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LE Grès lorsqu'il eft pur est d'une grande dureté, quoiqu'il ne foit compofé que des débris du quartz réduits en petits grains qui se sont aglutinés par l'intermède de l'eau ; çe grès, comme le quartz, étincelle fous le choc de l'acier; il est également réfractaire à l'action du feu le plus violent ; les détrimens du quartz ne formoient d'abord que des fables qui ont pris corps en fe réuniffant par leur affinité, & ont enfuite formé les masses solides des grès, dans lesquels on ne voit en effet que ces petits grains quartzeux plus ou moins rapprochés, & quelquefois liés par un ciment de même nature qui en remplit les interstices (a). Ce ciment

(a) Nota. Par ces mots de ciment ou gluten, je n'entends pas, comme l'on fait ordinairement, une matière qui a la propriété particulière de réunir des fubftances diffemblables, & pour ainfi dire d'une autre nature, en faisant un feul volume de plufieurs corps ifolés ou féparés, comme la colle qui s'emploie pour le bois, le mortier pour la pierre, &c. l'habitude de cette acception du mot ciment, pourroit en imposer ici. Je dois donc avertir que je prends ce mot dans un fens plus général, qui ne fuppofe ni une matière différente de celle de la maffe, ni une force attractive particulière, ni même la féparation abfolue des parties avant l'interposition du ciment, mais qui confiste dans leur union encore plus intime, par l'acceffion de molécules de même nature, qui augmentent la denfité de la maffe, en forte que la feule condition essentielle qui fera diftinguer ce ciment des matières, fera le plus fouvent la différence des temps où ce ciment y fera furvenu, & où elles auront acquis par-là leur plus grande folidité.

a pu être porté dans le grès de deux manières différentes; la première par les vapeurs qui s'élèvent de l'intérieur de la terre, & la feconde par la ftillation des eaux: ces deux causes produisent des effets si semblables, qu'il est assez difficile de les diftinguer. Nous allons rapporter à ce sujet les observations faites récemment par un de nos plus favans Académiciens, M. de Laffone, qui a examiné avec attention la plupart des grès de Fontainebleau, & qui s'exprime dans les termes fuivans.

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« Sur les parois extérieures & découvertes de plusieurs blocs de grès le plus compact, & prefque toujours fur « les surfaces de ceux dont on a enlevé de grandes, & larges pièces en les exploitant, j'ai observé un enduit vitreux « très-dur ; c'est une lame de deux ou trois lignes d'épaiffeur, comme une espèce de couverte, naturellement appliquée, intimement inhérente, faifant corps avec le refte de la « maffe, & formée par une mat ière atténuée & fubtile, « qui en fe condenfant, a pris le caractère pierreux le plus décidé, une consistance semblable à celle du filex, & prefque à celle de l'agate; cet enduit vitreux n'est pas bien long-temps à fe démontrer fur les endroits qu'il revêt. Je l'ai vu établi au bout d'un an fur les furfaces de certains <<< blocs entamés l'année précédente; on découvre & on « distingue les nuances & la progression de cette nouvelle formation, & ce qui eft bien remarquable, cette substance « vitrée ne paroît & ne fe trouve que fur les faces entamées « des blocs, encore engagés par leur bafe dans la minière fableuse «<

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qui doit être regardée comme leur matrice & le vrai lieu de leur génération (b) »

Cette obfervation établit, comme l'on voit, l'exiftence réelle d'un ciment pierreux, qui même forme en s'accumulant un émail filicé d'une épaiffeur confidérable; mais je dois remarquer que cet émail fe produit non-feulement fur les blocs encore attachés ou enfouis par leur bafe, comme le dit M. de Laffone, mais même sur ceux qui en font féparés; car on m'a fait voir nouvellement quelques morceaux de grès qui étoient revêtus de cet émail fur toutes leurs faces: voilà donc le ciment quartzeux ou filicé clairement démontré, foit qu'il ait tranfudé de l'intérieur de la pierre, foit que l'eau ou les vapeurs aient étendu cette couche à la fuperficie de ces morceaux de grès. On en a des exemples tout auffi frappans fur le quartz, dans lequel il fe forme de même une matière filicée par la ftillation des eaux & par la condensation des vapeurs (c).

(b) Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1774, pages 209 & fuiv.

