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que nous remplir de connoiffances abftraites &ftériles. L'autre nous rend proprement hommes en nous apprenant à régler nos mœurs, à obferver nos devoirs, & à garder ce qui s'appelle les bienséances.

13. Quo Lare. ] Pour dire quelle Ecole, quelle Secte de Philofophes. J'ai parlé de cette expreffion fur l'Ode Icci, beatis.

15. Tempeftas. ] J'entens par cette tempête l'occafion, le hazard, les événemens. Quoiqu'Horace n'époufât aucune Ecole, il n'étoit étranger dans aucune, parce qu'il n'y en avoit aucune dont il ne tirât quelque connoiffance utile & profitable pour fa conduite. 16. Nunc agilis fio, &c. ] Voici comme on a lu jufqu'ici ces quatre vers:

Nunc agilis fio, & merfor civilibus undis,
Virtutis veræ cuftos rigidufque fatelles :
Nunc in Ariftippi furtim præcepta relabor,
Et mihi res, non me rebus, fubjungere conor.

Il me paroît que le fecond de ces vers ne sçauroit convenir avec le premier, ni le quatriéme avec le troifiéme. Comment allier cette flexibilité d'efprit néceffaire pour bien manier les affaires, avec cette roideur d'une vertu rude & auftére? Quoi de plus oppofé au caractére d'Ariftippe, fouple & pliant quelquefois jufqu'à la baffeffe, que cette indépendance d'un efprit impérieux, qui maîtrife & gourmande, pour ainfi dire, les affaires? Je fuis furpris qu'une contradiction fi marquée n'ait pas fauté aux yeux de tous les Interprêtes. Monfieur Cofte a montré qu'ils s'étoient tous trompés. L'on peut dire qu'il ne s'eft pas moins trompé que les autres, qu'il n'a fait

qu'ajouter une erreur de plus, & que tous ceux qui fuppoferont le même principe ne pourront jamais en rien tirer de raisonnable. Par le nouvel arrangement que je donne à ces vers, tous les embarras difparoiffent; il n'y a plus, ni obfcurité dans les pensées, ni confufion dans les caractéres. C'eft ici une de ces occafions où la raifon doit corriger les manufcrits: & cet endroit n'eft pas le feul où la négligence des Copiftes & des Grammairiens nous oblige d'emploier ce reméde dans cette Epître, comme on le verra fur le cinquante-cinquiéme vers.

Civilibus undis. ] C'est-à-dire, les affaires des particuliers. Horace fe plaint en plus d'un endroit des embarras que ces affaires lui caufoient. On peut voir le vers trente-troifiéme de la Satire Hoc erat in votis.

18. Virtutis veræ cuftos. ] Ceci regarde les Stoïciens. La vertu à quoi ils s'attachoient étoit une vraie vertu, & nulle Ecole n'en donnoit de plus excellentes leçons : mais dans la pratique ils y mêloient une âpreté & une rigidité fi démesurée, qu'ils en éloignoient les plus honnêtes gens, & fe rendoient encore par là peu propres aux affaires, qui demandent fouvent des tempéramens, des égards des ménagemens, dont ils étoient incapables. A parler en général, c'eft un talent estimable que de fçavoir gouverner les affaires fans s'en laiffer gouverner; mais il y a des occurrences, où trop de fermeté gâte tout, & où l'on avance plus en pliant à propos qu'en fe roidiffant contre les difficultés.

19. Nunc in Ariftippi, &c.] Cela vient naturellement après les trois vers précédens. Ho

race ne s'accommodoit pas long-tems des deux premiers partis ; l'un demandoit trop de mouvement, & l'autre trop de rigidité; l'un & l'autre ne convenoient pas à fon inclination. La morale d'Ariftippe étoit plus de fon goût. J'ai dit fur le centième vers de la Satire Si rarò fcribes, que cette morale étoit fort décriée parmi les Stoïciens & les Cyniques; c'eft pourquoi Horace dit qu'il ne s'y livroit que fous main & en cachette, furtim. Il ne faut cependant pas croire qu'il s'y abandonnât fans réserve, il fçavoit la tempérer. par les fages correctifs qu'Epicure y avoit apportés.

