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lorsqu'on arrive à une certaine profondeur, on n'y trouve plus de coquilles; d'autre part on fait que le plus grand nombre des coquillages vivans n'habitent que les rivages ou les terreins élevés dans le fond de la mer, & qu'en même temps il y a quelques espèces de poiffons & de coquillages qui n'en habitent que les vallées à une profondeur plus grande que celle où fe trouvent communément tous les autres poiffons & coquillages. Dès-lors on peut penfer que les fédimens argileux, qui ont formé les ardoifes à cette plus grande profondeur, n'auront pu faifir en fe dépofant que ces espèces, en petit nombre, de poissons ou de coquillages qui habitent les bas-fonds, tandis que les argiles qui font fituées plus haut que les ardoises, auront enveloppé tous les coquillages des rivages & des hautsfonds, où ils fe trouvent en bien plus grande quantité (k).

(k) Nota. Il fe trouve auffi, quoique rarement, des poiffons pétrifiés dans les fubftances calcaires au-deffus des montagnes; mais les efpèces de ces poiffons ne font pas inconnues ou pèrdues, comme celles qui fe trouvent dans les ardoises. M. Ferber rapporte qu'on trouve dans la collection de M. Moreni de Véronne, le poifon ailé & quelques poiffons du Brefil, qui ne vivent ni dans la Méditerranée, ni dans le golfe Adriatique; la pinne marine, des os d'animaux, des plantes exotiques, pétrifiées & imprimées fur un fchifte calcaire, toutes tirées de la montagne du Véronnois appelée Monte - bolca. ( Lettres fur la Minéralogie, par M. Ferber, page 27). — Observons que ces poiffons, dont les analogues vivans existent encore, n'ont été pétrifiés que bien long-temps après ceux dont les espèces font perdues; auffi fe trouvent-ils au-deffus des montagnes, tandis que les autres ne fe trouvent que dans les ardoifes à de grandes profondeurs.

Nous ajouterons aux propriétés de l'ardoise, que quoiqu'elle foit moins dure que la plupart des pierres calcaires, il faut néanmoins employer la masse & les coins pour la tirer de fa carrière; que la bonne ardoise ne fait pas effervescence avec les acides, & qu'aucune ardoise ni aucun schiste ne se réduit en chaux, mais qu'ils fe convertiffent par un feu violent en une forte de verre brun, fouvent affez fpumeux pour nager fur l'eau. Nous obferverons auffi qu'avant de se vitrifier, ils brûlent en partie en exhalant une odeur bitumineufe ; & enfin que quand on les réduit en poudre, celle de l'ardoise est douce au toucher comme la pouffière de l'argile féchée, mais que cette poudre d'ardoise détrempée avec de l'eau, ne reprend pas en fe féchant fa dureté, ni même autant de consistance que l'argile.

Le même mélange de bitume & de mica qui donne à l'ardoise fa folidité, fait en même temps qu'elle ne peut s'imbiber d'eau, aussi lorsqu'on veut éprouver la qualité d'une ardoise, il ne faut qu'en faire tremper dans l'eau le bord d'une feuille suspendue verticalement; fi l'eau n'est pas pompée par la fuccion capillaire, & qu'elle n'humecte pas l'ardoise au-dessus de fon niveau, on aura la preuve de fon excellente qualité, car les mauvaises ardoises, & même la plupart de celles qu'on emploie à la couverture des bâtimens, font encore spongieufes & s'imbibent plus ou moins de l'humidité, en forte que la feuille d'ardoise dont le bord eft plongé dans l'eau, s'humectera à plus

ou moins de hauteur en raifon de fa bonne ou mauvaise qualité (1); la bonne ardoise peut se polir, & on en fait des tables de toutes dimensions; on en a vu de dix à douze pieds en longueur fur une largeur proportionnée.

Quoiqu'il y ait des schistes plus ou moins durs, cepen'dant on doit dire qu'en général ils font encore plus tendres que l'ardoise, & que la plupart font d'une couleur moins foncée; ils ne se divisent pas en feuillets auffi minces que l'ardoise, & néanmoins ils contiennent fouvent une plus grande quantité de mica, mais l'argile qui en fait le fonds eft vraisemblablement compofée de molécules groffières, & qui, quoi qu'en partie defféchées, confervent encore leur qualité fpongieufe & peuvent s'imbiber d'eau, ou

