Obrázky na stránke
PDF
ePub

DES ARGILES & DES GLAISES. L'ARGILE, comme nous venons de l'avancer, doit fon origine à la décomposition des matières vitreuses qui, par l'impreffion des élémens humides, fe font divifées, atténuées & réduites en terre. Cette vérité est démontrée par les faits, 1.° fi l'on examine les cailloux les plus durs, & les autres matières vitreufes expofées depuis long-temps à l'air, on verra que leur furface a blanchi, & que dans cette partie extérieure le caillou s'eft ramolli & décomposé, tandis que l'intérieur a confervé fa dureté, fa féchereffe & fa couleur. Si l'on recueille cette matière blanche en la raclant, & qu'on la détrempe avec de l'eau, l'on verra que c'est une matière qui a déjà pris le caractère d'une terre spongieufe & ductile, & qui approche de la nature de l'argile; 2. les laves des volcans & tous nos verres factices de quelque qualité qu'ils foient, se convertissent en terre argileuse (a); 3.o nous voyons les fables des

[ocr errors]

(a) « Une partie des laves de la Solfatare (près de Naples) est » convertie en argile, il y a des morceaux dont une partie eft encore » lave & l'autre partie eft changée en argile.... On y voit encore » des fchorls blancs en forme de grenat, dont quelques-uns font éga» lement convertis en argile.... Ce changement des matières vitreuses » en argile par l'intermède de l'acide fulfureux (ou vitriolique ), » qui les a pénétrées, en quelque façon diffoutes, eft fans doute un phénomène remarquable & très-intéressant pour l'Histoire Naturelle », Lettres de M. Ferber, fur la Minéralogie, page 259.

granits & des grès, les paillettes du mica, & même les jafpes & les cailloux les plus durs fe ramollir, blanchir par l'impreffion de l'air, & prendre à leur furface tous les caractères de cette terre ; & l'argile pénétrée par les pluies, & mêlée avec le limon des rofées & avec les débris des végétaux, devient bientôt une terre féconde.

Tous les micas, toutes les exfoliations du quartz, du jafpe, du feld-fpath & du fchorl; tous les détrimens des porphyres, des granits & des grès, perdent peu-à-peu leur féchereffe & leur dureté; ils s'atténuent & fe ramol

Nota. M. Ferber ajoute qu'une partie de cette argile eft molle comme une terre, & que l'autre eft dure, pierreufe & affez femblable à une pierre à chaux blanche; c'est vraisemblablement cette fauffe apparence qui a fait dire à M. de Fougeroux de Bondaroy (Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1765), que les pierres de la Solfatare étoient calcaires. M. Hamilton a fait la même méprife; mais il paroît certain, dit le favant Traducteur des Lettres de Ferber, que le plancher de la Solfatare & les collines qui l'environnent, ne font compofées que de produits volcaniques convertis par les vapeurs du foufre en terre argileufe: <<< Je possède moi-même, ajoute M. le baron de Dietrich, un de ces morceaux moitié lave & moitié argile; & cette argile étant travaillée a fouffert les mêmes épreuves de « l'argile ordinaire.... On trouve dans la montagne de Poligni, à deux «< lieues de Rennes en Bretagne, une terre argileuse blanche ou colo- « rée, qui ne diffère en rien de celle de la Solfatare; on la nomme « mal-à-propos craie dans le pays.... Aux endroits où les vapeurs <<< fulfureufes fortent encore, cette argile eft auffi molle que de la «< farine; on peut y enfoncer un bâton fans trouver de fond, & « à mesure que l'on s'éloigne de l'endroit des vapeurs, la terre eft « plus raffermie ». Note de M. le baron de Dietrich, page 257 des Lettres de M. Ferber.

liffent par l'humidité, & leurs molécules deviennent à la fin fpongieufes & ductiles par la même impreffion des élémens humides. Cet effet qui fe paffe en petit fous nos yeux, nous représente l'ancienne & grande formation des argiles après la première chute des eaux fur la furface du globe: ce nouvel élément saisit alors toutes les poudres des verres primitifs; & c'eft dans ce temps que fe fit la combinaison, qui produisit l'acide universel par l'action du feu, dont la terre & l'eau étoient également pénétrées, puifque la terre étoit encore brûlante & l'eau plus que bouillante.

