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DE LA MARN E. LA marnen'eft pas une terre fimple, mais compofée de craie mêlée d'argile (a) ou de limon; & selon la quantité plus ou moins grande de ces terres argileufes ou limoneuses, la marne eft plus ou moins sèche ou plus ou moins graffe; il faut donc, avant de l'employer à l'amendement d'un terrein, reconnoître la quantité de craie contenue dans la marne qu'on y deftine, & cela eft aisé par l'épreuve des acides, & même en la faisant délayer dans l'eau. Or, toute marne sèche, & qui contiendra beaucoup plus de craie que d'argile ou de limon, conviendra pour marner les terres dures & compactes que l'eau ne pénètre que difficilement, & qui fe durciffent & fe crévaffent par la féchereffe ; & même la craie pure, mêlée

(a) En faifant l'analyse de la marne, on trouve que c'est un compofé d'argile & de craie; la première dominant quelquefois, & d'autres fois la feconde, ce qui leur fait donner le nom de marne forte & de marne légère, & qui ne fignifie autre chofe que le plus ou moins d'argile qui fe trouve mêlée avec la craie; & on dit qu'elle est bonne ou mauvaise pour améliorer un champ, felon le befoin qu'il a plus ou moins d'une de ces matières: fa couleur & fa dureté varient; elle est aifée à connoître, car elle fe gerce aisément au soleil, à l'air & à la pluie, qu'elle foit dure ou molle.... Celle où il y a beaucoup d'argile ne peut être bonne pour les terres fortes, comme celle de Bitcaye & de Guipuzcoa ; & celle où il y a trop de matière calcaire ne vaut rien pour les terres légères. Hiftoire Naturelle d'Espagne, par M. Bowles.

avec ces terres, les rend plus meubles & par conféquent
fufceptibles d'une culture plus aifée; elles deviennent aussi
plus fécondes la facilité que
par
l'eau & les jeunes racines
des plantes, trouvent à les pénétrer & à vaincre la résis-
tance que leur trop grande compacité oppofoit à la
germination & au développement des graines délicates;
la craie pure & même le fable fin, de quelque nature qu'il
foit, peuvent donc être employés avec grand avantage
pour marner les terres trop compactes ou trop humides ;
mais il faut au contraire de la marne mêlée de beaucoup
d'argile, ou mieux encore de terre limoneufe pour les
terres ftériles par féchereffe & qui font elles-mêmes com-
pofées de craie, de tuf & de fable; la marne la plus graffe
est la meilleure pour ces terreins maigres, & pourvu qu'il
y ait dans la marne qu'on veut employer, une assez grande
quantité de parties calcaires pour que l'argile y foit divi-
fée, cette marne prefque entièrement argileufe, & même
la terre limoneuse toute pure, feront les meilleurs engrais
qu'on puiffe répandre fur les terreins fableux. Entre ces
deux extrêmes, il fera aisé de faifir les degrés intermé◄
diaires, & de donner à chaque terrein la quantité & la
qualité de la marne qui pourra convenir pour engrais. (b).

(b) M. Faujas de Saint-Fonds parle de certains cantons du Dauphiné qui font très-fertiles, & dont le fol contient environ un quart de matière calcaire, mêlée naturellement avec un tiers d'argile noire, tenace, mais rendue friable par environ un quart d'un sable sec & grenu; & pour le furplus, d'un fecond fable fin, doux & brillant....

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On doit feulement obferver que dans tous les cas il faut mêler la marne avec une certaine quantité de fumier, & cela eft d'autant plus néceffaire, que le terrein eft plus humide & plus froid. Si l'on répand les marnes fans y mêler de fumier, on perdra beaucoup fur le produit de ła première & même de la feconde récolte, car le bon effet de l'amendement marneux ne fe manifefte pleinement qu'à la troisième ou quatrième année.

Les marnes qui contiennent une grande quantité de craie font ordinairement blanches; celles qui font grifes, rougeâtres ou brunes, doivent ces couleurs aux argiles ou à la terre limoneufe dont elles font mélangées, & ces couleurs plus ou moins foncées, font encore un indice par lequel on peut juger de la qualité de chaque marne en particulier. Lorsqu'elle est tout-à-fait convenable à la nature du terrein fur lequel on la répand, il eft alors bonifié pour nombre d'années (c), & le cultivateur fait un double

Voyez le Mémoire fur la Marne, par M. Faujas de Saint - Fonds, &les Affiches du Dauphiné, Octobre 178.0.

