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fatisfaire notre jugement à cet égard, fi nous n'admettons pas une grande antériorité de temps pour la naiffance des coquillages avant tous les autres animaux, & une multiplication non interrompue de ces mêmes coquillages pendant plufieurs centaines de fiècles, car toutes les pierres & craies difpofées & dépofées en couches horizontales par les eaux de la mer, ne font en effet formées que de ces coquilles ou de leurs débris réduits en poudre, & il n'existe aucun autre agent, aucune autre puiffance particulière dans la Nature, qui puiffe produire la matière calcaire dont nous devons par conféquent rapporter la première origine à ces êtres organifés.

. Mais dans les amas immenfes de cette matière toute compofée des débris des animaux à coquilles, nous devons d'abord diftinguer les grandes couches qui font d'ancienne formation, & en féparer celles qui ne s'étant formées que des détrimens des premières, font à la vérité d'une même nature, mais d'une date de formation poftérieure; & l'on reconnoîtra toujours leurs différences par des indices faciles à faifir. Dans toutes les pierres d'ancienne formation, il y a toujours des coquilles ou des impreffions de coquilles & de cruftacées très-évidentes, au lieu que dans celles de formation moderne, il n'y a nul vestige, nulle figure de coquilles : ces carrières de pierres parasites, formées du détriment des premières, giffent ordinairement au pied ou à quelque distance des montagnes & des collines, dont les anciens bancs ont été attaqués dans leur

contour par l'action de la gelée & de l'humidité; les eaux ont enfuite entraîné & déposé dans les lieux plus bas toutes les poudres & les graviers détachés des bancs supérieurs, & ces débris ftratifiés les uns fur les autres par le transport & le fédiment des eaux, ont formé ces lits de pierres nouvelles où l'on ne voit aucune impreffion de coquilles, quoique ces pierres de feconde formation foient comme la pierre ancienne entièrement compofées de fubstance coquilleuse.

Et dans ces pierres de formation fecondaire, on peut encore en diftinguer de plusieurs dates différentes, & plus ou moins modernes ou récentes; toutes celles, par exemple, qui contiennent des coquilles fluviatiles, comme on en voit dans la pierre qui fe tire derrière l'Hôpital-général à Paris, ont été formées par des eaux vives & courantes, long-temps après que la mer a laissé notre continent à découvert; & néanmoins la plupart des autres, dans lefquelles on ne trouve aucune de ces coquilles fluviatiles, font encore plus récentes. Voilà donc trois dates de formation bien diftinctes; la première & plus ancienne eft celle de la formation des pierres, dans lesquelles on voit des coquilles ou des impreffions de coquilles marines, & ces anciennes pierres ne préfentent jamais des impreffions de coquilles terreftres ou fluviatiles; la feconde formation eft celle de ces pierres mêlées de petites viffes & limaçons fluviatiles ou terreftres; & la troisième fera celle des pierres, qui ne contenant aucunes

coquilles marines ou terreftres, n'ont été formées que des détrimens & des débris réduits en pouffière des unes ou des autres (a).

(a) « N'y auroit-il pas des pierres de troisième, & peut-être de » quatrième formation! les carrières qui fe trouvent dans les plaines » à de grandes distances des montagnes, & dont la pierre eft fi > différente de celle d'ancienne formation, femblent annoncer plufieurs » décompositions, & conféquemment plufieurs formations.

» Les carrières de feconde formation, non-feulement ne font pas » auffi étendues que les anciennes carrières, mais elles font toujours placées au-deffous des montagnes dominantes; elles font plus proches » de la furface de la terre: leurs bancs réunis ont moins d'épaiffeur » que les carrières de première formation. Ces carrières plus nouvelles » contiennent rarement plus d'un ou deux bancs; on en voit, comme » celles d'Anières, à deux lieues de Dijon, fur la route d'Iffurtille » où il n'y a qu'un feul banc de cinq à fix toifes d'épaiffeur, fans » aucuns lits, & prefque fans joints perpendiculaires.

La petite montagne où fe trouve cette carrière, eft plus baffe » que la chaîne qui traverse la Bourgogne du nord au fud; elle est

» ifolée & féparée de cette chaîne par le vallon de Vanton.

