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moignage de vos œuvres. Vous accufez les Catholiques d'inconféquence entre leur » foi & leurs mœurs, & vous jouez pré» cifément la même comédie.

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Suppofons encore que vous & tous les Sociniens, tous les Déiftes du mon» de, foyez auffi honnêtes gens que vous » le prétendez, de quel droit me forcerez» vous de croire ce que vous croyez, ou » ce que vous faites femblant de croire? Avez-vous infpection fur moi? Pourvû que je ne faffe mal à perfonne, que vous importe ce que je penfe? Ne me »fera-t-il pas permis de me damner à ma » mode? Et faut-il que j'apprenne de vous la route par laquelle je dois aller en en» fer (a)?

Vous voulez que je croie un Dieu, » & quelle idée m'en donnez-vous ? Celui » que vous prêchez, eft un Etre plus bi»zarre que les plus folles Divinités du Paganifme. Il fait enfeigner la fageffe par » des infenfés ; il établit la vérité par l'impofture; il parle fans exiger qu'on le croie; il commande fans vouloir être » obéi; il tend aux hommes des piéges » inévitables. Il punira les Catholiques » pour avoir été trop crédules; il récom

(a) Lettre, p. 9.

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penfera les Sociniens & les Déiftes de » ce qu'ils font entêtés & opiniâtres. Si » j'admettois jamais un tel monftre, c'est > alors que je croirois blafphémer.

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Vous n'oferiez m'oppofer ce qu'on » vous a dit à vous-même, & dont vous » vous êtes moqué: que je dois garder mes fentimens pour moi feul, que j'attaque les loix & l'ordre public, lorsque j'ai le courage de les publier (a). Quoi ! Vous me ferez mentir pour être Orthodoxe, & dire, » pour vous plaire, ce que je ne pense pas (b)! »Vos préjugés font-ils fi refpectables, qu'il faille leur facrifier la raison, la vertu, la juftice & tout le bien que la vérité peut » faire aux hommes (c)? La vérité ne peut » être nuifible, & les hommes ne doivent point être inftruits à demi (d); parler au public avec franchise, avec fermeté, est un » droit commun à tous les hommes, & même » un devoir en toute chofe utile (e).

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Qui êtes-vous, pour m'impofer filen> ce? Selon vous, l'Archevêque de Paris » n'a pas le droit de condamner un étran »ger, un hérétique, qui profeffe le Déisme

(a) Lettre, page 60.
(b) Ibid. page 58.
(c) Ibid. page 68.
(d) Ibid. page 69.

(e) Ibid. page 113.

» dans fon Diocèfe ( a ); & le Miniftre de Mothier-Travers aura celui de me fer» mer la bouche dans fa Paroiffe ? Le Par>lement de Paris eft injufte en condam»nant au feu une Doctrine contraire aux » loix de France, & en décrétant l'Au>teur (b)? Et la Seigneurie de Neuf-Châ»tel fera équitable en profcrivant la mien

> ne?

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Ah, Déiftes artificieux ! Vous prêchez » la tolérance à Paris pour y être foufferts, » & la tyrannie en Suiffe pour y être les » maîtres; c'est donc ainfi que vous dupez » le public? Les Catholiques, en ne tolé>> rant rien, fuivent du moins leurs princi>pes; en refufant de me tolérer, vous dé> mentez tous les vôtres. Oui, je prêcherai, j'écrirai, j'imprimerai l'Athéifme, malgré vos Miniftres & vos Magiftrats; >> & s'ils me chaffent de leur territoire, j'irai, fur le modèle de votre charité chré» tienne, apprendre à tout l'Univers que » vous êtes des menteurs & des hypocri

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»tes α.

Vous vous fouviendrez, Monfieur, que c'eft un Athée qui parle, & que ces Meffieurs ont le privilége de tout dire. Un

(a) Lettre, p. 9.

(b) Ibid. p. 5.

homme qui croit en Dieu, fe gardera bien de vous adreffer jamais un langage fi brutal. Mais laiffant à part le mauvais ton que cet impie peut avoir pris à votre école, il feroit à propos de répondre à fes mauvaifes raifons, & fur-tout de le faire d'une maniere qui pût s'accorder avec vos principes. Ces réponses nous ferviroient pour vous répliquer à vous-même. Jufqu'à ce que vous l'ayez fait, nous fommes difpenfés de rien oppofer à vos invectives. Vous nous apprenez où vous avez puifé vos préventions, & quelle eft la voie qui vous a égaré.

J'ai fréquenté, dites-vous, des hommes de toute espéce ; j'ai vû des gens de tous les partis, des croyans de toutes les fectes, des efprits forts de tous les fyftêmes.... des libertins, des Philofophes (a). Ah, Monfieur, la mauvaise compagnie ! Il n'eft pas furprenant que vous y ayez appris à penser fi mal du genre humain. J'ai vu dans la Religion la même fauffeté que dans la politique (b). Effectivement, dans votre monftrueux traité du Contrat focial, vous avez raisonné fur la politique, précifément comme vous faites ici fur la

(a) Lettre, p. 60. (b) Ibid. page 70.

Religion;

Religion; les excès où vous vous em→ portez contre tous les Gouvernemens font le meilleur préfervatif que l'on puiffe oppofer aux fophifmes que vous faites contre la révélation. Dans l'une & l'autre matiere, mêmes principes, même méthode, c'eft-à-dire, contradiction par-tout. On vous les a déja reprochées ; & fi vous aviez autant d'amour pour la vérité, que vous en affectez, les conféquences où vous avez été entraîné par l'impétuofité de votre génie, vous auroient déja ouvert les yeux, & vous auroient fait retourner en arriere.

Parce que vous avez jugé que tous les Gouvernemens connus font fujets à des inconvéniens, ne font pas aufli parfaits qu'on pourroit le fouhaiter dans la fpéculation; vous avez conclu qu'ils étoient tous mauvais, tous pernicieux, qu'il falloit les retrancher, & ramener l'homme à fa liberté, ou plutôt à son indépendance naturelle indépendance qui n'exifta jamais que dans votre cerveau, & qui feroit. la fource des plus grands malheurs. Votre raisonnement éft auffi jufte que celui-ci : l'homme abuse tous les jours de fa raison, elle ne fert qu'à le plonger dans l'erreur, à lui faire faire de fauffes démarches: donc il faut le ranger avec les bêtes, & l'atteler Partie II. F

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