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il n'eft pas moins vrai que dans ce même ouvrage & les fuivans, elles font attaquées; & que ce qui paroît affirmé dans un endroit, eft nié dans un autre.

Là-deffus vos ennemis forment un raifonnement fort fimple: fi M. Rouffeau croit à la révélation, pourquoi en attaque-t-il les preuves l'une après l'autre ? S'il en doute, pourquoi veut-il persuader qu'il l'admet purement & fimplement? Quand vous aurez répondu à ce dilemme d'une maniere fatisfaifante, vous pourrez invectiver tant qu'il vous plaira contre vos perfécuteurs.

Pour nous, Monfieur, nous penfons plus fimplement, & nous parlons plus clairement. Nous difons que les trois preuves de la révélation que vous avez trèsbien diftinguées, fe raffemblent dans JefusChrift; qu'il ne faut point les féparer, parce qu'elles fe prêtent une force mutuelle, & que leur réunion forme le fouverain dégré de la conviction. Nous foutenons que la Doctrine de ce divin Maître ne peut venir que de Dieu, puifque jamais les hommes n'en ont enfeigné une qui fût auffi fublime, auffi pure, auffi irrépréhenfible: que les dogmes inconcevables qu'il a prêchés, ne font point un motif d'en douter, parce que Dieu peut nous révéler

& nous obliger à croire des chofes que nous ne pouvons pas comprendre. Nous affurons que la fageffe de Jesus-Chrift eft auffi parfaite que fa fainteté est éminente, que Dieu n'a pas pu permettre qu'un Maître qui a paru fi fage, fût un vifionnaire ou un impofteur : qu'autrement il auroit tendu aux cœurs bons & droits le plus inévitable de tous les piéges. Nous affirmons que les miracles de Jefus-Chrift ne peuvent être, ni des preftiges, ni des fourberies, parce que ce font des œuvres évidemment furnaturelles, & des actes de vertu, de charité, de miféricorde : que Dieu n'a pas pu permettre qu'ils fuffent opérés pour confirmer une fauffe Doctrine, parce qu'il auroit par-là rendu l'erreur & la féduction inévitables. Nous concluons que non- feulement Dieu a voulu foumettre à l'Evangile les grands génies

la fublimité de la Doctrine, les cœurs par bons & vertueux par la fainteté des exemples & de la morale, les fimples & les ignorans par l'éclat des miracles; mais qu'il a voulu les fubjuguer tous par ces trois preuves réunies : que donner à l'une la préférence, c'eft aller contre les vûes de Dieu qu'en attaquer une feule, c'est porter atteinte aux autres, & fe rendre légitimement fufpect d'incrédulité.

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Avec une profeffion de foi fi claire, nous ne redoutons point la calomnie; fi la vôtre étoit auffi fincere, il eft à préfumer qu'on y auroit eu égard. Nous remettons l'examen de vos objections contre les miracles, à la Lettre fuivante.

Je fuis, &c.

LETTRE XII.

MONSIEUR,

LES objections que vous faites contre les miracles, fe réduisent à deux chefs: vous prétendez prouver, 1°. que les miracles ne font pas un figne néceffaire à la foi; 2°. qu'ils ne font pas un figne infaillible, & dont les hommes puiffent juger. La plupart font copiées d'après Spinofa, & ont été réfutées cent fois; celles que vous y ajoutez, méritent à peine une réponfe; n'importe, je n'en omettrai aucune, au hafard même de répéter, afin de ne donner lieu à aucune efpéce de reproche ou de foupçon.

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Les miracles, dites- vous, font une preuve que non-feulement Jefus n'a pas donnée, mais qu'il a refufée expreffé

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>ment. Il ne s'annonça pas d'abord par » des miracles, mais par la prédication... Il avoit déja raffemblé plufieurs Difciples, fans s'être autorifé auprès d'eux d'aucun figne, puifqu'il eft dit que ce fut à Cana qu'il fit le premier (a) «. Suppofons pour un moment que Jefus-Chrift n'ait point fait de miracles avant fa prédication; céla étoit-il néceffaire? Ne fuffitil pas qu'il en ait fait en prêchant? Or l'Evangile raconte en même temps le commencement de fa prédication & le commencement de fes miracles. Dans le chapitre 4 de S. Matthieu, il eft dit au verset 17, que Jefus commença de prêcher ; & au verfet 24, qu'on lui préfenta tous les malades & qu'il les guérit. En fecond lieu, le fait eft faux: les miracles avoient précédé la prédication. La naiffance de Jefus publiée par des Anges, annoncée aux Mages par une étoile extraordinaire, le Ciel ouvert lorfqu'il fut baptifé par Jean, la defcente du Saint-Efprit en forme de colombe, la voix célefte qui déclare Jefus fils de Dieu, n'étoit-ce pas-là autant de prodiges (b)?

Ce fut à Cana qu'il fit le premier de fes

(a) Troifiéme Lettre, p. 75.

(b) Matt. 3: 160.

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miracles; mais il eft incertain s'il avoit déja commencé de prêcher alors. Il auroit été de la bonne foi de rapporter ce qu'ajoute l'Evangélifte : voilà, dit-il, le premier des fignes que Jefus fit à Cana en Galilée, & il y manifefta fa gloire, & fes Difciples crurent en lui (a). Que fignifie manifefter fa gloire, finon faire connoître sa dignité de fils de Dieu & fa miffion? Que veut dire, que fes Difciples crurent en lui, finon que ce miracle confirma leur foi?

Quand on avance que Jefus commença fes fonctions dans le Temple, à l'âge de douze ans (b), on affure une fauffeté; il n'étoit pas permis chez les Juifs d'enfeigner avant l'âge de trente ans, & JesusChrift voulut bien fe foumettre à cette loi. Interroger les Docteurs, les étonner par la fageffe de fes réponses, ce n'étoit pas enfeigner en maître ni prêcher.

> Sa carriere, continuez-vous, étoit déja fort avancée, quand les Docteurs le voyant faire tout de bon le Prophéte au milieu d'eux, s'aviferent de lui demander un figne... Il leur répondit:

la Nation méchante & adultere demande

(a) Joan. 2, IL.

(b) Troifiéme Lettre, p. 76.

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