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fueur de ton front, jufqu'à ce que tu retour→ nes dans la terre dont tu as été tiré. Pourquoi Dieu chaffe-t-il Adam du Paradis, & en rend-t-il l'entrée inacceffible, de peur qu'il ne porte la main fur l'arbre de vie, & que mangeant de fon fruit, il ne vive

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éternellement ? Verf. 22. N'auriez-vous pas eu plutôt fait de dire que toute cette hiftoire de la Genèse est une fable, puifqu'elle s'accorde fi peu avec les idées que vous vous formez de la bonté de Dieu ? Vous voyez qu'il parle ici pour moins auffi durement que S. Auguftin & les Théologiens. Dieu eft bon & infiniment bon, il eft jufte & infiniment jufte; mais nous n'avons de fa bonté & de fa justice, que des idées imparfaites, vous en convenez; devez-vous donc être furpris fi la conduite de Dieu ne paroît pas toujours conforme à ces idées ?

7°. A confidérer dans toutes fes circonftances le péché d'Adam, l'on n'y peut trouver qu'une faute des plus légeres; cependant, felon eux (les Docteurs) quelle effroyable punition!.... Etre condamné lui & toute fa race à la mort en ce monde, & à passer Péternité, dans l'autre, dévoré des feux de l'enfer (a).

(a) Lettre, page 23, en notę,

Vous êtes mal inftruit de notre croyance, Monfieur; je vous ai déja dit que les Docteurs, du moins les Docteurs Catholiques,) n'enseignent point qu'Adam ait été condamné avec toute fa race, pour le feul péché originel, à être dévoré des feux de l'enfer pendant toute l'éternité. S. Thomas & le torrent des Théologiens, après le très-grand nombre des Peres de l'Eglife, foutiennent formellement le contraire. Ils difent & ils le prouvent, que la feule peine réservée au péché originel pour l'autre vie, eft la privation de la béatitude furnaturelle, ou de la vifion intuitive de Dieu. Si quelques-uns ont jugé à propos d'embraffer le fentiment contraire, ce n'eft pas une régle à fuivre, l'Eglife ne l'a point adopté.

Nous convenons qu'Adam & toute fa race ont été condamnés à la mort temporelle; mais cette mort eft la destinée naturelle de l'humanité; elle n'eft une peine dans l'hypothèse préfente, que parce qu'Adam en avoit été affranchi par un privilége purement gratuit.

Nous avouerons encore que cette peine, ajoutée à une vie malheureuse, eft effroyable; mais nous ne vous accorderons pas ce que vous affurez avec tant de confiance, que l'on ne peut trouver

dans toutes les circonftances du péché d'Adam, qu'une faute des plus légeres. Pour en juger fûrement, il faudroit des connoiffances que vous ne pouvez pas avoir; il faudroit eftimer l'importance & le motif de la Loi, la puiffance des fecours accordés pour l'accomplir, le dégré de force de la tentation; & quel autre que Dieu peut en juger? Il y a donc beaucoup de témérité à prononcer fur ce qui paffe vos lumieres; mais vous vous êtes fait un plan de cenfurer la conduite de Dieu, avec autant de liberté que vous blâmez celle des hommes.

Vous dites le péché d'Adam ne paroît qu'une faute légere; donc Dieu n'a pas pu le punir févérement. Un Chrétien dit au contraire: Dieu a puni trèsfévérement le péché d'Adam, la révélation me l'enseigne ; donc ce péché est une faute très-griéve. Quel eft le raisonnement le plus folide? Vous vous appuyez fur l'idée que vous vous formez de la chûte d'Adam, dont vous ne pouvez connoître ni la nature, ni les circonftances; le Chrétien fe fonde fur la déclaration précise de la révélation. Vous attaquez donc une chose claire par une chofe obfcure, au lieu de vous fervir de ce qui eft clair pour juger de ce qui eft obscur.

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Remarquez, Monfieur, le peu de folidité de vos objections. Elles confiftent à prouver que la doctrine du péché originel ne s'accorde pas avec la bonté & la jufrice de Dieu, telles que vous les concevez. Pour fentir la force de votre raisonne ment, il faut le former de cette maniere: j'ai de la juftice & de la bonté de Dieu des idées claires, juftes, certaines or le dogme du péché originel ne s'accorde point avec ces idées; donc il eft faux. Votre majeure, qui fait toute la force de l'argument, eft justement la propofition contradictoire au principe que vous avez pofé ailleurs (a), & qui fert de fondement à mes réponfes. Ce que vous ajoutez de plus, n'eft qu'une fauffe imputation d'une doctrine que nous ne foutenons pas.

Voilà donc à quoi fe réduifent ces difficultés terribles que vous vouliez oppofer à la croyance catholique. L'effort n'a pas dû être douloureux : les Théologiens ne les ont pas ignorées, & n'ont jamais été embarraffés d'y répondre. Nous avançons, Monfieur vers une matiere qui doit vous intéreffer davantage, c'eft votre plan d'éducation

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(a) Voyez la premiere Lettre.

nous y donnerons une attention parti culiere.

Je fuis, &c.

LETTRE VIII.

Sur la maniere d'enfeigner la Religion ou fur le nouveau plan d'éducation propofé dans Emile.

Vous ne pouviez, Monfieur, exer

cer vos talens fur un fujet plus effentiet au bonheur de la fociété, que l'éducation de la jeuneffe; mais il feroit à fouhaiter, que moins jaloux de donner un fyftême nouveau, vous vous fuffiez attaché à réformer ce qu'il y a de défectueux dans l'ufage reçu. Si votre travail avoit eu moins d'éclat, il auroit eu peut-être plus d'utilité; rien n'eût mieux prouvé votre zéle pour le bien de l'humanité, que de facrifier la gloire de nous étonner, à la fatisfaction de nous inftruire. Les hommes ne paffent point dans un moment d'une extrémité à l'autre : à fuppofer que l'éducation parmi nous foit auffi effentiellement défectueufe que vous le prétendez, c'eft une vaine en

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