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ceux qui l'annoncent; alors la foi du feuf Chrétien Catholique eft raifonnable & certaine ; la croyance de tous les autres peuples eft aveugle & téméraire, le premier feul peut être moralement certain de ces trois faits; qu'il eft enfeigné par le corps des Pasteurs ; que ce corps a fuccédé aux Apôtres; que les Apôtres ont été envoyés de Dieu pour inftruire. Trouvez, fi vous pouvez, la même certitude dans aucune autre fecte.

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Vous démontrez donc vous-même la fauffeté de votre fyftême, par l'abfurdité des conféquences qui en découlent; je n'ai ceffé de vous le repréfenter. Selon vous, fi Dieu a fait une révélation, il n'a donné pour la reconnoître qu'un feul caractere qui eft hors de la portée des trois quarts du genre humain. Ils font donc très-légitimement fondés à n'y pas croire; Dieu ne peut, fans injuftice & fans tyrannie, les punir de n'y avoir pas déféré Auffi croyez-vous qu'un homme de bien, dans quelque Religion qu'il vive de bonne foi, fera fauvé (a); vous n'en exceptez pas même l'idolâtrie. Dieu a inftruit les hommes ; mais fes inftructions, réfervées pour un petit nombre de têtes fçavantes, font fort inutiles au peuple: ces (a) Lettre, p. 86,

fçavans voient la vérité, mais pour eux

feuls; ils font fans caractere & fans autorité pour faire refpecter leurs leçons. Le peuple qui doit fe défier d'eux parce qu'ils font hommes & menteurs, ne leur doit aucune croyance ( a ).

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Vous conviendrez du moins que ce fyftême n'eft pas celui de Jesus-Chrift ni des Apôtres. Jefus-Chrift a promis le falut, mais à ceux qui croiroient & feroient bapti fés, & point à d'autres. Selon S. Paul Dieu veut que tous les hommes foient fauvés ¿· non pas en profeffant l'erreur, mais en parvenant à la connoiffance de la vérité. Jefus-Chrift eft le feul nom qui ait été donné aux hommes fous le Ciel pour être fauvés; & vous prétendez qu'il eft indifférent aus peuple d'invoquer Jefus-Chrift ou Maho met. Selon vous, Dieu n'a montré la vé rité qu'aux fçavans; felon Jefus - Chrift, Dieu l'a cachée aux prudens, pour la révéler aux petits & aux ignorans. Selon vous, Dieu ne s'eft point embarraffé de la croyance ni du falut du peuple ; Telon S. Paul, Dieu a choifi ce qui paroît infenfé aux yeux du monde, pour confondre les puiffans & les fages (b). Etoit-ce la peine

a) Lettre p. 75.

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(b) Marc, 16, 16.1 Tim, 2, 4. Act. 4., 12, Luc, 10% 1. 1 Cor. 1, 27.

de prouver avec tant d'emphase la divi→ nité de l'Evangile, pour le contredire en fuite avec fi peu de ménagement?

Vous avez encore ajouté dans une notë, que les Théologiens, pour fe tirer d'affaire, ont recours à je ne fçais quelle foi infufe qu'ils obligent Dieu de tranfmettre à l'enfant (a). Lifez, Monfieur, lifez plus at tentivement les Théologiens, ou ceffez. de les calomnier. Il eft faux qu'ils aient jamais imaginé une foi infufe tranfmife des peres aux enfans; ( je parle des Théolo giens Catholiques). C'eft par le baptême,. & non par la naiffance que Dieu donne la foi infufe avec l'habitude des autres vertus chrétiennes. Il eft encore plus faux qu'ils: admettent cette foi infufe pour suppléer aux preuves de la révélation, & pour fe tirer d'affaire. Ils foutiennent que cette habitude infufe eft néceffaire. pour que l'acte de foi du Chrétien foit furnaturel; mais jamais ils n'ont fondé la certitude de cet acte fur un autre motif que fur la certitude même des preuves de la révélation. Nous fçavons très-bien que vous n'admettez, ni foi furnaturelle, ni vertus infufes, ni l'opération de Dieu pour fanctifier les ames. Chez vous, c'eft la raison

(4) Lettre 1⁄2 pp 10sq

:

qui opere le falut, la grace n'y entre pour rien les fçavans feuls font les élus. Mais nons ne nous fentons, ni affez habiles pour prétendre à cette béatitude, ni affez intrépides pour vous fuivre au travers de tant d'erreurs & d'abfurdités.

De ce que nous avons dit, il résulte; Monfieur, que toutes vos objections contre l'autorité de l'Eglife, portent fur de fauffes fuppofitions, & que plufieurs peuvent fe rétorquer contre vous avec avan tage. Vous auriez donc pu vous dispenser de répéter ce que tant d'Ecrivains Proteftans ont déja dit avant vous. Pouffés à bout par les réponfes qu'on leur a données, ils ont pris depuis long-temps le parti de garder le filence ; & vous auriez fagement fait de les imiter.

Je fuis, &c.

LETTRE V.
Sur la Tolérance.

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Ln'y a pas encore long-temps Mon fieur, que l'on s'eft avifé d'agiter la queftion qui va nous occuper ; & la difcuffion n'en feroit pas néceffaire, fi l'on vouloit fuivre de bonne foi les conféquences qui

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découlent des vérités démontrées dans les Lettres précédentes. Si Dieu a voulu éclairer le monde par la prédication de Jefus-Chrift & des Apôtres; s'il a établi un miniftere vifible pour étendre par tout l'Univers, & pour perpétuer la croyance des vérités révélées, comme nous l'avons prouvé, tout homme à portée de vérifier ces deux faits, eft coupable de ne pas se: foumettre à l'autorité de l'Eglife, il méprise la parole de Dieu, il défobéit à fes ordres, ils s'expofe volontairement à la damnation éternelle. L'Eglife revêtue d'une autorité divine pour enfeigner tous les hommes, eft en droit d'exiger qu'ils obéiffent à fa voix ; s'ils y réfiftent, de les traiter comme des rebelles, de les retrancher de fa fociété & du nombre de fes enfans, de les regarder comme hors de la voie du falut.

Ces conféquences n'ont été mécon nues que par ceux qui avoient le plus vif intérêt de les révoquer en doute, & en particulier , par les deux fectes fameufes qui ont divifé la fociété chrétienne au feiziéme fiécle: elles oferent ériger un tribunal contre celui qui étoit établi par Jefus-Chrift, condamner les fucceffeurs des Apôtres & leurs propres juges, en méprifer les anathêmes. Mais bientôt le

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