La carrière d'Iffurtille reffemble beaucoup à celle d'Anières, excepté qu'elle a le grain moins fin., elle eft de même dans un » monticule, ifolée & séparée de la grande chaîne par un vallon assez » profond: il fe trouve dans cette pierre quelques cavités remplies » d'un fpath fort dur & tranfparent. La pierre d'Anières qui eft éloignée de trois lieues de celle-ci, n'offre pas les mêmes accidens; » elle eft d'une pâte plus douce, plus blanche & d'un grain plus » fin: il n'y a aucun lit marqué dans la carrière d'Iffurtille, où » l'on coupe la pierre à volonté, de toute longueur & épaisseur.

La carrière de Tonnère, eft fituée comme les deux précédentes;

Les lits de ces pierres de feconde formation, ne font pas auffi étendus ni auffi épais que ceux des anciennes & premières couches dont ils tirent leur origine, & ordinairement les pierres elles-mêmes font moins dures, quoiqué d'un grain plus fin; fouvent auffi elles font moins pures, & fe trouvent mélangées de différentes fubftances que l'eau a rencontrées & chariées avec la matière de la pierre (b). Ces lits de pierres nouvelles ne font dans la

cette pierre a le grain encore plus fin, mais plus compact que « celle des deux premières.

La carrière des Montots, fituée à Puligny près Clugny, eft «< encore de même nature que les précédentes; elle eft fituée au «c pied de la chaîne de montagne qui traverse la Bourgogne, mais «<< elle n'eft pas ifolée: la pierre eft rouffe, parfaitement pleine, plus « dure, mais d'un grain auffi fin que celle des carrières précédentes; les bancs ont une très grande épaiffeur, & elle eft très-propre << pour la sculpture ». Note communiquée par M. Dumorey, Ingénieur du Roi & en chef de la province de Bourgogne.

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(b) Dans une carrière de cette efpèce, dont la pierre eft blanche & d'un grain affez fin, fituée à Condat près d'Agen, on trouve non feulement des pyrites, mais d charbon de bois brûlé, qui a confervé fa nature d charbon; voici ce que m'en a écrit M. de la Ville de Lacepède, par fa lettre du 7 Novembre 1776. « La carrière de Condat autant qu'on en peut juger, occupe un arpent de terre <<< & paroît s'étendre à une affez grande profondeur, quoiqu'elle n'ait « été encore exploitée qu'à celle de deux ou trois toifes: les couches « fupérieures font fort minces & divifées par un grand nombre de « fentes perpendiculaires; elles font moins dures que celles qui font « fituées plus bas; cette pierre ne contient aucune impreffion de « coquilles, mais elle renferme plufieurs matières hétérogènes, comme du filex entre les couches & même dans les fentes per- «

réalité que des dépôts semblables à ceux des incrustations, & chacune de ces carrières parasites doit être regardée comme une agrégation d'un grand nombre d'incruftations ou concrétions pierreuses, fuperpofées & ftratifiées les unes fur les autres. Elles prennent avec le temps plus ou moins de consistance & de dureté, fuivant leur degré de pureté, ou felon les mélanges qui font entrés dans leur composition; il y a de ces concrétions, telles que les albâtres qui reçoivent le poli; d'autres qu'on peut comparer à la craie par leur blancheur & leur légèreté; d'autres qui reffemblent plus au tuf. Ces lits de pierre de feconde & troisième formation, font ordinairement féparés les uns des autres par des joints ou délits horizontaux affez larges, & qui font remplis d'une matière pierreuse

pendiculaires, des pyrites qui font comme incorporées avec la » fubftance de la pierre, & enfin des morceaux de charbon. Vous » pourrez, Monfieur, voir par vous même, la manière dont ces. » matières étrangères y font renfermées, en jetant les yeux fur les » morceaux de pierre que je vais avoir l'honneur de vous envoyer » au jardin du Roi, & que vous m'aviez demandés.... J'ai trouvé >> auffi des pyrites enchâffées dans des pierres d'une carrière voisine » de celle de Condat, ayant la même compofition intérieure & ne » contenant point de coquilles; ces deux carrières occupent les deux » côtés d'un très-petit vallon qui les fépare, & font à peu-près à la » même hauteur. ... & toutes deux font fituées au bas de plufieurs » montagnes, dont les fommets font compofés de pierres calcinables » d'ancienne formation, & d'un grain bien moins fin que celui des » pierres de Condat, qui feules ont cette blancheur éclatante, & » cette facilité à recevoir un beau poli qui les fait employer à la place du marbre »>.