20. Ut nox longa quibus mentitur amica. ] Horace ne pouvoit donner une plus grande idée de l'ardeur qu'il avoit pour la Philofophie,qu'en la comparant à l'impatience d'un homme qui attend fa maîtreffe, qui lui a promis de l'aller trouver la nuit ; & il en pouvoit parler par expérience, témoin ce qu'il dans là Satire V du livre I: A

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Hic ego mendacem ftultiffimus ufque puellam
Ad mediam noctem expecto. Somnus tamen aufert
Intentum Veneri.

"Je fus affez fot pour paffer la plus grande » partie de cette nuit-là fans dormir, en attendant une jeune fille qui m'avoit promis, & qui me manqua de parole. Mais enfin le fom» meil vint fermer mes yeux, que l'amour avoit tenu trop long-tems ouverts, &c. « Rien n'eft plus fort que cette comparaison tirée du vice, & emploiée pour la vertu. DAC.

21. Diefque lenta videtur. ] Trois célébres Editeurs ont rappellé cette leçon d'un ancien manufcrit,

manufcrit. Les Copiftes avoient mis longa pour lenta, en fubftituant la glofe au texte ; ce qu'ils ont fait encore en d'autres endroits, comme nous le verrons au cent foixante-douziéme vers de l'Epître aux Pifons. Horace, dit Monfieur Bentlei, a varié avec grace fes épithètes de même fignification, en difant nox longa, dies lenta, annus piger, tarda tempora.

27. Elementis. ] Ces élémens font les principes de la Sageffe, qu'il est toujours tems d'apprendre, & fans quoi l'on ne fçauroit être heureux. Tout le refte de cefte Epître ne contient autre chofe que ces principes.

28. Non poffis oculo, &c.] Peu importe qu'on life oculos ou oculo; ces deux leçons peuvent être bonnes, du moins elles reviennent au même fens. J'ai fuivi celle qui eft autorisée par prefque tous les manufcrits. Il y a eu anciennement deux Lyncées, tous deux d'une vue fort perçante; l'un voioit, dit-on, la Lune au point de fa conjonction avec le Soleil, l'autre diftinguoit du Port de Carthage une Flote qui partoit du Port de Lilybée en Sicile, & comptoit le nombre des Vaiffeaux. Glycon natif de Troade ne fe diftingua pas moins parmi les Philofophes que parmi les Athlétes. Il tint l'Ecole Peripatéticienne après Straton, & mourut de la goute à l'âge de foixante

quatorze ans.

32. Eft quadam prodire tenus. ] Il est toujours tems de commencer à devenir honnête homme, les pas que l'on fait dans le chemin de la vertu ne font jamais perdus : fi l'on ne monte pas jufqu'au fommet, du moins on parvient à un certain dégré d'élévation, qui ne nous met pas tout-à-fait hors de la portée du vice, Tome VI.

* C

mais qui nous donne quelque avantage pour le combattre. Horace dit et quadam prodire tenus, pour quadam tenus prodire licet. Ć'est la vraie leçon, qui s'eft confervée dans deux excellens manufcrits, & que quatre de nos plus célébres Editeurs ont ramenée dans le texte. Quodam tenus, qui eft la leçon ordinai→ re, n'eft pas feulement Latin, & ne doit point être mis fur le compte d'Horace. Les adjectifs perfonnels, que les Grammairiens appellent pronoms, fe mettent toujours au féminin quand ils font joint avec tenus. La raifon eft qu'ils fe rapportent à fine, qui eft fousentendu, & que l'ufage a toujours mis alors au genre féminin, comme Feftus le remarque fur le mot quatenus.

34. Laborem. ] Monfieur Cuningam a produit cette leçon, qui me paroît préférable à dolorem. Celle-ci n'eft apparemment qu'une glofe de l'autre. Horace s'eft fervi plus d'une fois de labor, pour fignifier les maladies de l'ame.

37. Pure. ] C'est-à-dire avec des intentions droites. Les Livres de Morale font des Ouvrages confacrés à la Vertu, on ne doit point les toucher avec des mains profanes. Cette idée a fourni à Horace les termes de piacula & de purè, qui font pris de la Religion.

38. Invidus, iracundus, &c. ] Notre Poëte étoit fujet à la plupart de ces défauts; mais l'aveu qu'il en fait eft la marque d'une franchife peu ordinaire. Ceux qui approchent les Grands ont attention à ne fe découvrir à eux que par des endroits avantageux. Lui au contraire fe fait fon procès devant un premier Miniftre, devant fon Patron, fans crainte de Le décrier.

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