'est-à-dire en longueur & largeur que fe préfentent leurs plus grandes dimenfions; les granits au contraire, & tous les autres ouvrages du feu font groupés en hauteur; leurs pyramides ont toujours

à Salerno. Ferber, Lettres fur la Minéralogie, page 343 & fuiv.

Les différentes couleurs dont le feld-spath eft fufceptible, font dans le granit la fource d'un nombre de variétés: celle qu'il préfente le plus communément eft un blanc laiteux; mais on le voit auffi jaune ou fauve, rouge, violet; & rarement, mais pourtant quelquefois, d'un beau noir, Voyage dans les Alpes par M. de Sauffure, tome I, page 105. (k) Il y a de gros morceaux de granit, de quartz & d'autres pierres, qui viennent des montes primarii du Tirol, épars fur les

plus d'élévation que de bafe (1). Il y a de ces maffes ou pyramides folides de granit, fans fentes ni futures, d'une

champs des environs de Gallio d'Afiago, de Camporovere & d'autres. « endroits tous fitués dans la montagne.... Ces morceaux font de « même nature que ceux qu'entraînent dans leur cours l'Adige & «<< la Brenta en fortant des montagnes du Tirol; & il faut concevoir «< que le cours de ces rivières, avant qu'elles n'euffent approfondi << leurs vallées, étoit au niveau de ces morceaux détachés des montagnes, << & qui n'ont pu être entraînés & tranfportés fur ces couches cal- «< caires que par les eaux ». Lettres fur la Minéralogie, par M. Ferber, page 54.

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« Arrivés au milieu de la vallée d'Urseren ( au mont Saint-Gothard ); nous tournames à gauche, & nous montames dans une vallée plus «e. élevée, dont les profondeurs font jonchées de ruines de montagnes << renversées. La Reuff, refferrée des deux côtés entre d'ammenfes « blocs de granit d'une fuperbe couleur grife, confusément accumulés « & qui font des fragmens de celui qui forme tous les fommets des «<< Alpes, s'élance à travers ces débris avec une inconcevable rapidité ». Lettres fur la Suiffe, par M. Wil. Coxe, tome I, page 128.

(1) « Si l'on confulte les Auteurs qui ont parlé de la structure des montagnes de granit, on verra que prefque tous disent que «<< les pierres de ce genre fe trouvent en masses informes, entaffées «<< fans aucun ordre: la fource de ce préjugé vient principalement <<< de ce qu'on a cru trouver du défordre par-tout où l'on n'a pas « vu des couches horizontales; mais tout homme qui obfervera en « grand, & fans aucune prévention, la structure de ces hautes ce chaînes de montagnes de granit, reconnoîtra qu'elles font compofées « de grandes lames ou feuillets pyramidaux appuyés les uns contre les «<< autres. Ces feuillets font tous à peu-près verticaux; ceux du «< centre ou du cœur de la chaîne le font prefque toujours; mais les « autres, à mesure qu'ils s'en éloignent, s'inclinent en s'appuyant «< contre ce même centre ». Sauffure, Voyage dans les Alpes, tome I page 502.

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