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ginel; fi cette révélation n'etoit pas certaine, toutes les conféquences que l'on en tire, porteroient à faux:

Pour la prouver, il n'eft pas néceffaire de faire une grande dépenfe d'érudition théologique. Deux ou trois paffages fuffiront au Lecteur judicieux; un plus grand nombre feroit fort inutile pour vous qui les fçavez déja. Pfeaume 50 verfet 7: J'ai été conçu dans l'iniquité, & formé en péché dans le fein de ma mere. J'imagine que vous n'adoptez pas l'interprétation ridicule que les Rabins donnent à ces paroles. Rom. 5. 12: Comme le péché est entré dans le monde par un feul homme, & la mort par le péché ; de même la mort a paffé chez tous les hommes par celui en qui tous ont péché. Ephef. 2. 3: Nous étions par nature ou par naiffance, enfans de colere. 2. Cor. 5. 14: Si un feul eft mort pour tous donc tous font morts. Je ne vous citerai ni Latin, ni Grec, ni Hébreu : fi vous doutez de la fidélité de ma traduction, vous pourrez confulter les originaux.

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Je fçais qu'il n'eft aucun de ces paffages fur lequel on ne puiffe ergotifer; qu'en raffemblant toutes les fubtilités d'Origène, des Pélagiens, des Proteftans, en épiloguant fur chaque mot

l'on peut venir à bout d'en obfcurcir le fens. Mais, Monfieur, en vrai Catholique, je ne crois pas que le texte seul de l'Écriture, fans autre fecours, foit capable de fixer notre foi. Vous m'avez confirmé vous-même dans cette perfuafion, en difant que le langage humain n'eft pas affez clair, que Dieu lui-même, s'il daignoit nous parler dans nos Langues, ne nous diroit rien fur quoi l'on ne pût difputer, qu'il n'y a point de vérité fi clairement énoncée, où l'on ne puiffe trouver quelque chicane à faire (a): réflexion que je trouve d'autant plus jufte, que vous la vérifiez fouvent par votre exemple. Il fe. pourroit faire que vos freres les Proteftans ne s'en accommcdaffent pas mais ce n'eft point à moi de vous concilier avec eux.

Faites attention que je pourrois vous apporter en preuve tous les textes de l'Ecriture, où il eft parlé de la Rédemption de Jefus-Chrift, où il eft dit qu'il nous a délivrés de la puiffance du démon, &c. tous ceux encore qui établis fent la néceffité du Baptême; ces deux dogmes fuppofent néceffairement le péché originel. Notre Religion eft un sy

(a) Lettre, p. 17.

ftême bien lié; quiconque attaque un feuf article, ébranle la foi de tous les autres. Si la révélation du péché originel eft fauffe, toute la croyance Chrétienne eft

nulle.

Ce n'eft donc pas feulement fur la lettre de quelques paffages, ifolés, qu'eft fondée la révélation du péché originel, mais fur l'économie de notre Religion, fur la foi conftante de l'Eglife, depuis les Apôtres jufqu'à nous. Quand S. Auguftin confondit les Pélagiens, il ne fit que leur oppofer le même langage dont P'Eglife s'étoit déja fervie contre Origène. On a cru le péché originel, non pas parce que S. Auguftin l'enfeignoit, mais parce qu'on le croyoit déja avant lui; parce que cette croyance remonte de fiécle en fiécle jufqu'aux Apôtres & jufqu'à Jefus Chrift. Si S. Auguftin s'étoit avifé de la combattre, l'on n'auroit pas eu plus de refpect pour fon opinion, que l'on n'en a eu pour celle de Julien, fon adverfaire. Vous affurez donc, contre la vérité, que cette doctrine eft l'ouvrage du Rhéteur Auguftin, comme il vous plaît de le nommer. Ce titre de mépris que j'ai appellé incivil, méritoit une épithéte plus forte. Apprenez, Monfieur, que, quand S. Auguftin n'auroit été recom→

mandable que par fes talens, vous lui devriez des égards; que quand même ce feroit un génie médiocre, vous devriez encore du refpect à fes vertus.

2o. Ce dogme du péché originel eft fujet, felon vous, à des difficultés terribles (a). Je conviens que tout est difficulté dans la Religion & dans la nature. Notre esprit est très-borné, & fes lumieres fort incertaines, vous le reconnoiffez voilà pourquoi nous foutenons la néceffité d'une révélation furnaturelle, & d'une autorité toujours vivante pour diffiper nos doutes, & fixer nos incertitudes. Les difficultés que renferme encore cette révélation, ne vous paroiffent terribles, que parce que vous perdez de vûe les principes que vous avez établis

vous-même.

Ce dogme obfcurcit la juftice & la bonté de l'Etre fuprême ; c'eft-à-dire, qu'il ne s'accorde pas avec les idées que vous vous formez de cette juftice & de cette bonté ; je le crois, mais vous oubliez ce que vous avez dit ailleurs, que nous ne pouvons avoir des attributs de Dieu, que des idées très - obfcures & très-imparfaites comment ces idées peuvent

(a) Lettre, p. 194

elles nous fervir de régles pour juger certainement de ce que Dieu a pu & a dû faire (a).

Le moyen de concevoir, dites-vous, que Dieu crée tant d'ames innocentes & pures, tout exprès pour les joindre à des corps coupables, pour leur y faire contracter la corruption morale, & pour les condamner toutes à l'enfer, fans autre crime que cette union qui eft fon ouvrage ?

Vous parlez peu exactement, Monfieur; je ne fçais pas d'abord ce que vous entendez par corps coupables, & fürement vous ne le fçavez pas mieux que moi. Dieu ne crée point des ames exprès, pour leur faire contracter la corruption morale cette corruption n'eft point fa premiere intention; il a même voulu en premier lieu que cette corruption ne fût pas, puifqu'il avoit créé l'homme innocent, avec toutes les facilités néceffaires pour se conferver dans cet état : c'eft le péché libre d'Adam qui a dérangé cette économie. Dieu pouvoit empêcher ce péché, fans doute; mais le devoit-il ? Convenoit-il à fes deffeins qu'il le fit? Qu'en fçavons-nous vous & moi? Je foutiens qu'il ne le devoit pas, puifqu'il

(a) Voyez la premiere Lettre.

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