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schifte, interpofé entre Is tranches calcaires rouges qui font le fond de ce marbre mixte; telles font auffi lespierres de Florence, où le fond du tableau eft de substance calcaire pure, ou teinte par un peu de fer, mais dont la partie qui représente des ruines, contient une portion considérable de terre schisteuse (p), à laquelle, suivant toute apparence, eft dûe cette figuration fous différens angles & diverses coupes, lefquelles font analogues aux lignes & aux faces angulaires fous lefquelles on fait que les schistes affectent de se diviser, lorfqu'ils font mêlés de la matière calcaire.

Ces pierres mixtes, dans lesquelles les veines fchifteufes traverfent le fond calcaire, ont moins de folidité & de durée que les marbres purs; les portions schisteuses sont plus tendres que le refte de la pierre, & ne résistent pas longtemps aux injures de l'air : c'est par cette raison que le marbre çampan employé dans les jardins de Marly & de Trianon, s'eft dégradé en moins d'un fiècle. On devroit donc. n'employer pour les monumens que des marbres reconnus pour être fans mélange de fchiftes, ou d'autres matières argileufes qui les rendent fufceptibles d'une prompte altération & même d'une deftruction entière (2).

Une autre matière mixte & qui n'est composée que d'argile & de substance calcaire, eft celle qu'on appelle

(p) Voyez la Differtation que M. Bayen, favant Chimiste, a donné fous le titre d'Examen chimique de différentes pierres.

(9) Voyez la Differtation citée.

à Genève & dans le Lyonnois mollasse, parce qu'elle est fort tendre dans fa carrière. Elle s'y trouve en grandes maffes (r), & on ne laisse pas de l'employer pour les bâtimens, parce qu'elle fe durcit à l'air; mais comme l'eau des pluies & même l'humidité de l'air la pénètrent & la décompofent peu-à-peu, on doit ne l'employer qu'à couvert; & c'est en effet pour éviter la deftruction de ces pierres mollaffes, qu'on est dans l'usage, le long du Rhône & à Genève, de faire avancer les toits de cinq à fix pieds au-delà des murs extérieurs, afin de les défendre de la pluie (S). Au refte, cette pierre qui ne

(r) << En 1779, on ouvrit un chemin près de Lyon, au bord du Rhône, dans une montagne prefque toute de mollaffe; la coupe <<< perpendiculaire de cette montagne préfentoit une infinité de couches <<< fucceffives légèrement ondées, d'épaisseurs différentes, dont le tissu « plus ou moins ferré, & les nuances diverfifiées, annonçoient bien «<< des dépôts formés à différentes époques: j'y ai remarqué des lits de « gravier dont l'interpofition étoit visiblement l'effet de quelques inon- «< dations qui avoient interrompu de temps à autres, la ftratification de « la mollaffe. Note communiquée par M. de Morveau.

GC

(S) Le pont de Bellegarde fur la Valfime, à peu de distance de « fon confluent avec le Rhône, eft affis fur un banc de mollasse que «< les eaux avoient creufé de plus de quatre-vingts pieds à l'époque de «< l'année 1778; la comminution lente des deux talus avoit tellement << travaillé fous les culées de ce pont, qu'elles fe trouvoient en l'air; « il a fallu le reconstruire, & les Ingénieurs ont eu la précaution de «<

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jeter l'arc beaucoup au-delà des deux bords, laiffant pour ainfi c dire la part du temps hors du point de fondation, & calculant la «< durée de cet édifice fur la progreffion de cette comminution. Suite « de la note communiquée par M. de Morveau.

peut résister à l'eau, réfifte très-bien au feu, & on l'emploie avantageufement à la conftruction des fourneaux de forges & des foyers de cheminées.

Pour réfumer ce que nous venons de dire fur les pierres compofées de matières vitreufes & de fubftance calcaire en grandes maffes, & dont nous ne donnerons que ces trois exemples; nous dirons 1.° que les fchiftes fpathiques ou roches de corne, représentent le grand mélange & la combinaison intime qui s'eft faite des matières calcaires avec les argiles, lorsqu'elles étoient toutes deux réduites en poudre,

&

que ni les unes ni les autres n'avoient encore aucune folidité. 2.° Que les mélanges moins intimes, formés par les transports fubfequens des eaux, & dans lefquels chacune des matières vitreuses & calcaires, ne font que mêlées & moins intimement liées, nous font représentés par ces marbres mixtes & ces pierres deffinées, dans lesquelles la matière fchisteuse se reconnoît à des caractères non équivoques, & paroît avoir été ou déposée par entaffemens fucceffifs, & alternativement avec la matière calcaire, ou introdufte en petite quantité dans les fciffures & les fentes de ces mêmes matières calcaires. 3.° Que les mélanges les plus groffiers & les moins intimes de l'argile & de la matière calcaire, nous font représentés par la pierre mollaffe & même par la marne ; & nous pouvons aifément concevoir dans combien de circonftances ces mélanges de fchifte ou d'argile & de fubftance calcaire, plus ou moins groffiers, ou plus ou moins intimes, ont dû avoir lieu, puisque

les eaux n'ont ceffé, tant qu'elles ont couvert le globe, comme elles ne ceffent encore au fond des mers, de travailler, porter & transporter ces matières, & par conféquent de les mélanger dans tous les lieux où les lits d'argile se font trouvés voisins des couches calcaires, & où ces dernières n'auroient pas encore recouvert les premières.

Cependant ces élémens ne font pas les feuls que la Nature emploie pour le mélange & l'union de la plupart des mixtes indépendamment des détrimens vitreux & calcaires, elle emploie auffi la terre végétale qu'on doit diftinguer des terres calcaires ou vitreuses, puisqu'elle est produite en grande partie par la décomposition des végétaux & des animaux terreftres, dont les détrimens contiennent non-feulement les élémens vitreux & calcaires qui forment la base des parties folides de leur corps, mais encore tous les principes actifs des êtres organifés, & fur-tout une portion de ce feu qui les rendoit vivans ou végétans. Ces molécules actives tendent fans ceffe à former des combinaisons nouvelles dans la terre végétale; & nous ferons voir dans la fuite que les plus brillantes comme les plus utiles, des productions du règne minéral, appartiennent à cette terre qu'on n'a pas jufqu'ici confidérée d'affez près.

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DE LA TERRE VÉGÉTALE.

LA
terre purement brute, la terre élémentaire, n'est
que le verre primitif d'abord réduit en poudre & enfuite
atténué, ramolli & converti en argile par l'impreffion des
élémens humides; une autre terre un peu moins brute
est la matière calcaire produite originairement par les
dépouilles des coquillages, & de même réduite en poudre
par les frottemens & par le mouvement des eaux; enfin
une troisième terre plus organique que brute, eft la terre
végétale composée des détrimens des végétaux & des
animaux terreftres.

Et ces trois terres fimples, qui par la décomposition des matières vitreufes, calcaires & végétales, avoient d'abord pris la forme d'argile, de craie & de limon, se font ensuite mêlées les unes avec les autres, & ont fubi tous les degrés d'atténuation, de figuration & de transformation qui étoient néceffaires pour pouvoir entrer dans la composition des minéraux & dans la ftructure organique des végétaux & des animaux.

Les Chimistes & les Minéralogiftes ont tous beaucoup parlé des deux premières terres ; ils ont travaillé, décrit, analysé les argiles & les matières calcaires; ils en ont fait la bafe de la plupart des corps mixtes; mais j'avoue que je fuis étonné qu'aucun d'eux n'ait traité de la terre végétale ou limoneuse, qui méritoit leur attention, du moins autant

que

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