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elle fuffit pour appaiser tout homme nort prévenu; mais pour vous, Monfieur, il faut quelque chofe de plus: après avoir établi l'autorité de l'Eglife fur le fait, il faut l'appuyer encore fur le droit, & vous montrer que ce que Jefus-Christ a fait, il a dû néceffairement le faire.

Lorfque Jefus-Chrift a fondé fon Egli fe, ce n'étoit pas pour quelques jours ou quelques années. Ce grand ouvrage, annoncé depuis tant de fiécles, préparé avec tant d'appareil, opéré par tant de prodi ges, ne devoit pas être une inftitution paffagere, mais un établissement durable. Convenoit-il à la fageffe de Dieu de boule verfer l'Univers, pour ne montrer aux hommes qu'une lumiere momentanée prête à difparoître comme un éclair? Or PEglife de Jefus-Chrift ne pouvoit fubfifter fans une autorité toujours vivante pour enfeigner, pour terminer les difputes, pour profcrire les erreurs : donc Jefus-Chrift, dont la fageffe ne fe démentit jamais, devoit établir cette autorité. Cette Eglife ne pouvoit fubfifter que par la profeffion conftante de la doctrine de Jefus

Chrift; rappellez-vous, Monfieur, en quoi confifte cette doctrine, & ce que Vous y avez remarqué vous-même, d'un côté des dogmes incompréhenfibles, de

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fautre une morale pure & parfaite : or une autorité vifible étoit également né ceffaire pour maintenir la foi des uns & la pratique de l'autre ; donc la perpétuité de l'Eglife exigeoit néceffairement cette autorité.

Il étoit aifé de prévoir que l'orgue de la raifon s'éleveroit bientôt contre la croyance des myfteres, que l'audace des paffions ne tarderoit pas à lutter contre la févérité des préceptes; quel autre moyen de réprimer leurs attentats, qu'un tribunal toujours fubfiftant, chargé de conferver ce double dépôt, de prévenir toute altération dans la foi, & toute corruption dans la morale, de condamner également les dépravateurs de l'une & de l'autre ? Les fastes de l'Eglise ne prouvent que trop bien la néceffité de cette précaution: l'hiftoire de dix - fept fiécles n'eft autre chofe que le récit de fes combats; ils ont commencé du temps même des Apôtres.

Vainement prétendriez-vous avec vos freres les Calviniftes, que l'Evangile fuf fit pour conferver la doctrine de JefusChrist & la fociété de fes Difciples. C'est le sens même de l'Evangile qui eft l'objet de toutes les difputes ; &, felon vos propres obfervations, cela ne pouvoit être autrement. Jamais on ne s'eft avifé de

croire qu'un corps politique pût fubfifter par le fecours muet d'un code de Loix,. fans Magiftrats chargés d'en faire l'application, & d'en fixer le vrai fens : il étoit réfervé à la réforme d'enfanter ce fyftême: ridicule, & de nous peindre Jefus-Chrift: comme le plus imprudent de tous les Lé giflateurs..

Quand l'Evangile fuffiroit feul pour fixer la croyance des fçavans, ce qui n'eft pas, de quel ufage peut-il être pour les ignorans, pour ceux qui ne fçavent pas lire? Com ment entendront-ils la doctrine de Jefus Chrift, fi perfonne ne la leur prêche (a) ? &c. feront-ils obligés de croire le Prédicateur, s'il n'eft revêtu d'une autorité divine?

Mais il faut vous entendre parler vousmême & voir un nouvel exemple des contradictions qui vous font fi familieres.. Les Livres facrés font écrits en des langues inconnues...... ; ne voilà-t-il pas une maniere bien fimple d'inftruire les hommes, de leur parler toujours une langue qu'ils n'entendent point? On traduit ces Livres, dirat-on; belle réponse! Qui m'assurera que ces: Livres font fidélement traduits; qu'il eft même poffible qu'ils le foient; & quand Dieu fait tant que de parler aux hommes, pour

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quoi faut-il qu'il ait befoin d'interprête (a) ? Les Livres font des fources de difputes intariffables.....; le langage humain n'eft pas affez clair. Dieu lui-même s'il daignoit nous parler dans nos langues, ne nous dirott rien fur quoi l'on ne pût disputer ( b).

On ne peut pas mieux prouver, ce me femble, qu'une Ecriture muette & fouvent fort obfcure, n'eft pas l'unique moyen dont Dieu a voulu fe fervir pour nous enfeigner les vérités révélées ; qu'il falloit un oracle toujours vivant pour inftruire les ignorans & pour terminer les conteftations qui pourroient naître fur le véritable fens des Livres faints; que toutes les difputes de Religion ne font venues que de l'obftination de quelques hommes. à rejetter l'enseignement public de l'Eglife, pour s'attacher au fens particulier qu'ils donnoient au texte de l'Écriture en un mot, on ne peut condamner plus claire ment le principe fondamental de la réfor me, que vous feignez cependant de fuivre (c), qu'il faut s'en tenir uniquement à l'Ecriture, pour fçavoir ce que l'on doit croire.

C'est donc avec raifon que M l'Ar

(a) Emile., tome 3p. 150.

(b) Lettre, P. 75,

(c) Ibid. p. 57.

chevêque de Paris vous a foutenu que la conftitution du Chriftianifine & l'efprit de l'Evangile tendent à démontrer l'autorité & l'infaillibilité de l'Eglife, vous traitez cette propofition de difcours vague, qui ne démontre rien; je viens de vous faire voir le contraire. (a)..

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Quand ces raisons ne feroient. pas dentes par elles-mêmes, les événemens nous en auroient fait fentir la vérité. Qu'eft devenue l'unité de la foi Chrétienne dans toutes les fectes qui ont rejetté l'autorité de l'Eglife, & qui ont prétendu que le texte feul de l'Ecriture devoit fixer leur croyance.. Bientôt divifées en autant de partis qu'il s'eft trouvé d'hommes car pables de s'attacher des difciples elles ont fenti par leur propre embarras l'inconvénient de leur principe, Une dir vifion eft devenue le germe d'une autre divifion, & un parti a produit de nouveaux partis. Etonnées de la rapidité du torrent qui les entraînoit elles ont été forcées d'y oppofer une digue; elles ont ofé s'attribuer à elles-mêmes & à des Par fteurs fans miffion, cette autorité qu'elles avoient conteftée aux fucceffeurs des Apôtres, & fe contredire ainfi à la face

(4) Lettre page 123

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