(c) Suivant Pline, la fécondité communiquée aux terres par certaines marnes, dure cinquante & jufqu'à quatre-vingts années. Voyez fon Hiftoire Naturelle, liv. XVII, chap. 7 & 8. Il dit auffi que c'eft aux Gaulois & aux Bretons qu'on doit l'ufage de cet engrais pour la fertilisation des terres, idem, ibidem. M. de Genfanne, en parlant des marnes, fait de bonnes obfervations fur leur emploi, & il cite un exemple qui prouve que cet engrais eft non-feulement utile pour augmenter la production des grains, mais audi pour faire croître plus promptement & plus vigoureufement les

profit, le premier par l'épargne des fumiers dont il ufera beaucoup moins, & le fecond par le produit de fes récoltes qui fera plus abondant; fi l'on n'a pas à fa portée des marnes de la qualité qu'exigeroient les terreins qu'on veut améliorer, il eft prefque toujours poffible d'y fuppléer, en répandant de l'argile fur les terres trop légères, & de la chaux fur les terres trop fortes ou trop humides, car la chaux éteinte eft absolument de la même nature que la craie, puisqu'elles ne font toutes deux que de la pierre calcaire réduite en poudre; ce qu'on a dit (d) fur les prétendus fels ou qualités particulières de la marne pour la végétation, fur fon eau générative, &c. n'eft fondé que fur des préjugés. La caufe principale & peut-être unique de l'amélioration des terres, eft le mélange d'une autre terre différente, & dont les qualités fe compensent & font de deux terres ftériles une terre féconde (e). Ce

arbres, & en particulier les mûriers blancs. Hiftoire Naturelle du Languedoc, tome I.

(d) Œuvres de Paliffy, Paris 1777, in-4. page 142 jusqu'à 1 84. (e) Entre les diverfes couches que l'on perce en fouillant la terre, il en eft plufieurs qui font le plus heureusement & le plus «< prochainement disposées à la fécondité; il fuffit en les mélangeant, « de les exposer aux influences de l'air & à l'aspect du ciel, pour les «< rendre végétales.... telles font non-feulement les marnes, mais <<< les craies & les argiles, qui par des mélanges appropriés aux diffé- « rens fols, leur communiquent une force de végétation si vigoureuse & fi durable.... Dans ces dépôts précieux, que la Nature ne «<< femble avoir cachés à quelque profondeur que pour les réserver «

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n'eft pas que les fels en petite quantité ne puiffent aider les progrès de la végétation & en augmenter le produit ; mais les effets du mélange convenable des terres font indépendans de cette cause particulière : & ce feroit beaucoup accorder à l'opinion vulgaire, que d'admettre dans la marne des principes plus actifs pour la végétation que dans toute autre terre, puifque par elle-même la marne est d'autant plus stérile, qu'elle est plus pure & plus approchante de la nature de la craie.

Comme les marnes ne font que des terres plus ou moins mélangées & formées affez nouvellement par les dépôts & les fédimens des eaux pluviales, il est rare d'en trouver à quelque profondeur dans le fein de la terre; elles giffent ordinairement fous la couche de la terre végétale, & particulièrement au bas des collines & des rochers de pierres calcaires qui portent fur l'argile ou le fchifte. Dans certains endroits la marne fe trouve en forme de noyaux ou de pelottes, dans d'autres elle est étendue en petites couches

» à nos befoins, font amaffés les élémens les plus précieux à l'efpèce » humaine. . . . N'allons donc plus, loin de la douce vue du ciel, » arracher l'or du fein déchiré de la terre, . . . Les vrais tréfors » font fous nos pas; ce font ces terres douces & fécondes qu'il faut >> apporter au jour, dont il faut couvrir nos champs, & qui vont » renouveler un fol épuisé par nos déprédations & fanguiffant fous » nos mains avides ». Extrait du Système de la fertilifation, par M. l'abbé Bexon; Ouvrage que j'ai déjà cité (fupplément, tome 1), comme offrant dans fa brièveté, les vues les plus étendues & les plus profondes,

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