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troire que ce qui eft démontré vrai en luimême par une évidence intrinféque & métaphyfique; le principe eft très - faux en ce fens il s'enfuivroit que nous ne devons ajouter foi, ni au témoignage de nos fens, ni à ceux d'autrui.

Nous ne pouvons croire, & Dieu ne peut nous révéler ce qui eft incomprehenfible: autre principe faux. Ce qui eft incompréhenfible, peut cependant être démontré, ou par des principes évidens, ou par le fentiment intérieur, ou par le rapport de nos fens, ou par des témoignages irrécufables, comme nous l'avons obfervé.

Dieu ne peut pas nous révéler ce qui répugne réellement à la raifon ; mais il peut révéler ce qui y répugne en apparence; c'eft-à-dire, ce qui paroît contraire à quelqu'un des axiomes que la raifon nous enfeigne. Dès qu'un dogme eft certainement révélé, quoiqu'il femble contredire la raifon, il eft certain cependant qu'il ne la contredit pas, & que c'eft notre raifon qui fe trompe. Il eft beaucoup plus aise de nous affurer qu'un dogme eft révélé, que de voir certainement s'il est vrai ou faux en lui-même. Nous le verrons dans la troifiéme Lettre.

Dieu ne peut pas nous révéler ce qui nous parolt abfurde & contradictoire: cette pro

pofition eft encore fauffe, Dieu peut même nous l'enfeigner par les feules lu mieres de la raison ; & déjà nous l'avons prouvé. La droite raifon, qui eft la voix. de Dieu, nous découvre en lui des attri buts qui femblent oppofés & contradic toires, l'unité & l'immenfité, la liberté & l'immutabilité; donc la révélation, qui eft aufli la voix de Dieu, peut nous décou vrir en lui d'autres attributs qui femblent oppofés & contradictoires, l'unité de nature, & la trinité des perfonnes.

Une fois convaincus par des raifonnemens certains, que Dieu eft tout-à-la-fois, fouverainement libre & immuable, parfaitement fimple & préfent par-tout, nous concluons que l'impoffibilité d'accorder. ces perfections vient de la foibleffe de. nos lumieres, & non de la nature de l'objet; donc, pour raifonner conféquemment, une fois convaincus par une révélation certaine, que Dieu eft un en nature & trois en perfonnes, nous devons conclure que l'impoffibilité de concilier ces attributs, vient de la foibleffe de nos lumieres, & non de la nature de l'objet,

J

Je crois, Monfieur, être venu à bout de trois chofes qu'il étoit indifpenfable de faire, avant que de paffer à de nouyelles questions, 1°. J'ai montré quel eft

le principe fur lequel vous avez conftam ment raisonné. 2°. J'ai fait voir que vous ne pouvez le fuivre, fans vous contredire, & fans donner atteinte aux vérités les plus effentielles de la Religion naturelle. 3°. J'ai prouvé la fauffeté de ce principe, par l'examen des différentes efpéces de certitude, par des exemples fenfibles, par une réponse folide à vos objections. Cette fauffeté deviendra plus évidente encore par la preuve de fait qui doit être le fujet de ma troifiéme Lettre. Nous verrons que Dieu a révélé effecti vement des dogmes incompréhenfibles, qui vous paroiffent abfurdes & contradic toires, parce que vous en jugez felon vos idées naturelles ; que cette révélation eft revêtue de tous les caracteres d'évidence dont un fait peut être fufceptible. Si Dieu l'a fait, il a donc pu le faire; fi Dieu & révélé des myfteres, nous pouvons donc & nous devons les croire; Dieu ne les a pas révéles envain. Il ne peut pas nous être permis de rejetter ou révoquer en doute ce que Dieu a révélé.

Dès-à-préfent, & fans attendre cetre nouvelle preuve, il eft déja clair que vo tre principe étant faux, toute la doctrine à laquelle il fert de bafe, ne fçauroit être vraie, que votre fyftême eft bâti en l'air

que plus vous avez raisonné conféquem ment, plus vous vous êtes égaré,

Je fuis, &c.

LETTRE II.

Sur la néceffité d'une révélation
furnaturelle.

Ly auroit, Monfieur, de la témérité d'examiner la maniere dont Dieu peut & doit enfeigner l'homme, fi nous prétendions régler fa conduite fur nos raifonnemens, au lieu d'appuyer nos raisonnemens fur fa conduite. Ce n'eft point à notre foible intelligence, dont vous reconnoiffez vous-même les bornes étroites qu'il appartient de mefurer la puiffance, la fageffe, les deffeins de l'Etre fuprême, & l'étendue de fes droits fur les créatures. Mais lorsque Dieu a daigné nous appren dre ce qu'il a fait, nous pouvons hardiment conclure qu'il a pu le faire, & qu'il a eu de bonnes raifons. Cette maniere de procéder, eft la feule qui puiffe s'accorder avec le refpect que nous devons à la Divinité; ce n'eft point néanmoins celle de nos adverfaires ni la vôtre,

Vous commencez par tracer à Dieu le plan qu'il peut & qu'il doit fuivre ; & vous en concluez qu'il l'a fuivi. Nous aurons fouvent occafion de remarquer le faux & l'irrégularité de cette méthode.

Quand nous difons qu'une révélation furnaturelle étoit néceffaire, vous comprenez qu'il n'eft pas queftion d'une néceffité abfolue, à laquelle Dieu ait été afsujetti. Il lui étoit parfaitement libre de laiffer l'homme dans l'état purement naturel, fans autre lumiere que la raifon fans autre loi que la confcience, & de lui deftiner des peines & des récompenfes proportionnées au bon ou au mauvais ufage qu'il auroit fait de fes facultés, En fuppofant même que la nature humaine ait été créée dans un état plus parfait, élevée à une béatitude furnaturelle, & qu'elle en foit déchue par le péché, Dieu n'étoit pas obligé pour cela de la rétablir dans fes droits par le miniftere d'un médiateur, de lui apprendre la grandeur de fa deftinée, de lui impofer de nouveaux devoirs, ni par conféquent de les lui révéler.

Dieu pouvoit fans doute pardonner par pure miféricorde le péché de notre premier pere; il pouvoit ne le punir que par les miferes de cette vie; il pouvoit

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