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pierres calcaires est la plus dense & la plus dure, les concrétions formées dans cette cavité par l'infiltration des eaux ne font plus des albâtres, mais de beaux marbres fins & d'une dureté presque égale à celle du marbre dont ils tirent leur origine, & qui eft d'une formation bien plus ancienne; ces premiers marbres contiennent souvent des coquilles & d'autres productions de la mer, tandis que les nouveaux marbres, ainsi que les albâtres, n'étant compofés que de particules pierreuses détachées par les eaux, ne présentent aucun veftige de coquilles, & annoncent par leur texture que leur formation est nouvelle.

Ces carrières parasites de marbre & d'albâtre, toutes formées aux dépens des anciens bancs calcaires, ne peuvent avoir plus d'étendue que les cavités dans lefquelles on les trouve; on peut les épuifer en affez peu de temps, & c'est par cette raison que la plupart des beaux marbres antiques ou modernes ne fe retrouvent plus; chaque cavité contient un marbre différent de celui d'une autre cavité, fur-tout pour les couleurs, parce que les bancs des anciens marbres qui furmontent ces cavernes, font eux-mêmes différemment colorés, & que l'eau par fon infiltration, détache & emporte les molécules de ces marbres avec leurs couleurs; fouvent elle mêle ces couleurs ou les difpofe dans un ordre différent; elle les affoiblit ou les charge, felon les circonftances; cependant on peut dire que les marbres de feconde formation font en général plus fortement colorés que les premiers dont ils tirent leur origine.

Et ces marbres de feconde formation peuvent, comme les albâtres, fe régénérer dans les endroits d'où on les a tirés, parce qu'ils font formés de même par la stillation des eaux. Baglivi (h) rapporte un grand nombre d'exemples qui prouvent évidemment que le marbre se reproduit de nouveau dans les mêmes carrières; il dit que l'on voyoit de fon temps des chemins très-unis, dans des endroits où cent ans auparavant il y avoit eu des carrières très-profondes; il ajoute, qu'en ouvrant des carrières de marbre on avoit rencontré des haches, des pics, des marteaux & d'autres outils renfermés dans le marbre, qui avoient vraisemblablement fervi autrefois à exploiter ces mêmes carrières, lesquelles se font remplies par la fuite des temps, & font devenues propres à être exploitées de nouveau.

On trouve auffi plufieurs de ces marbres de feconde formation qui font mêlés d'albâtre, & dans le genre calcaire comme en tout autre, la Nature paffe, par degrés & nuances, du marbre le plus fin & le plus dur, à l'albâtre & aux concrétions les plus groffières & les plus tendres.

La plupart des albâtres, & fur-tout les plus beaux, ont quelque transparence, parce qu'ils contiennent une certaine quantité de spath qui s'est cristallisé dans le temps de la formation des ftalactites dont ils font compofés; mais pour l'ordinaire la quantité du spath n'est pas auffi

(h) De lapidum vegetatione.

grande que celle de la matière pierreuse, opaque & groffière, en forte que l'albâtre qui réfulte de cette composition est affez opaque quoiqu'il le foit toujours moins que les marbres.

Et lorsque les albâtres font mêlés de beaucoup de fpaths, ils font plus caffans & plus difficiles à travailler, par la raison que cette matière spathique cristallisée se fend, s'égrène très - facilement & fe caffe prefque toujours en fens oblique; mais auffi ces albâtres font fouvent les plus beaux, parce qu'ils ont plus de tranfparence & prennent un poli plus vif que ceux où la matière pierreuse domine fur celle du spath. On a cité dans l'hiftoire de l'Académie des Sciences (i), un albâtre trouvé par M. Puget aux environs de Marseille, qui eft fi tranfparent, que par le poli très-parfait dont il est susceptible, on voit, à plus de deux doigts de fon épaiffeur, l'agréable variété de couleurs dont il eft embelli: le marbre à demitranfparent que M. Pallas a vu dans la province d'Ifchski en Tartarie, eft vraisemblablement un albâtre femblable à celui de Marseille. Il en eft de même du bel albâtre

