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fur le bifmuth par les couleurs irifées qu'elle produit à fa furface; & bientôt fuccèdent à ces couleurs de petites efflorefcences qui annoncent la décompofition de fa fubflance; ces elllorefcences font une forte de rouille ou de cérufe affez femblable à celle du plomb; cette cérufe eft feulement moins blanche & prefque toujours jaunâtre; c'eft par ces efflorefcences en rouille ou cérufe que s'annoncent les minières de bismuth; l'air a produit cette décompofition à la fuperficie du terrein qui les recèle, mais dans l'intérieur le bisinuth n'a communément fubi que peu ou point d'altération; on le trouve pur ou feulement recouvert de cette céruse, & ce n'eft que dans cet état de rouille qu'il est minéralifé, & néanmoins dans fa mine, comme dans fa rouille, il n'eft presque jamais altéré en entier (d), car on y voit toujours des points & des parties très-fenfibles de bismuth pur & tel que la Nature le produit.

Or cette fubftance, la plus fufible de toutes les matières métalliques & en même temps fi volatile, & qui fe trouve dans fon état de nature en fubftance pure, n'a pu être produite comme le mercure que très-long-temps après les métaux & autres minéraux plus fixes & bien plus difficiles à fondre; la formation du bifmuth est donc

(4) Quoiqu'on n'ait pas trouvé en Allemagne de ifimuth uni au foufre, il eft cependant certain, dit M. Bergman, qu'il y en a dans quelques montagnes de Suède & particulièrement à Riddarhywari en Werftmanie.

à peu-près

à-peu près contemporaine à celle du zinc, de l'antimoine & du mercure; les matières métalliques plus ou moins volatiles les unes que les autres, & toutes reléguées dans l'atmosphère par la violence de la chaleur, n'ont pu tomber que fucceffivement & peu de temps avant la chute des eaux. Le bismuth en particulier n'eft tombé que long-temps après les autres & peu de temps avant le mercure, auffi tous deux ne fe trouvent pas dans les montagnes vitreuses ni dans les matières produites par le feu primitif, mais feulement dans les couches de la terre formées par le dépôt des eaux.

Si l'on tient le bifmuth en fufion à l'air libre & qu'on le laiffe refroidir très-lentement, il offre à sa furface de beaux cristaux cubiques & qui pénètrent à l'intérieur; fi, au lieu de le laiffer refroidir en repos, on le remue en foutenant le feu, il fe convertit bientôt en une chaux grife qui devient enfuite jaune & même un peu rouge par la continuité d'un feu modéré, & en augmentant le feu au point de faire fondre cette chaux, elle fe convertit en un vert jaune - rougeatre qui devient brun lorsqu'on le fond avec du verre blanc, & ce verre de bismuth, fans être auffi actif, lorsqu'il eft fondu, que le verre de plomb, ne laiffe pas d'attaquer les creufets.

Ce demi-métal s'allie avec tous les métaux; mais il ne s'unit que très-difficilement par la fusion avec les autres demi-métaux & terres métalliques; l'antimoine Minéraux, Tome III.

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& le zinc, le cobalt & l'arfenic fe refusent tous à cette union il a en particulier fi peu d'affinité avec le zinc que quand on les fond enfemble ils ne peuvent fe mêler; le bifmuth, comme plus pefant, defcend au fond du creufet, & le zinc refte au-deffus & le recouvre. Si on mêle le bifmuth en égale quantité avec l'or fondu, il le rend très-aigre & lui donne fa couleur blanche. Il ne rend pas l'argent fi caffant que l'or, quoiqu'il lui donne auffi de l'aigreur fans changer fa couleur ; il diminue le rouge du cuivre; il perd lui-même sa couleur blanche avec le plomb, & ils forment ensemble un alliage qui eft d'un gris-fombre; le bifmuth mêlé en pétite quantité avec l'étain lui donne plus de brillant & de dureté; enfin il peut s'unir au fer par un feu violent.

Le foufre s'unit auffi avec le bifmuth par la fufion, & leur compofé fe préfente comme le cinabre & l'antimoine crud en aiguilles cristallisées.

