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fuffent des actes de charité. Le ciel ouvert au baptême de Jefus, la defcente du S. Efprit fur lui, la voix célefte entendue de tous les affiftans, étoient un figne du ciel; les Juifs n'y avoient pas plus d'égard qu'à tous les autres.

Que veut dire, je vous prie, cet axiome: que le témoignage immédiat de Dieu vaut toujours mieux que celui des hommes? Quand Jefus guérit le paralytique & reffufcita Lazare à la vûe des Juifs, n'étoitce pas-là le témoignage immédiat de Dieu? Et avoit-on befoin alors de celui des hommes? Soutiendrez-vous que, pour ne pas recourir à ce témoignage, Jefus - Christ étoit obligé de répéter fes miracles autant de fois qu'il y avoit des Juifs à convertir, afin que tous en fuffent témoins oculaires? Le figne qui devoit conftater la venue du Meffie, ne pouvoit être trop évident, trop décifif, trop au-deffus de tout foupçon; mais les miracles de Jefus - Chrift pouvoient-ils être plus évidens, plus décififs, plus exempts de foupçon qu'ils l'étoient? Joignez à cela les prophéties auxquelles les Juifs ajoutoient foi, & dont l'accompliffement leur paroiffoit prochain, lorfque Jefus parut ajoutez-y encore le témoignage de Jean-Baptifte, que les Juifs avoient regardé comme un Prophéte: ajoutez

ajoutez enfin la fainteté éminente du Sauveur, à laquelle cependant les Juifs ne rendirent jamais juftice; dites-nous ensuite, fi des gens obftinés à résister à tant de caracteres, avoient encore raifon felon leurs principes.

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Nouvelle objection: Jefus dit, après » le Prophéte, que le Royaume des Cieux » ne vient point avec apparence; que ce» lui qui l'annonce, ne débat point, ne > crie point, qu'on n'entend point sa voix » dans les rues. Tout cela ne respire pas » l'oftentation des miracles, auffi n'étoit» elle pas le but des fiens «. Affurément ; mais autre chofe eft de prouver fa doctrine par des miracles, autre chose d'en faire oftentation: je vous ai montré que fans oftentation, Jesus-Chrift a donné ses œuvres pour preuve de sa mission.

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Vous prétendez qu'il n'y mettoit, ni l'appareil, ni l'authenticité néceffaires pour conftater de vrais fignes, parce qu'il ne les donnoit point pour tels. Cela eft faux. Peut-on mettre plus d'appareil & d'authenticité qu'il en mit à la réfurrection de Lazare, à la multiplication des pains, à la guérison du paralytique, & à tant d'autres? Il les a faits dans les villes, auffibien qu'à la campagne, fur les places publiques & fur les grands chemins, dans le Partie II.

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temple & dans les maifons particulieres, Tous n'ont pas été également publics; mais cela étoit-il néceffaire ? Celui qui n'étoit pas converti par un feul miracle bien conftaté, ne l'auroit pas été davantage par un millier d'autres.

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» Au contraire, pourfuivez-vous, il re» commandoit le fecret aux malades qu'il » guériffoit, aux boiteux qu'il faifoit marcher, aux poffédés qu'il délivroit du » démon; l'on eût dit qu'il craignoit que » fa vertu miraculeufe ne fût connue ; p on m'avouera que c'étoit une étrange » maniere d'en faire la preuve de sa mis» fion (a) «,

Vous montrez très-bien que Jefus-Christ ne faifoit pas fes miracles par oftentation, ni feulement pour étonner le peuple; qu'il n'en faifoit pas une preuve, quand il n'étoit pas question de prouver; mais vous nous laiffez bien loin de ce que vous avez avancé d'abord, que jamais Jefus ne les a donnés pour preuve.

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Continuons. Celui qui me rejette, a, difoit-il, qui le juge; ajoutoit-il; les miracles que j'ai faits, le condamneront ? Non; mais la parole que j'ai portée, le » condamnera. La preuve eft donc dans la

(4) Troifiéine Lettre, p. 81,

parole, & non pas dans les miracles Rapprochons de ce paffage celui que j'ai cité plus haut, nous aurons la folution évidente. Si je n'avois pas fait parmi eux des œuvres qu'aucun autre n'a faites, ils feroient exempts de péché. Par conféquent, ce n'eft point la parole feule & dénuée de preuves qui devoit condamner les Juifs; mais la parole autorisée par les miracles & par les autres caracteres de la miffion de Jefus-Chrift.

Comment la parole de Jefus-Christ seule auroit-elle pû condamner les Juifs felon votre fyftême? La parole de Jefus-Chrift, c'est l'Evangile; or vous avez dit qu'il eft plein de chofes incroyables, de chofes qui répugnent à la raison, & qu'il est impoffible à tout homme fenfé de concevoir ni d'admettre (a). Les Juifs pouvoientils être condamnés pour n'avoir pas cru des chofes qui répugnent à la raison, pour n'avoir pas admis ce qu'il eft impoffible à tout homme fenfé de concevoir ni d'admettre, fur-tout fi ces dogmes n'étoient confirmés par aucune preuve extérieure? Les Juifs étoient-ils blâmables de demeurer dans le même fcepticisme que le Vicaire Savoyard? Jefus-Chrift a cependant.

(a) Emile, tome 3, p. 168.

condamné les Juifs incrédules; par conféquent, votre Vicaire & vous-même, êtes enveloppés dans leur condamnation,

Selon vous, on voit dans l'Evangile que les miracles de Jefus étoient tous utiles; mais ils étoient fans éclat, fans apprêt, fans pompe; ils étoient fimples comme fes difcours, comme sa vie, com» me toute fa conduite. Le plus apparent, » le plus palpable qu'il ait fait, eft fans > contredit celui de la multiplication des

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cinq pains & des deux poiffons qui nour» rirent cinq mille hommes: non-feulement » fes Difciples avoient vu le miracle, mais » il avoit, pour ainfi dire, passé par leurs mains; & cependant ils n'y penfoient pas, ils ne s'en doutoient prefque pas. » Concevez-vous qu'on puiffe donner pour fignes notoires au genre humain, dans tous les fiécles, des faits auxquels les témoins les plus immédiats font à peine > attention (a) «?

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Suppofons pour un moment, ce qui est faux, que le miracle de la multiplication des pains n'ait pas été fait expreffément pour confirmer la miffion de Jesus-Chrift, s'enfuit-il qu'il n'en ait point fait d'autres avec cette intention diftinctement mar

(a) Troifiéme Lette, p. 82,

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