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Eglife, orner les murs d'images, dire ou entendre la Meffe, &c. (a)

Vous vous arrêtez en beau chemin, Monfieur; pourquoi ne pas pouffer le principe jufqu'où il peut aller? Que Jefus-Chrift foit l'envoyé de Dieu, ou que ce foit Mahomet; qu'il foit le Meffie attendu par les Juifs, ou que ce foit un impofteur; que l'Evangile ou l'Alcoran foit un Livre divin; qu'il faille être bap tifé ou circoncis; que l'on croie un feul Dieu, ou que l'on admette des divinités fubalternes, qu'eft-ce que cela importe à l'efpéce humaine ? Le même homme peut être, fans conféquence pour les mœurs, Catholique à Rome, & Calvinifte à Geneve, Turc à Conftantinople, & Juif en Hollande, Idolâtre à Pekin, & Chrétien à Paris.

Avec ce principe, on fe trouve fort au large en matiere de Religion. Que Dieu ait enseigné telle doctrine, qu'il ait prefcrit telle pratique : que nous importe? Nous ne fommes obligés, ni de croire à fa parole, ni d'être foumis à fes ordres. Obéiffons à notre raifon, & tout eft bien, Voilà la feule prétention des Athées, des Matérialistes, des impies de toute efpéce;

(a) Emile, tome 4, p. 86.

dès qu'ils ne troublent point la fociété, perfonne n'a droit de s'informer de ce qu'ils croient, on leur doit laiffer pleine liberté.

Ils nous renvoient fans ceffe à la morale; on croiroit que cette morale leur tient fort au cœur : nous verrons dans la fuite ce qu'il faut en penfer, & les conféquences qui découlent de leur méthode.

Ce n'eft point à nous, Monfieur, de juger quelles font les vérités effentielles, quels font les dogmes indifférens. Tout ce que Dieu a révélé, eft effentiel dans ce fens, qu'il n'eft jamais permis de le rejetter ou d'en douter. La feule question fenfée & raisonnable, en fait de Religion, eft de fçavoir fi Dieu a effectivement enfeigné & commandé quelque chofe. Elle fera le fujet de la Lettre fuivante ; & nous l'examinerons, s'il vous plaît avec une attention particuliere.

Je fuis; &c.

LETTRE III

Sur l'existence & les preuves d'une
révélation.

Nous entrons, Monfieur, dans l'exa men de la plus importante des questions. que nous ayons à traiter ; l'exiftence d'une révélation vous l'admettez en quelque chofe, vous l'affurez du moins ; je l'admets de mon côté, mais fur des fondemens bien différens. Examinons d'abord votre fyftême, nous lui oppoferons enfuite celui du Chriftianifme, & nous verrons lequel eft le mieux lié, le plus fuivi, lequel s'accorde mieux avec les idées de la bonté & de la fageffe de l'Etre fuprême.

Je tiens, dites-vous, pour révélée, toute doctrine où je reconnois l'efprit de Dieu (a). Je la reconnois, l'authenticité de l'Evangile, en conféquence de l'Evangile & de la fublimité que j'y vois, fans qu'on me l'attefte...... L'Evangile eft la piéce qui déci→ de, & cette piéce eft entre mes mains. De quelque maniere qu'elle y foit venue quelqu'Auteur qui l'ait écrite, j'y reconnois

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(a) Lettre, page 108.

l'Esprit divin (a). Le Vicaire Savoyard propofe des doutes & des difficultés fur les révélations en genéral, donnant pourtant à la nôtre fa véritable certitude dans la pureté, la fainteté de fa doctrine, & dans la fublimité toute divine de celui qui en fut l'Auteur (b).

Voilà vos preuves. Vous les développez dans le magnifique témoignage que vous rendez à la divinité de Jefus-Chrift & de fon Evangile. Je le tranfcrirai tout entier, quoiqu'il foit déja imprimé dans trois ouvrages différens, non-feulement parce que je voudrois pouvoir le graver dans tous les efprits & dans tous les cœurs, mais encore parce qu'il faut le confronter avec ce que vous dites ailleurs. Jugez par-là, Monfieur, de la fincérité avec laquelle j'applaudis à ce qu'il y a de beau, de vrai, de folide dans vos écrits.

» Je vous avoue que la majefté des Ecritures m'étonne; la fainteté de l'Evangile parle à mon cœur. Voyez les Livres des Philofophes avec toute leur pompe; qu'ils font petits près de celuilà! Se peut-il qu'un Livre, à-la-fois fi

(a) Lettre, p. 112 (b) Ibid, p, 116,

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» fublime & fi fimple, foit l'ouvrage des hommes? Se peut-il que celui dont il fait l'hiftoire, ne foit qu'un homme luimême ? Eft-ce-là le ton d'un enthoufiafte ou d'un ambitieux fectaire ? Quelle → douceur, quelle pureté dans fes mœurs ! Quelle grace touchante dans fes inftructions! Quelle élévation dans fes maximes! Quelle profonde fageffe dans fes difcours ! Quelle présence d'efprit, quelle fineffe & quelle jufteffe dans fes réponfes! Quel empire fur fes paffions! Où eft l'homme, où eft le fage qui fçait agir, fouffrir & mourir fans foibleffe & fans oftentation? Quand Platon peint fon jufte imaginaire couvert. de tout l'opprobre du crime, & digne de tous les prix de la vertu il peint trait pour trait Jefus-Chrift; la reffemblance eft fi frappante, que tous les Peres l'ont fentie, & il n'eft pas poflible » de s'y tromper. Quelles préjugés, quel » aveuglement ne faut-il pas avoir pourofer comparer le fils de Sophronisque au fils de Marie ? Quelle distance de l'un à l'autre ! Socrate mourant fans douleur, fans ignominie, foutint aifément jufqu'au bout fon perfonnage; & fi cette facile mort n'eût honoré fa vie on douteroit fi Socrate, avec tout fon

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