Obrázky na stránke
PDF
ePub

horizontales ou inclinées fuivant la pente du terrein; & lorfque les eaux pluviales chargées de cette matière, s'infiltrent à travers les couches de la terre, elles la déposent en forme de concrétions & de stalactites, qui font formées de couches concentriques & irrégulièrement groupées. Ces concrétions provenant de la craie & de la marne, ne prennent jamais autant de dureté que celles qui fe forment dans les rochers de pierres calcaires dures; elles font auffi plus impures, elles s'accumulent irrégulièrement au pied des collines, pour y former des maffes d'une substance à demi-pierreuse, légère & poreuse, à laquelle on donne le nom de tuf, qui souvent se trouve en couches affez épaifles & très - étendues au bas des collines argileufes couronnées de rochers calcaires.

C'est auffi à cette même matière crétacée & marneuse, qu'on doit attribuer l'origine de toutes les incrustations produites par les eaux des fontaines, & qui font fi communes dans tous les pays où il y a de hautes collines de craie & de pierres calcaires. L'eau des pluies, en filtrant à travers les couches de ces matières calcaires, se charge des particules les plus tenues qu'elle foutient & porte avec elle quelquefois très-loin, elle en dépose la plus grande partie fur le fond & contre les bords des routes qu'elle parcourt, & enveloppe ainsi toutes les matières qui se trouvent dans fon cours auffi voit-on des fubftances de toute espèce & de toute figure, revêtues & incrustées de cette matière pierreuse qui non-feulement en recouvre la surface, mais

fe moule auffi dans toutes les cavités de leur intérieur; & c'est à cet effet très-fimple, auquel on doit rapporter la caufe qui produit ce que l'on appelle communément des pétrifications, lesquelles ne diffèrent des incrustations que par cette pénétration dans tous les vides & interstices de l'intérieur des matières végétales ou animales, à mesure qu'elles fe décomposent ou pourrissent.

Dans les craies blanches & les marnes les plus pures, on ne laiffe pas de trouver des différences affez marquées, fur-tout pour les fels qu'elles contiennent; fi on fait bouillir quelque temps dans de l'eau distillée une certaine quantité de craie prise au pied d'une colline ou dans le fond d'un vallon, & qu'après avoir filtré la liqueur, on la laisse évaporer jusqu'à siccité, on en retirera du nitre & un mucilage épais d'un rouge brun; en certains lieux même le nitre est si abondant dans cette forte de craie ou de marne qui a ordinairement la forme de tuf, que l'on pourroit en tirer du falpêtre en très-grande quantité, & qu'en effet on en tire bien plus abondamment des décombres ou des murs bâtis de ce tuf crétacé que de toute autre matière. Si l'on fait la même épreuve fur la craie pelotonnée qui fe trouve dans les fentes des rochers calcaires, & fur-tout fur ces maffes de matière molle & légère de fleur de craie dont nous avons parlé, au lieu de nitre on n'en retirera fouvent que du fel marin, fans aucun mélange d'autre fel, & en beaucoup plus grande quantité qu'on ne retire de nitre des tufs & des craies prifes dans

les

les vallons & fous la couche de terre végétale; cette différence affez fingulière ne vient que de la différente qualité des eaux; car indépendamment des matières terreuses & bitumineuses qui se trouvent dans toutes les eaux, la plupart contiennent des fels en affez grande quantité & de nature différente, selon la différente qualité du terrein où elles ont paffé; par exemple, toutes les eaux dont les fources font dans la couche de terre végétale ou limoneufe, contiennent une affez grande quantité de nitre; il en eft de même de l'eau des rivières & de la plupart des fontaines, au lieu que les eaux pluviales les plus pures & recueillies en plein air avec précaution pour éviter tout mélange, donnent après l'évaporation une poudre terreuse très-fine, d'une faveur fenfiblement falée & du même goût que le fel marin; il en est de même de la neige, elle contient auffi du fel marin comme l'eau de pluie, fans mélange d'autres fels, tandis que les eaux qui coulent fur les terres calcaires ou végétales, ne contiennent point de sel marin, mais du nitre. Les couches de marne stratifiées dans les vallons au pied des montagnes sous la terre végétale, fourniffent du falpêtre, parce que la pierre calcaire & la terre végétale dont elles tirent leur origine en contiennent. Au contraire les pelotes qui se trouvent dans les fentes ou dans les joints des pierres & entre les lits des bancs calcaires, ne donnent, au lieu de nitre, que du fel marin, parce qu'elles doivent leur formation à l'eau pluviale tombée immédiatement dans ces

[blocks in formation]

fentes, & que cette eau ne contient que du fel marin, fans aucun mélange de nitre; au lieu que les craies, les marnes & les tufs amaffés au bas des collines & dans les vallons, étant perpétuellement baignés par des eaux qui lavent à chaque instant la grande quantité de plantes dont la fuperficie de la terre eft couverte, & qui arrivent par conféquent toutes chargées & imprégnées du nitre qu'elles ont diffous à la fuperficie de la terre, ces couches reçoivent le nitre d'autant plus abondamment que ces mêmes eaux y demeurent fans écoulement & prefque ftagnantes.

[graphic]
[ocr errors]

DE LA PIERRE CALCAIRE. LA formation des pierres calcaires eft l'un des plus grands ouvrages de la Nature; quelque brute que nous en paroiffe la matière, il eft aifé d'y reconnoître une forme d'organisation actuelle & des traces d'une organisation antérieure bien plus complète dans les parties dont cette matière eft originairement compofée. Ces pierres ont em effet été primitivement formées du détriment des coquilles, des madrépores, des coraux & de toutes les autres fubftances qui ont fervi d'enveloppe ou de domicile à ces animaux infiniment nombreux, qui font pourvus des organes néceffaires pour cette production de matière pierreufe; je dis que le nombre de ces animaux eft immense, infini, car l'imagination même feroit épouvantée de leur quantité, fi nos yeux ne nous en affuroient pas en nous démontrant leurs débris réunis en grandes maffes, &. formant des collines, des montagnes & des terreins de plufieurs lieues d'étendue. Quelle prodigieufe pullulation ne doit-on pas supposer dans tous les animaux de ce genre? Quel nombre d'efpèces ne faut-il pas compter, tant dans les coquillages & crustacées actuellement exiftans, que pour ceux dont les espèces ne fubfiftent plus & qui font encore de beaucoup plus nombreux! Enfin combien de temps & quel nombre de fiècles n'eft-on pas forcé d'admettre pour l'existence fucceffive des unes & des autres! Rien ne peut

1

« PredošláPokračovať »