(c) M. de Genfanne, favant Phyficien & Minéralogifte trèsexpérimenté, que j'ai eu fouvent occafion de citer avec éloge, a fait des obfervations que j'ai déjà indiquées, & qui me paroiffent ne laiffer aucun doute fur cette formation de la matière filicée ou quartzeuse, par la feule condensation des vapeurs de la Terre. « Étant defcendu, » dit-il, dans une galerie de mine (de plomb), de Pont-pean près » de Rennes en Bretagne, dont les travaux étoient abandonnés, je » vis au fond de cette galerie toutes les inégalités du roc prefque » remplies d'une matière très-blanche, femblable à de la cérufe

Mais fi nous confidérons en général les cimens naturels, il s'en faut bien qu'ils foient toujours, ni par-tout les mêmes: il faut d'abord en diftinguer de deux fortes, l'un qui paroît homogène avec la matière dont il remplit les interstices, comme dans les nouveaux quartz & les grès où il est plus apparent à la furface qu'à l'intérieur; l'autre qu'on peut dire hétérogène, parce qu'il eft d'une substance plus ou moins différente de celle dont il remplit les interf tices, comme dans les poudingues & les brèches : ce dernier ciment eft ordinairement moins dur que les grains qu'il

délayée, que je reconnus être un vétitable guhr ou finter. .... ce C'est une vapeur condensée qui, en fe cristallifant, donne un «< véritable quartz. » M. de Genfanne voulut reconnoître fr cette matière provenoit de la circulation de l'air dans les travaux, ou fi elle transpiroit au travers du roc fur lequel elle fe formoit; pour cela il commença par bien laver la furface du rocher avec une éponge, pour ôter le guhr qui s'y trouvoit; « enfuite, dit-il, je pris quatre écuelles neuves de terre verniffée, que j'appliquai aux «< endroits du rocher où j'avois aperçu le plus de guhr, & avec «<< de la bonne glaife bien pêtrie, je les cimentai bien tout à l'entour «<< de deux bons pouces d'épaiffeur, après quoi je plaçai des travers «e de bois vis-à-vis mes écuelles qui formoient prefque les quatre «< angles d'un quarré. »

Au bout de huit mois, M. de Genfanne leva une de ces écuelles, & il fut fort furpris de voir que le guhr qui s'étoit formé deffous, avoit près d'un demi-pouce d'épaiffeur, & formoit un rond fur la furface du rocher de la grandeur de l'écuelle; il étoit très-blanc, & avoit à peu-près la confiftance du beurre frais ou de la cire molle; il en prit de la groffeur d'une noix, & remit l'écuelle comme auparavant, fans toucher les autres.... il laiffa fécher cette matière à l'ombre,

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réunit. Nous connoiffons d'ailleurs plufieurs efpèces de cimens naturels, & nous en traiterons dans un article particulier; ces cimens se mêlent & se combinent quelquefois dans la même matière, & fouvent femblent faire le fond des fubftances folides. Mais ces cimens de quelque nature qu'ils foient, peuvent avoir, comme nous venons de le dire, une double origine; la première eft dûe aux vapeurs ou exhalaisons qui s'élèvent du fond de la terre au moyen de la chaleur intérieure du globe; la feconde à l'infiltration des eaux qui détachent avec le temps les parties

elle prit une confistance grenue & friable, & ressembloit parfaitement
à une matière semblable, mais ordinairement tachetée, qu'on trouve
dans les filons de différens minéraux, fur-tout dans ceux de plomb,
& à laquelle les Mineurs Allemands donnent le nom de leten. Il y en
a quantité dans celui de Pont-pean, & le minéral y eft répandu par
grains, la plupart cubiques & souvent accompagnés de grains de pyrite.
Toute la différence que je trouvois, dit M. de Genfanne, entre
» ma matière & celle du filon, c'est que la matière étoit très-blanche,
» & que celle du filon étoit parfemée de taches violettes & rouffâtres ;
» je pris de celle du filon qui ne contenoit assurément aucun minéral,
>> & la plus blanche que je pus trouver, j'en pris également de la
mienne, & fondis poids égal de ces deux matières, dans deux
» creusets féparés & au même feu; elles me parurent également fufibles
» & me donnèrent des fcories entièrement femblables.
Je foup-
» çonnai dès-lors que ces matières étoient abfolument les mêmes....
» Quatorze mois fe pafsèrent depuis le jour que j'avois vifité la
» première écuelle, jufqu'au temps de mon départ de ces travaux,
» je fus voir alors mon petit équipage; je trouvai
trouvai que le guhr n'avoit
» pas fenfiblement augmenté fur la partie du roc qui étoit à dé
» couvert, & ayant vifité l'écuelle que j'avois vifitée précédemment,

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