L'acide fe trouve en effet dans toutes les argiles, & ce premier produit de la combinaison du feu, de la terre & de l'eau, indique affez clairement le temps de la chute des eaux, & fixe l'époque de leur premier travail; car aucune des antiques matières vitreuses en grandes maffes, telles que les quartz, les jafpes, ni même les granits, ne contiennent l'acide? par conféquent aucune de ces matières, antérieures aux argiles, n'a été touchée ni travaillée par l'eau, dont le feul contact eût produit l'acide par la combinaison néceffaire de cet élément avec le feu qui embrâsoit encore la terre (b).

L'argile

(b) Cette origine peut feule expliquer la triple affinité de l'acide avec le feu, la terre & l'eau, & fa formation par la combinaison de ces trois élémens, l'eau n'ayant pu s'unir à la terre vitreuse, fans se joindre en même temps à la portion de feu dont cette terre étoit empreinte; j'obferverai de plus l'affinité marquée & fubfiftante entre

les

fi

L'argile feroit donc par elle-même une terre très-pure, peu de temps après fa formation, elle n'eût été mêlée par le mouvement des eaux de tous les débris des productions qu'elles firent bientôt éclore; enfuite après la retraite des eaux, toutes les argiles dont la furface étoit découverte, reçurent le dépôt des pouffières de l'air & du limon des pluies. Il n'eft donc refté d'argiles pures que celles qui dès-lors fe trouvoient recouvertes par d'autres couches, qui les ont défendues de ces mélanges étrangers. La plus pure de ces argiles eft la blanche, c'est la feule terre de cette espèce qui ne foit pas mélangée de matières hétérogènes, c'est un simple détriment du fable quartzeux, qui est aussi réfractaire au feu que le quartz même duquel cette argile tire fon origine. La belle argile blanche de Limoges, celle de Normandie dont on fait les pipes à fumer, & quelques autres argiles pures, quoiqu'un peu colorées, & dont on fait les creufets & pots de verrerie,

les matières vitrefcibles & l'acide argileux ou vitriolique, qui de tous les acides, eft le feul qui ait quelque prife fur ces fubstances: on a tenté leur analyse au moyen de cet acide; mais cette analyse ne prouvera rien de plus que la grande analogie établie entre le principe acide & la terre vitrescible, dès le temps où il fut universellement engendré dans cette terre à la première chute des eaux. Ces grandes vues de l'Hiftoire Naturelle confirment admirablement les idées de l'illuftre Stahl, qui, de la feule force des analogies & du nombre des combinaisons où il avoit vu l'acide vitriolique fe traveftir & prendre la forme de prefque tous les autres acides, avoit déjà conclu qu'il étoit le principe falin primitif, principal, univerfel. Remarque de M. l'abbé Bexon.

[blocks in formation]

doivent être regardées comme des argiles pures, & font à peu-près également réfractaires à l'action du feu; toutes les autres argiles font mélangées de diverses matières qui les rendent fusibles, & leur donnent des qualités différentes de celles de l'argile pure; & ce font ces argiles mélangées auxquelles on doit donner le nom de glaifes.

La Nature a fuivi pour la formation des argiles les mêmes procédés que pour celle des grès; les grès les plus purs & les plus blancs fe font formés par la fimple réunion des fables quartzeux fans mélange, tandis que les grès impurs ont été compofés de différentes matières mêlées avec ces fables quartzeux & transportées ensemble par les eaux. De même les argiles blanches & pures ne font formées que des détrimens ultérieurs des fables du quartz, du grès & du mica, dont les molécules trèsatténuées dans l'eau, font devenues fpongieufes & ont pris la nature de cette terre; au lieu que les glaises, c'està-dire les argiles impures, font compofées de plufieurs matières hétérogènes que l'eau y a mêlées, & qu'elle a transportées ensemble pour en former les couches immenfes qui recouvrent prefque par-tout la maffe intérieure du globe; ces glaifes fervent auffi de fondement & de base aux couches horizontales des pierres calcaires. Et de même qu'on ne trouve que peu de grès purs en comparaifon des grès mélangés, on ne trouve auffi que rarement des argiles blanches & pures, au lieu que les glaises ou argiles impures font universellement répandues.

« PredošláPokračovať »