L'acide vitriolique ne diffout le bifmuth qu'à l'aide d'une forte chaleur, & c'est par cette résistance à l'action des acides qu'il fe conserve dans le fein de la terre fans altération, car l'acide marin ne l'attaque pas plus que le vitriolique; il faut qu'il foit fumant, & encore il ne l'entame que foiblement & lentement; l'acide nitreux feul peut le diffoudre à froid, cette diffolution qui fe fait avec chaleur & effervefcence est transparente & blanche quand le bismuth est pur; mais

elle fe colore de vert s'il eft mêlé de nickel, & elle devient rouge de rofe & cramoifie s'il eft mélangé de cobalt; toutes ces diffolutions donnent un fel en petits cristaux au moment qu'on les laisse refroidir.

C'eft en précipitant le bifmuth de fes diffolutions, qu'on l'obtient en poudre blanche, douce & luifante, & c'eft avec cette poudre qu'on fait le fard qui s'applique fur la peau. Il faut laver plufieurs fois cette poudre pour qu'il n'y refte point d'acide, & la mettre enfuite dans un flacon bien bouché; car l'air la noircit en affez peu de temps, & les vapeurs du charbon ou les mauvaises odeurs des égouts, des latrines, &c. changent prefque fubitement ce beau blanc de perle en gris-obfcur, en forte qu'il eft fouvent arrivé aux femmes qui fe fervent de ce fard de devenir tout-à-coup auffi noires qu'elles vouloient paroître blanches.

Les acides végétaux du vinaigre ou du tartre, non plus que les acerbes, tels que la noix de galle, ne diffolvent pas le bifmuth, même avec le fecours de la chaleur, à moins qu'elle ne foit pouffée jufqu'à produire l'ébullition; les alkalis ne l'attaquent auffi que quand on les fait bouillir, en forte que dans le fein de la terre ce demi-métal paroit être à l'abri de toute injure & par conféquent de toute minéralisation, à moins qu'il ne rencontre de l'acide nitreux qui feul a la puiffance de l'entamer; & comme les fels nitreux ne fe trouvent que très-rarement dans les mines, il n'eft pas étonnant

que le bismuth qui ne peut être attaqué que par cet acide du nitre ou par l'action de l'air ne fe trouve rarement minéralifé dans le fein de la terre.

que

Je ne fuis point informé des lieux où ce demi-métal peut se trouver en France; tous les morceaux que j'ai eu occafion de voir venoient de Saxe, de Bohème & de Suède; il s'en trouve aussi à Saint-Domingue (e), & vraisemblablement dans plufieurs autres parties du monde: mais peu de Voyageurs ont fait mention de ce demi-métal, parce qu'il n'eft pas d'un usage néceffaire & commun; cependant nous l'employons non-feulement pour faire du blanc de fard, mais auffi pour rendre l'étain plus dur & plus brillant; on s'en fert encore pour polir le verre (f) & même pour l'étamer (g), & c'est

(e) Hiftoire générale des voyages, tome XII, page 218. (f) Tranfactions philofophiques, N. 396, Novembre 1726. (g) Je me fuis affuré, m'écrit M. de Morveau, que le bisinuth fert encore à l'étamage des petits verres non polis qui viennent d'Allemagne, en forme de petits miroirs de poche, ou du moins qu'il entre pour beaucoup dans la compofition de cet étamage dont on fait un secret, car l'ayant recueilli fur plufieurs de ces miroirs, & pouffé à la fufion, j'ai obtenu un grain métallique qui a donné la chaux jaune du bifmuth; ce procédé feroit fort utile pour étamer les verres courbes, peut-être même pour réparer les taches des glaces que l'on nomme rouillées. A la feule inspection des miroirs d'Allemagne, on juge aifément que cette compofition s'applique d'une manière bien différente de l'étainage ordinaire, car il est bien plus épais & d'une épaiffeur très-inégale; on y remarque de's gouttes, comme fi on eût paffé un fer à fouder pour étendre &

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