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(i) Année 1703, page 17.- « Dans certaines grottes, comme dans celle de la montagne de Luminiani près de Vicence en Italie, les «c cristallisations spathiques font jaunâtres & reffemblent au plus beau «< fucre candi; les criftaux font en forme de pyramides triangulaires, dont le sommet est très-aigu: communément elles font verticales; de «<< nouvelles pyramides fortent des côtés de ces premières & deviennent <<< horizontales; on peut en détacher de très-grands blocs ». Note de M. le baron de Dietrich, dans les Lettres de M. Ferber, page 25,

de Grenade en Espagne, qui, felon M. Bowles, eft auffi brillant & transparent que la plus belle cornaline blanche, mais qui néanmoins est fort tendre, à moitié blanc & à moitié couleur de cire (k); en général la transparence dans les pierres calcaires, les marbres & les albâtres, ne provient que de la matière fpathique qui s'y trouve incorporée & mêlée en grande quantité; car les autres matières pierreufes font opaques.

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Au refte, on peut regarder comme une espèce d'albâtre toutes les incruftations & même les oftéocoles & les autres concrétions pierreufes moulées fur des végétaux ou fur des offemens d'animaux; il s'en trouve de cette dernière espèce en grande quantité dans les cavernes du Margraviat de Bareith, dont S. A. S. M. le Margrave d'Anspach, a eu la bonté de m'envoyer la description fuivante. On connoît affez les marbres qui renferment » des coquilles ou des pétrifications qui leur reffemblent.... Mais ici on trouve des maffes pierreufes paîtries d'offe» mens d'une manière semblable; elles font nées, pour » ainfi dire, de la conglutination des fragmens des stalactites » de la pierre calcaire grise qui fait la base de toute la chaîne » de ces montagnes, d'un peu de fable, d'une fubftance mar» neuse & d'une quantité infinie de fragmens d'os. Il y a dans une feule pierre, dont on a trouvé des maffes de quelques » centaines de livres, un mélange de dents de différentes

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(k) Hiftoire Naturelle d'Espagne, par M. Bowles, pages 424

4250 مم

espèces,

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espèces, de côtes, de cartilages, de vertèbres, de phalanges, d'os cylindriques, en un mot de fragmens d'os de tous les membres qui y font par milliers. On trouve « souvent dans ces mêmes pierres un grand os qui en fait la pièce principale, & qui est entouré d'un nombre infini « d'autres; il n'y a pas la moindre régularité dans la dispofition des couches. Si l'on verfoit de la chaux détrempée fur un mélange d'esquilles, il en naîtroit quelque chofe « de femblable. Ces maffes font déjà affez dures dans les «< cavernes.... mais lorsqu'elles font exposées à l'air, elles durciffent au point, que quand on s'y prend comme il faut, elles font fusceptibles d'un médiocre poli. On « trouve rarement des cavités dans l'intérieur, les interftices font remplis d'une matière compacte que la pétrification a encore décomposée davantage. Je m'en fuis à la fin procuré, avec beaucoup de peines, une collection fi « complète, que je puis préfenter presque chaque os re- «< marquable du fquelette de ces animaux, enchâssé dans « une propre pièce, dont il fait l'os principal. En entrant « dans ces cavernes, pour la première fois, nous en avons «< trouvé une si grande quantité, qu'il eût été facile d'en amaffer quelques charretées.

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Un heureux destin m'avoit réservé à moi & à mes «< amis, entr'autres, un morceau de cette pierre offeuse à « peu-près de trois pieds de long, fur deux de large & « autant d'épaiffeur.... La curiofité nous le fit mettre « en pièces, car il étoit impoffible de le faire passer par ces « Minéraux, Tome I. Oo.

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