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forcés d'avouer leur impuiffance, & de faire cette confeffion humiliante, le doigt de Dieu eft ici (a).

Par la même raifon, je vous nie que dans aucun cas le démon puiffe faire directement, pour prouver aucune fauffe doctrine, des miracles tellement apparens, que l'on ne puiffe en découvrir la fauffeté. L'erreur feroit alors inévitable, & Dieu ne peut pas le permettre. Une preuve de l'impuiffance du démon, c'est qu'il ne l'a jamais fait ; ce n'eft pas fans doute faute de mauvaise volonté. Il n'eft pas nécessaire d'examiner jufqu'où peut s'étendre le pouvoir naturel du démon il fuffit de fçavoir que Dieu ne lui permettra jamais d'en ufer, au point de rendre l'erreur inévitable.

Il eft donc faux, qu'après avoir prouvé la doctrine par le miracle, il faille prouver le miracle par la doctrine; jamais perfonne ne fut affez infenfé pour procé der de cette maniere. Si vous prétendez infinuer que nous le faifons, c'eft une im putation calomnieufe. Cela eft formel, dites-vous, en mille endroits de l'Ecriture (b); nous allons voir comme vous le prouvez.

(a) Exode, 8, 19.

b) Emile, tome 3, p. 136, en note.

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Selon le précepte même de Moyfe, qu'on me montre des miracles, & je refuferai encore de croire une doctrine abfurde & déraisonnable qu'on voudroit étayer par eux : & vous nous renvoyez au treiziéme chapitre du Deutéronome ( a ). Je vous protefte, Monfieur, que jamais Moyfe n'a pensé à donner aux Juifs le précepte que vous lui attribuez. Voici ce qu'il dit, dans l'endroit même que vous citez. Au cas que je falfifie fon texte, vous me releverez. S'il s'éleve au milieu de vous un Prophéte ou quelqu'un qui dife qu'il a eu un fonge, & qui vous préfente un figne ou un phénoméne ; fit ce qu'il a prédit arrive, & qu'il 'ous dife: allons honorer les Dieux étrangers que vous ne connoiffez pas, & leur rendre notre culte ; vous n'écouterez point ce Prophéte ou ce rêveur..... Ce Prophéte ou ce forgeur de fonges fera mis à mort ( b ). Eft-il queftion là de miracles?

Vous fçavez que le nom de Prophéte ne fignifie rien autre chofe qu'un homme qui prédit l'avenir; que dans la rigueur du terme, on peut le donner à tout faiseur de pronoftics. Vous fçavez encore que chez les Hébreux, on appelloit de ce

(a) Lettre, page 106. 12 Deut 12 Ye

nom, tout homme qui parloit en public< qui annonçoit quelque chofe au peuple. Il n'eft donc ici queftion que d'un Aftro logue, d'un conteur de fonges ou de vifions, qui annonce au peuple un phé noméne, qui veut faire croire que cette: prédiction lui eft venue par infpiration divine, & qui prétend s'en fervir pour engager les auditeurs à l'idolâtrie. Encore une fois, où font les miracles?

Mais je fuis dans l'ufage de vous accorder vos fuppofitions, quelques fauffes qu'elles foient. Suppofons donc encore que Moyfe ait dit ce que vous lui prêtez; voici quel feroit alors le fens de l'avis qu'il donne aux Juifs. Vous avez vu les miracles éclatans que Dieu a faits par mon miniftere, pour confirmer les Loix & la Religion que je vous ai données de fa part; fi donc il venoit dans la fuite. um faux Prophéte qui fit des miracles apparens pour vous perfuader l'idolâtrie, n'y croyez pas; tous ces miracles ne peuventêtre que des preftiges. Dieu ne peut plusfaire de miracles pour décréditer des vérités qu'il a établies lui-même par des miracles; il fe. contrediroit lui-même..

Que pourriez-vous conclure de-là, Monfieur, contre les miracles opérés en faveur de la prédication de Jefus-Chrift Gy

& des Apôtres, en faveur de Chriftianif me? Dieu avoit-il fait des miracles éclatans pour confirmer l'Idolâtrie? S'étoit-il ainfi engagé à n'en point faire pour la détruire ?

Le Chriftianifme eft donc maintenant dans le même cas où étoit la Religion des Hébreux; Dieu a autorifé fon établiffement par des miracles inconteftables. Si aujourd'hui il vient un impofteur nous apporter de prétendus miracles, pour prouver une doctrine contraire à celle de l'E glife, ne fommes-nous pas en droit de les. rejetter fans examen, & de lui dire: Dieu a fait des miracles pour établir fon Eglife,, & lui a promis fon affiftance jufqu'à la fin des fiécles il n'en peut plus faire con→ tr'elle, parce qu'il ne peut pas fe contredire.. Conclurez-vous de-là; donc dans tous. les cas, c'eft la doctrine qui doit prouver les miracles, & non les miracles qui doi-vent prouver la doctrine? Telle eft cependant votre maniere de raifonner..

M. l'Archevêque de Paris vous avoit dit: que, quand une doctrine eft reconnue vraie, divine, fondée fur une révélation certaine, par conféquent fur des miracles puifqu'ils font la preuve de la révélation c'eft le cas de la Religion des Hébreux & de celle des Chrétiens remarquez cette

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hypothèse; alors on s'en fert pour juger des miracles, c'est-à-dire, pour rejetter fans autre examen, les prétendus prodiges que des impofteurs voudroient oppofer à cette doctrine; c'est ce que l'on a fait à l'égard des miracles , que l'on prétendoit avoir été opérés, pour prouver une doctrine contraire à celle de l'Eglife, qu'il ne fe trouve-là, ni abus de raifonnement, ni cercle vicieux ( a ).

Le Lecteur en jugera, répondez-vous d'un ton victorieux; pour moi, je n'ajoute

rai

pas un mot.

Votre triomphe ne fera pas long, Monfieur, je vais en démontrer le ridi cule. Ce qu'on appelle vulgairement un argument ad hominem, est-il un abus du raifonnement, ou un cercle vicieux ? J'argumente ainfi contre un partifan du Diacre Pâris vous qui êtes Chrétien, vous croyez que Dieu a fait des miracles éclatans pour fonder fon Eglife, & qu'il lui a promis d'être avec elle jufqu'à la confommation des fiécles: donc Dieu ne peut, fans fe contredire, & fans manquer à fa parole, faire aujourd'hui des miracles pour autorifer une doctrine contraire à celle de fon Eglife. Donc, quand vous m'ap

(a) Lettre, p. 106 & 1979

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