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(1) M. Samuel Colepreff dit, que l'ardoise d'Angleterre dure très-long-temps, & qu'il en refte fur les maisons pendant plusieurs fiècles ; « pour connoître, dit-il, la bonne ardoise, prenez, 1.o la pierre » coupée fort mince, frappez-là contre quelque matière dure, s'il en » fort un fon clair, cette pierre n'est point fêlée, mais folide & bonne; >> 2. lorsqu'on la coupe, il ne faut pas qu'elle fe brise sous le tran» chant; 3. fi après avoir été dans l'eau pendant deux, quatre & » même huit heures, elle pèfe plus étant bien effuyée qu'auparavant, >> c'est une preuve qu'elle s'imbibe d'eau & qu'elle ne peut durer » long-temps; 4.° la bleue tirant fur le noir, prend volontiers l'eau ; >> celle qui eft d'un bleu léger eft toujours la plus compacte & la » plus folide, au toucher elle doit paroître dure & rabotteufe & non » foyeufe; 5. fi étant plongée la moitié dans l'eau pendant une journée » entière, elle n'attire pas l'eau au-deffus de fix lignes de fon niveau, ce fera une preuve que l'ardoise est d'une contexture ferme ». Collection académique, Partie étrangère, tome IV, pages 10 & 11.

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bien leur mica plus aigre & moins atténué, n'a pas acquis en s'adouciffant cette tendance à la conformation talqueuse ou feuilletée qu'il paroît communiquer aux ardoises; aussi lorsqu'on réduit le schiste en lames minces, il se détériore à l'air & ne peut fervir aux mêmes ufages que l'ardoise, mais on peut l'employer en maffes épaiffes pour bâtir.

J'ai dit que les collines calcaires avoient l'argile pour base, & j'ai entendu non-feulement les glaises ou argiles molles communes, mais auffi les fchiftes ou argiles defféchées; la plupart des montagnes calcaires font pofées fur l'argile ou fur le fchifte (m). « Les montagnes, dit M. Ferber, de la Styrie inférieure, de toute la

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(m) « J'ai reconnu. qu'il y a toujours du fchifte fous les terreins calcaires des montagnes du Padouan, du Vicentin & du «<< Véronnois, qui font partie de la chaîne qui fépare l'Allemagne de l'Italie, ainfi que dans les montagnes de l'Autriche, de la Styrie & « de la Carniole. M. Arduini m'a assuré qu'il en eft de même dans « une partie des Apennins, & c'est aussi la remarque de M. Targioni <<< Tozzetti dans fes Voyages en Toscane, & de M. le profeffeur Baldafari, in actis Academic Sienenfis.. ... Il n'y a pas jusqu'au marbre falin de Carrara & de Seravezza, qui n'ait du fchifte pour «< base..... Qu'il vous fuffife quant à présent (il parle à M. le «<< chevalier de Born), de favoir que le schifte s'étend fous les <<< montagnes calcaires du Vicentin & du Véronnois, & que malgré le filence des plus grands Écrivains, il y eut autrefois, dans beau « coup de parties de ces montagnes, des éruptions de volcans, qui « vraisemblablement avoient leur foyer au-deffous de la pierre cal- « caire, dans le schifte & même plus bas ». Lettres fur la Minéralogie, par M. Ferber, pages 30 & suiv.

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» Carniole, & jufqu'à Vienne en Autriche, font formées >> de couches horizontales plus ou moins épaiffes ( de pierre calcaire), entaffées les unes fur les autres, & ont pour » base un véritable fchifte argileux, c'eft-à-dire une ardoise » bleue ou noire, ou bien un fchifle de corne mélangé de » quartz & de mica, pénétré d'une petite partie d'argile. J'ai eu, dit-il, prefque à chaque pas l'occafion de me » convaincre que ce schiste s'étend fans interruption sous » ces montagnes calcaires; quelquefois même on le voit à » découvert s'élever au-deffus du rez de terre, mais lorsqu'il » s'eft montré pendant un certain temps, il s'enfouit de nouveau fous la pierre calcaire (n) ».

L'argile, ou fous fa propre forme, ou fous celle d'ardoise & de fchifte, compose donc la première terre, & forme les premières couches qui aient été transportées & déposées par les eaux; & ce fait s'unit à tous les autres, pour prouver que les matières vitrefcibles font les fubftances premières & primitives; puifque l'argile formée de leurs débris, eft la première terre qui ait couvert la furface du globe. Nous avons vu de plus que c'eft dans cette terre que se trouvent généralement les coquilles d'efpèces anciennes, comme c'est auffi fur les ardoises qu'on voit les empreintes des poiffons inconnus, qui ont appartenu au premier Océan. Ajoutons à ces grands faits une obfervation non moins importante, & qui rappelle à la fois & l'époque

(n) Lettres fur la Minéralogie, &c. page 4.

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