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» un figne, & il ne lui en fera point donné. » Ailleurs il ajoute : il ne lui fera point » donné d'autre figne que celui de Jonas le Prophéte: & leur tournant le dos, il s'en » alla «.

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Remarquons les circonftances: fa carriere étoit déja fort avancée; par conféquent, c'étoit après avoir vû un grand nombre de prodiges, qu'on venoit encore lui en demander un nouveau. Jefus le refufa, parce qu'il fçavoit que ce nouveau miracle ne feroit pas plus d'impreffion que les autres, fur la Nation méchante & adultere. Il le refufa aux Juifs dans cette circonftance particuliere, parce qu'autrefois il leur en avoit accordé fans les perfuader. Lorfqu'ils fe fcandaliferent de ce qu'il difoit à un paralytique: vos péchés vous font remis: pour vous faire voir, répondit Jefus, que le fils de l'homme a le pouvoir fur la terre de remettre les péchés : levez-vous, dit-il au paralytique, emportez votre lit, & retournez chez vous. Le malade fe leva & s'en retourna (a). Ce feul paffage eft la réfutation de toutes vos objections.

Le commentaire que vous faites fur les paroles de l'Evangile, eft digne de remarque. Ils me demanderont ce que c'est

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donc que le figne de Jonas le Prophéte. » Je leur répondrai que c'eft fa prédication aux Ninivites, précisément le même figne qu'employoit Jefus avec les Juifs, » comme il l'explique lui-même ( a ) «. Voyons fi c'est ainfi que Jefus l'explique ; voici ce qu'il ajoute : car de même que Jonas a été trois jours & trois nuits dans le ventre d'un poisson, ainfi le fils de l'homme demeurera dans le fein de la terre trois jours & trois nuits. Il eft clair que Jesus-Christ parle de fon féjour dans le tombeau, qui devoit être fuivi de fa résurrection; qu'il renvoye par conféquent les Juifs à ce miracle éclatant. » Je le nie, répliquez-vous, » Jefus parle tout au plus de fa mort; of » la mort d'un homme n'eft pas un mi→ racle «. Non affurément; mais par la même raison, la prédication de Jonas & celle de Jefus ne font pas un miracle non plus : il ne renvoye donc point les Juifs à cette prédication. » Ce n'eft pas même un » miracle, dites-vous, qu'après avoir resté » trois jours dans la terre, un corps en foit > retiré«. Non, s'il en est retiré mort; mais s'il en fort vivant, comme Jonas eft forti du ventre d'un poiffon, & comme Jesus eft forti du tombeau, ne fera-ce pas un

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(a) Troifiéme Lettre, p. 78,

miracle?» Dans ce paffage, il n'eft pas > dit un mot de la réfurrection «<. Le terme, à la vérité, n'y eft pas, mais la chofe faute aux yeux, à moins qu'on ne s'obstine à les fermer, pour ne la pas voir. » Quel o genre de preuve feroit-ce de s'autorifer > durant fa vie fur un figne qui n'auroit > lieu qu'après fa mort?.... Comme cette conduite feroit injufte, cette interprétation feroit impie«. Il n'y a ici ni injustice ni impiété; Jefus parloit aux Scribes & aux Pharifiens, qui l'accufoient de chaffer les démons par le pouvoir de Béelzébut, Prince des démons, & qui après cette calomnie avoient encore l'impudence de lui demander un figne ou un miracle (a): Jefus leur déclare qu'il ne leur en fera plus donné d'autre que celui de fa fépulture femblable à celle de Jonas. Où eft l'injuftice? où eft la contradiction entre cette réponse & ce qui précéde?

Il me vient un foupçon, Monfieur, il me femble que la feule idée de réfurrection vous importune, fur-tout quand il eft question de celle de Jefus-Chrift: dans toutes vos objections contre les miracles; dans tous vos livres on ne voit pas un mot fur ce fait important. Ce filence a de quoi furprendre.

fa) Matt. 12, 24 & 384

La conclufion de votre commentaire est curieuse : » enfin, quoi qu'il en puiffe » être, il reste toujours prouvé par le témoignage de Jefus même, que s'il a fait des miracles durant fa vie, il n'en a point fait en témoignage de fa mif > fion (a) «. On vient de voir par l'Evangile, comme cela eft prouvé. Pour rendre la fauffeté encore plus palpable, il eft à propos de raffembler quelques autres paffages.

Deux Disciples de Jean-Baptifte viennent de fa part trouver Jefus, & lui font cette question: Etes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? C'étoit lui demander clairement des témoignages de fa miffion; que leur répondit-il? A l'heure même, dit l'Evangélifte, il guérit plufieurs malades, il rendit la vue à plufieurs aveugles. Allez, dit-il enfuite aux deux Envoyés, racontez à Jean ce que vous avez entendu & ce que vous avez vû: que les aveugles voyent, que les boiteux marchent. que les lépreux font guéris, que les fourds entendent. que les morts reffufcitent, que l'Evangile eft annoncé aux pauvres (b). Telle fut fa réponse: & l'on nous dit hardiment

(a) Page 79,

(b) Luc. 7, 19 & fuiv.

que Jefus n'a point fait fes miracles en témoignage de fa miffion.

Les Juifs environnerent Jefus, & lui dirent: jufqu'à quand nous tiendrez-vous en fufpens? Si vous êtes le Chrift, dites-nous-le ouvertement. C'étoit-là fans doute le cas de prouver fa miffion. Jefus leur répondit : je vous parle, & vous ne me croyez pas : les auvres que je fais au nom de mon Pere, rendent témoignage de moi. Vous vous fouviendrez, s'il vous plaît, que Jesus-Christ fait ici principalement allufion à la guérison de l'aveugle-né, racontée dans le chapitre précédent, qui avoit fait grand bruit parmi les Juifs fur laquelle ils avoient fait les plus exactes informations. Si je ne fais pas, continue-t-il, les œuvres de mon Pere, ne me croyez pas; fi je les fais, & fi vous ne voulez pas me croire, croyez à mes œuvres (a). Si je n'avois pas fait parmi eux, dit il ailleurs, des œuvres qu'aucun autre n'a faites, ils feroient exempts de péché ; mais ils les ont vues, & ils me haiffent auffi-bien que mon Pere (b). Voilà comme les miracles de Jefus-Chrift n'étoient pas faits pour prouver fa miffion.

Quelque formels que foient ces passa

(a) Joan. 10, 24.
(b) Ibid. 15, 24.

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